Communiqué de presse
Mauvaise intégration sociale = mauvaise santé
Montréal, le 20 janvier 2015 – Certes, le fait de disposer d’un bon réseau social comporte de nombreux avantages. Mais est-on en meilleure santé quand on a un plus grand cercle d’amis? C’est ce qu’avance une nouvelle recherche de l’Université Concordia. Celle-ci prouve que les relations sociales ont bel et bien un effet positif sur le bien‑être physique.
Dans le cadre d’une récente étude publiée dans The Annals of Behavioral Medicine, Jean‑Philippe Gouin, professeur de psychologie à Concordia, a suivi un groupe d’étudiants étrangers ayant vécu des changements marqués sur le plan de l’intégration sociale à la suite d’un déménagement à Montréal. Les résultats de ses travaux montrent que ceux et celles qui arrivent à se bâtir un réseau de soutien solide présentent un meilleur état de santé général. Pour s’en convaincre, il suffit de mesurer leur fréquence cardiaque.
Au cours d’une période de cinq mois, les participants ont répondu à des questionnaires visant à évaluer en détail leur capacité à s’intégrer socialement et le degré de solitude qu’ils éprouvaient. Le Pr Gouin et ses cochercheuses, Stephanie Fitzpatrick et Biru Zhou, également de Concordia, ont aussi mesuré le pouls des participants afin de déceler des changements dans ce qu’on appelle la variabilité cardiaque de haute fréquence (ou HF‑HRV pour high-frequency heart rate variability).
Pourquoi s’intéresse-t-on aux fluctuations du rythme cardiaque? Parce qu’il s’agit d’un bon indicateur du fonctionnement du système nerveux parasympathique. « D’autres recherches ont montré que les personnes accusant une plus faible variabilité de la fréquence cardiaque présentent un risque accru de détérioration de leur état de santé, notamment un plus grand danger de maladies du cœur, précise le chercheur. En d’autres mots, une diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque est de mauvais augure », résume-t-il.
L’étude a révélé que les immigrants qui réussissaient à se faire des amis et à se tailler une place au sein de nouveaux réseaux sociaux durant leurs cinq premiers mois au Canada présentaient une variabilité de la fréquence cardiaque plus élevée, tandis que ceux et celles qui demeuraient isolés socialement montraient avec le temps une régression sur ce plan.
« Dans les semaines et les mois qui suivent un déménagement dans un lieu nouveau, les gens ont souvent de la difficulté à se faire de nouveaux amis et à tisser un réseau social stable, explique le Pr Gouin, qui est titulaire d’une chaire de recherche du Canada sur le stress chronique et la santé. Cette étude prouve qu’un isolement social prolongé peut avoir un effet néfaste sur la santé physique en entravant le fonctionnement du système nerveux parasympathique. Cela ne vaut pas seulement pour les étudiants étrangers, mais aussi pour quiconque s’expatrie pour aller s’établir dans un nouveau pays ou une nouvelle ville », ajoute-t-il.
Que peuvent faire les nouveaux arrivants pour maintenir une plus grande variabilité de leur fréquence cardiaque et assurer le bon fonctionnement de leur système nerveux parasympathique? « Le message est clair : il faut se tourner vers les autres. Plus vite on s’intègre socialement dans sa nouvelle patrie, mieux on se porte. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais cela en vaut la peine », conclut le Pr Gouin.
Partenaires de recherche : Cette étude a été subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Programme des chaires de recherche du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Source
© Université Concordia