Une chercheuse engagée de Concordia explore le potentiel thérapeutique des bandes dessinées en santé mentale
Pour diverses raisons, obtenir des soins en santé mentale peut s’avérer difficile. Outre les ressources médicales limitées, les préjugés associés à la maladie mentale empêchent les gens de parler ouvertement de leur santé mentale.
C’est pourquoi Amy Mazowita, chercheuse engagée de Concordia, s’intéresse à la façon dont les bandes dessinées sur Instagram peuvent constituer de nouvelles formes plus accessibles de soins en santé mentale.
Les bandes dessinées les plus vendues mettent souvent en scène des superhéros, mais de nombreuses personnes recourent à ce moyen d’expression pour aborder des sujets sérieux. Prenant la forme de récits autobiographiques racontant des difficultés personnelles, ces bandes dessinées traitent de santé mentale d’une manière accessible et réaliste.
Amy Mazowita est doctorante au Département de communication. Elle étudie la façon dont les personnes utilisent les bandes dessinées sur la santé mentale et y réagissent, ainsi que la manière dont se construisent des communautés en ligne autour de ces bandes dessinées.
Dans le cadre de ses recherches, elle analyse des publications et s’entretient avec des créateurs de contenus et leurs abonnés. Mme Mazowita espère montrer comment ces bandes dessinées aident les gens à surmonter leur maladie mentale autrement que dans le cadre d’une thérapie clinique classique.
Ses travaux de recherche sont financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).
« Les approches thérapeutiques alternatives comme la bande dessinée peuvent fonctionner. »
Qu’est-ce qui vous a donné envie de mener des recherches sur les bandes dessinées traitant de santé mentale ?
Amy Mazowita : Je lis des bandes dessinées depuis l’enfance et je les ai toujours beaucoup aimées. Durant mes études de premier cycle, j’ai suivi un cours sur les bandes dessinées que j’ai trouvé génial. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à m’intéresser de près à l’étude des bandes dessinées.
Plusieurs membres de ma famille ont vécu des problèmes de santé mentale. Le fait de découvrir sur les médias sociaux des bandes dessinées sur la santé mentale qui m’interpellent et qui dépeignent des expériences semblables à la mienne m’a été salutaire. J’ai décidé d’entreprendre des recherches sur les bandes dessinées consacrées à la santé mentale afin de comprendre les différentes façons dont elles peuvent aider les gens.
Que comptez-vous accomplir grâce à vos travaux de recherche?
A. M : J’espère découvrir pourquoi les gens sont attirés par les bandes dessinées sur la santé mentale et en quoi ce type de publication leur est utile. Pour bon nombre de personnes, il est très difficile d’accéder à des soins en santé mentale. Je cherche donc à déterminer comment les bandes dessinées sur la santé mentale peuvent représenter une nouvelle ressource en matière de santé mentale.
Au Canada, les ressources en matière de santé mentale sont très limitées. L’admission aux programmes est très difficile, et l’attente est souvent très longue. Le statut socio-économique, la race et la culture entrent également en ligne de compte. Dans certaines cultures, la santé mentale est très stigmatisée. C’est un sujet qui est souvent passé sous silence.
Ce type de soins parallèle – que les gens peuvent explorer librement – devrait être non seulement reconnu, mais aussi légitimé dans les milieux professionnels et médicaux.
« Les problèmes de santé mentale touchent tout le monde, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre »
Il existe d’autres moyens de composer avec ces situations, et ceux-ci peuvent différer des approches socialement admises. Les thérapies parallèles comme celles fondées sur les bandes dessinées peuvent s’avérer efficaces.
Quelles sont les limites des bandes dessinées sur la santé mentale et quel type de soutien peuvent-elles offrir?
A. M. : Je ne veux pas suggérer que ces bandes dessinées peuvent remplacer une prise en charge médicale. Cela dit, elles offrent une forme de thérapie différente de celles proposées en milieu médical.
Le potentiel thérapeutique des bandes dessinées comporte certainement des limites, mais ces œuvres compensent actuellement le manque de ressources en santé mentale. En effet, un diagnostic professionnel ou une thérapie classique ne sont pas accessibles ni utiles à tout le monde. Pour moi, il est surtout intéressant de voir comment ces bandes dessinées aident à pallier les lacunes dans les ressources de soutien existantes.
Apprenez-en davantage sur le Programme des chercheuses et chercheurs engagés de l’Université Concordia.