Montréal, le 15 mars 2016 – La quête de l’immortalité ne date pas d’hier… En effet, les Grecs de l’Antiquité s’intéressaient déjà à la fontaine de Jouvence. Et ce désir d’éternelle jeunesse est toujours bien vivant aujourd’hui. De fait, on estime que la capacité de ralentir le processus de vieillissement constituerait la plus importante percée médicale de l’ère moderne.
Or, une équipe formée de chercheurs de Concordia et de l’entreprise québécoise de biotechnologie Idunn Technologies pourraient avoir découvert une piste importante : les six meilleurs groupes de molécules antivieillissement jamais vus. Le compte rendu de leurs travaux vient tout juste d’être publié dans la revue Oncotarget.
Aux fins de l’étude, les cochercheurs ont passé au peigne fin la vaste collection de composés biologiques d’Idunn Technologies, effectuant plus de 10 000 essais afin de repérer des extraits de plantes qui pourraient avoir la capacité de prolonger la durée de vie de levures.
Mais pourquoi donc s’intéresser aux levures? Parce que les cellules humaines et celles des levures vieillissent de façon similaire. C’est le modèle cellulaire idéal pour comprendre les mécanismes derrière le processus antivieillissement.
« Au total, nous avons trouvé six nouveaux groupes de molécules qui ralentissent le vieillissement chronologique des levures, affirme Vladimir Titorenko, auteur principal de l’étude et professeur au Département de Biologie de Concordia. » Le Pr Titorenko a mené ses travaux en collaboration avec un groupe d’étudiants de l’Université et Éric Simard, président fondateur de l’entreprise Idunn Technologies – ainsi nommée d’après la déesse Asyne de l’éternelle jeunesse dans la mythologie nordique.
Cette découverte a d’importantes retombées non seulement en ce qui concerne le ralentissement du processus de sénescence, mais aussi sur la prévention du cancer et des maladies associées au vieillissement.
« Plutôt que de porter sur le traitement d’une maladie distincte, les interventions sur les processus du vieillissement à l’échelle moléculaire peuvent simultanément retarder l’apparition et l’évolution de la plupart des maladies liées à l’âge, explique Éric Simard. On estime que ce type d’intervention pourrait avoir un effet beaucoup plus vaste sur le vieillissement en santé et l’espérance de vie que celui qu’on exerce en ciblant spécifiquement chaque maladie ». Le chercheur fait par ailleurs remarquer que ces nouvelles molécules seront bientôt intégrées dans des produits commerciaux.
« Notre étude fournit également de nouvelles données sur les mécanismes par lesquels les composés chimiques extraits de certaines plantes peuvent ralentir le vieillissement biologique », ajoute le Pr Titorenko.
Un des groupes de molécules isolés est à la source de ce qu’on peut considérer comme l’intervention pharmacologique la plus puissante en matière de prolongation de la durée de vie décrite à ce jour dans la littérature scientifique : un extrait spécifique d’écorce de saule.
L’écorce de saule était couramment utilisée à l’époque d’Hippocrate, où l’on en recommandait la mastication pour soulager la douleur et la fièvre. La recherche a révélé que l’extrait d’écorce de saule permet d’augmenter les durées de vie moyenne et maximale des levures dans une proportion de 475 pour cent et de 369 pour cent, respectivement. Cela représente un effet beaucoup plus important que la rapamycine et la métformine, les deux meilleurs médicaments connus pour leur action anti-âge.
« Ces six extraits ont été classés non toxiques par Santé Canada, et sont déjà reconnus pour leurs bienfaits sur la santé chez l’humain », souligne M. Simard.
« Mais tout d’abord, des recherches supplémentaires doivent être réalisées. C’est pourquoi Idunn Technologies travaille en collaboration avec quatre autres universités dans le cadre de six programmes de recherche, pour faire porter les études au-delà des levures – sur un modèle de vieillissement chez l’animal ainsi que deux modèles expérimentaux de cancer. »
Partenaires de recherche : Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont bénéficié en partie de subventions du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada et du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, d’une bourse d’études supérieures de l’Université Concordia, d’une bourse de recherche pour les étudiants de 1er cycle de Concordia, ainsi que de l’appui du Fonds des chaires de recherche de l’Université.
Ses coauteurs sont : Vicky Lutchman, Younes Medkour, Eugenie Samson, Anthony Arlia-Ciommo, Pamela Dakik, Berly Cortes, Rachel Feldman, Sadaf Mohtashami, Mélissa McAuley, Marisa Chancharoen, Belise Rukundo et Vladimir I. Titorenko de l’Université Concordia; ainsi qu’Éric Simard d’Idunn Technologies.
Consultez le compte rendu de l’étude citée, dirigée par Vladimir Titorenko, professeur au Département de biologie de l’Université Concordia.