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Communiqué de presse

D’une pierre, deux coups : un médicament antitabac pour combattre l’alcoolisme

Une recherche menée à Concordia montre que Champix pourrait aider les alcooliques à ne pas rechuter

Montréal, le 15 février 2017 – L’arôme suave du café d’un collègue vous a-t-il déjà donné envie d’en boire un vous aussi, ou même d’entrer au Second Cup vous prendre un latte?

Imaginez donc combien il doit être difficile pour une personne dépendante devenue abstinente de résister à son ancienne drogue, en particulier dans les endroits où elle avait l’habitude de la consommer.

Nadia Chaudhri, professeure agrégée de psychologie à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia, étudie la varénicline, un composé commercialisé au Canada sous le nom de Champix. Son but : vérifier si ce produit fréquemment utilisé pour aider les fumeurs à abandonner le tabac peut aussi être bénéfique aux anciens buveurs.

« On sait déjà que la varénicline agit également sur la dépendance à l’alcool, car les gros fumeurs qui sont aussi de gros buveurs réduisent souvent leur consommation des deux substances », affirme la chercheuse.

Nadia Chaudhri et son équipe poussent l’analyse plus loin pour voir si le médicament pourrait aider les anciens alcooliques à résister à la tentation de rechuter quand ils se retrouvent dans le cadre où ils avaient l’habitude de boire. Les chercheurs ont récemment publié les conclusions de leurs travaux dans la revue Neuropsychopharmacology.

Pour les besoins de leurs expériences, la Pre Chaudhri et ses collègues ont d’abord fait boire beaucoup d’alcool à des rats de laboratoire. Ils les ont ensuite soumis à un processus de désintoxication, puis ont donné envie aux rats abstinents de rechercher l’alcool à nouveau.

Afin d’introduire des déclencheurs environnementaux de la rechute, ils ont conçu un système où les rats découvraient l’alcool dans un contexte particulier, puis subissaient une désintoxication dans un contexte différent.

 

Rats en désintox

Les rats ont d’abord été mis en présence d’une solution d’éthanol à 15 %. Ils ont commencé par y goûter par curiosité, puis ont fini par en boire régulièrement. Les rongeurs ont ensuite été conditionnés à associer un signal sonore à l’alcool dans une cage assortie de stimuli contextuels particuliers, par exemple un plancher texturé et une odeur de citron. Après l’émission d’un signal sonore, des gouttes d’alcool leur étaient données. Ainsi, ils ont appris que le signal sonore prédisait la distribution d’alcool, et se sont mis à rechercher cette boisson chaque fois que le signal sonnait.

On a ensuite entrepris la phase de désintoxication. On a placé les rats dans un autre environnement aux odeurs et aux textures différentes, et on les y a exposés au signal sonore sans leur donner d’alcool. Cette démarche a permis de reproduire chez les rongeurs le processus de sevrage et de réadaptation par lequel passent de nombreux êtres humains aux prises avec une dépendance.

Le défi pour les rats est venu lorsqu’on les a remis dans le contexte où ils avaient appris à associer le signal sonore à l’alcool. Comment résisteraient-ils à la tentation de rechercher de l’alcool quand ils se retrouveraient dans le lieu de leurs anciens plaisirs?

« Il s’avère que les rats résistent mieux à la tentation avec l’aide de la varénicline », indique Nadia Chaudhri, qui a administré le médicament à différentes doses afin d’établir la quantité minimale nécessaire pour limiter l’effet de rechute.

Dans une autre expérience réalisée selon la même méthode, l’équipe de recherche a conditionné les rats à associer la distribution de sucrose à un signal sonore. Le sucrose est un exemple de récompense « naturelle » qui n’est pas une drogue. Ici encore, la varénicline a aidé les rats à ne pas rechuter, mais la dose efficace était plus élevée que pour l’alcool.

Enfin, les chercheurs ont voulu savoir à quel endroit dans le cerveau s’exerce l’effet anti-rechute de la varénicline. Ils ont donc injecté le médicament directement dans diverses zones du cerveau avant de procéder au test de rechute. Ils ont ainsi découvert qu’une zone du cerveau moyen qui est riche en neurones dopaminergiques et que l’on croyait importante ne jouait en fait aucun rôle. En revanche, l’injection de varénicline dans une région du cerveau antérieur exerçant un rôle central dans la dépendance empêchait la rechute.

Nadia Chaudhri espère poursuivre ses expériences sur la varénicline pour étudier les effets du médicament sur les rechutes induites par d’autres types de déclencheurs, comme le stress.

Lisez l’étude citée et apprenez-en davantage sur la méthode expérimentale employée par Nadia Chaudhri.


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