Clara-Jane Rioux Fiset
vestiges de nos déshabillements
2022
Démarche artistique
Pendant des mois, Clara-Jane a documenté les carreaux des salles de bains qui ont croisé son chemin, dans des lieux publics et privés. Les photos sont similaires dans leur forme, mais diffèrent dans leur contenu par les histoires que ces carreaux contiennent et les espaces qu'ils délimitent. Elle a également recueilli des échantillons de papier hygiénique dans chaque salle de bains, car ils ressemblent également à de petits carreaux aux motifs gaufrés distinctifs. Les échantillons ont été identifiés et classés par ordre alphabétique dans une petite boîte de cartes de visite, que le public est invité à manipuler. Le papier hygiénique restant a été transformé en feuilles de papier et utilisé pour imprimer toutes les images de carreaux rassemblées. Ces images ont ensuite été photocopiées à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elles se dégradent et découpées en carreaux de papier pour créer cette toute nouvelle disposition.
Grâce à la combinaison de textiles, de céramiques et d'archives, ce travail tente de remettre en question notre relation aux objets utilitaires et décoratifs. Leur présence crée des espaces d'intimité et de sécurité dans nos vies quotidiennes.
La salle de bain,
comme omniprésence,
comme contenant des habitudes quotidiennes répétitives,
comme portail de proximité avec le corps,
comme moyen d'explorer la vulnérabilité.
Biographie de l'artiste
Étudiante en fibres et pratiques matérielles à l'Université Concordia, Clara-Jane Rioux Fiset vit et travaille à Tio'tia:ke (Montréal). Intéressée par les pratiques éco-responsables dans son art, elle a mené en 2022 une recherche sur les teintures naturelles locales financée par le programme CUSRA (Concordia Undergraduate Student Research Award) de Concordia, qui a donné lieu à un zine publié au Concordia Fine Arts Reading Room en 2023. Plusieurs de ses œuvres ont fait l'objet d'expositions collectives, notamment à la Galerie Erga, à Art Mûr, à l'Atelier Galerie 2112 et à la Galerie VAV.
Clara-Jane se plonge dans une fabrication à la fois délicate et organique pour créer des espaces de l’intime où les gens pourront se reconnaître. Par une exploration des actions répétitives du quotidien, elle extrait des moments doux et anodins de la poésie pour amener ces derniers à l'échelle du spectaculaire. Ses installations mélangent le travail des fibres, du métal, de la photographie et de la céramique. La qualité haptique de son travail, d’où émane conjointement un sens de l’inusité et du familier, pousse le spectateur à interagir avec l’ambiguïté des espaces créés. L'image du corps s'inscrit dans cette quête, cette enveloppe humaine comme sujet principal de ces déambulations journalières. Clara-Jane s’intéresse aux matériaux naturels, qu’elle agence avec des objets synthétiques récupérés : une tentative de capturer la matérialité du quotidien dans son caractère éphémère, mais également dans les traces permanentes qu’elle laisse sur nos corps.