Skip to main content

DANA RYASHY

HERE

2020

 

Installation in-situ multimédia. La plateforme web a été créée avec Javascript,

Three js (JavaScript 3D Library) Node js (JavaScript runtime environment).

Les dimensions de l’écran, le bureau et la chaise peuvent varier.

Démarche artistique

HERE (ICI) explore la perception d’une présence dans un environnement en réseau, indépendamment de la notion d’identité et du corps matériel. Le.la joueur.se personnalise un avatar généré au hasard qui se présente sous forme de pierre précieuse, puis déambule dans un espace tridimensionnel évoquant un ciel nuageux en quête d’autres présences. Quand deux personnes se touchent, leur rencontre fait naître une étoile. Au fil du temps, le ciel se remplit des traces de ces interactions.

Photo par Guy L’Heureux

Biographie de l’artiste

Les œuvres de Dana Ryashy présentent des expériences visuelles interactives, produites de manière procédurale. Basée à Montréal, la conceptrice numérique intégre ses acquis universitaires en biologie, en informatique et en design à des installations aussi bien physiques que virtuelles. D’abord chercheuse en clinique et en laboratoire, puis graphiste autonome, elle préfère maintenant travailler avec les gens, les outils informatiques et les environnements réseautés. Dans son art, elle explore le flux et la métamorphose de l’information lors de son passage des médias technologiques aux sens humains. Après avoir participé à l’initiative Convergence et avoir présenté au sommet sur les technologies de réalité virtuelle du Festival international du film Canada-Chine, Ryashy collabore aujourd’hui avec le Centre d’innovation et d’entrepreneuriat District 3, où elle s’emploie à aider de jeunes entreprises à innover grâce aux technologies réflexives.

Photo par Guy L’Heureux

Essai

A Space Just to Be

Auteur.trice Zoe Johnston

Artiste Dana Ryashy

Œuvre HERE, 2020

HERE (ICI), l’expérience web céleste de Dana Ryashy, est un espace numérique tridimensionnel en constante évolution, dans lequel les utilisateur.trice.s laissent des traces tangibles de leurs interactions avec d’autres présences en ligne. L’œuvre propose une expérience remédiée des plateformes sociales en ligne et même des interactions en personne. Les vestiges de nos relations, imaginées comme des masses de pierre numériques, rappellent au public les impacts réels que le paysage social virtuel peut avoir sur nos vies. Dans HERE, les utilisateur.trice.s produisent une agglomération unique de pierres précieuses, de métal ou de roc, créée sur une interface de programmation JavaScript. Ces objets générés de façon aléatoire signalent une présence humaine dans l’univers numérique abstrait de Ryashy, lequel semble situé dans la zone liminale qui sépare l’atmosphère nuageuse de la terre et l’espace. Les gemmes sont libérées dans l’espace numérique, où les utilisateur.trice.s circulent librement et rencontrent d’autres visiteur.se.s, représenté.e.s, eux.elles aussi, par une gemme abstraite. La collision de deux joueur.se.s créer une étoile, qui atteste de l’interaction des joueur.se.s dans l’espace numérique. Dès lors, le paysage rempli d’étoiles n’est plus un simple lieu d’interaction virtuelle, mais également un document d’archives des lieux de rencontres passées. Lorsqu’un.e visiteur.se quitte l’espace, leur gemme disparaît avec lui.elle ; seules les étoiles qu’ils.elles ont créées témoignent de leur passage. Pour réintégrer le réseau, les visiteur.se.s doivent générer une nouvelle pierre précieuse : ce n’est pas la permanence de leur identité qui caractérise leur présence, mais bien leur existence au sein d’un espace à un moment donné.

Photo par Guy L’Heureux



[…] Pourquoi est-ce que je perçois cette gemme devant moi comme une entité différente, comme quelqu’un de vivant?

L’univers numérique de HERE et l’univers physique sont similaires ; tous deux sont marqués par notre désir impérieux d’y laisser notre marque. Et les marques les plus importantes que nous laissons derrière sont souvent celles de nos relations. Ryashy explique : « La richesse et l’apparence de cet environnement de liens sont déterminées par les présences passées et actuelles qui s’y trouvent. »1 L’espace créé par Ryashy devient un terrain commun, où les visiteur.se.s peuvent contribuer à quelque chose de plus grand que l’individu, tout en capturant la coexistence de diverses temporalités et en habitant à la fois le passé et le présent à travers les vestiges des interactions numériques.

Si l’œuvre permet l’interaction entre les visiteur.se.s, l’anonymat que procurent les gemmes personnifiées se prête davantage à une présence qu’à une identité réelle, liée à un visage ou à un nom, comme on l’observe continuellement dans les médias sociaux. Dans HERE, la présence va au-delà de l’identité ; elle imite le phénomène d’une présence ressentie, sans corps, à la manière d’un esprit ou d’un être divin. L’artiste commente : « J’aime jouer avec les sens et la perception de ces sens… Pourquoi est-ce que je perçois cette gemme devant moi comme une entité différente, comme quelqu’un de vivant? »2 L’enquête de Ryashy sur la relation entre les machines computationnelles et les humains nous informe sur notre capacité à ressentir une présence incarnée dans un espace virtuel. La gemme reflète l’unicité et la nature organique du visiteur.se qui la crée, tout en niant son individualité par son caractère anonyme. Les visiteur.se.s peuvent simplement exister dans l’espace liminal entre le numérique et le tangible, un espace de liens pour être.

  1. Dana Ryashy, démarche artistique, 2020.
  2. Dana Ryashy en conversation avec l'autrice, 16/06/2021.

Biographie de l’auteur.trice

Zoe Johnston a entammé sa quatrième année de baccalauréat dans le département d'histoire de l'art de l'Université Concordia. Elle a collaboré à la publication de la revue CUJAH (Concordia Undergraduate Journal of Art History) et a effectué un stage avec Serai, un organisme de publication local à but non lucratif. Ses champs d’intérêt comprennent l’expression de l’engagement social et critique par l’utilisation du corps dans l’art contemporain, les nouveaux médias, l’interactivité et la communauté.

Retour en haut de page

© Université Concordia