Kinga Michalska
Diary
24 avril- 2 juin 2023
Vernissage : 27 avril 2023, 17 h à 19 h
Description de l’exposition
Diary est une méditation photographique sur l'amour, la parenté et l'appartenance queer. Cette série de portraits a été inspirée par l'expérience d'immigration de l'artiste, qui a quitté son pays, la Pologne, pour s'installer à Montréal à la recherche d'une communauté queer en 2011. Ce travail a été exposé à Montréal, Londres (Royaume-Uni), Varsovie, Cracovie et Poznań. En 2021, la série a reçu une mention honorable au concours TIFF Open de la Biennale de photographie de Wrocław.
Texte d'exposition
Extrait de Hide & Go Seek
poem de Jordan Brown
Traduit de l’anglais par Geneviève Wallen et Pierina Corzo-Valero
Lundi. il ne se considérait pas comme étant une personne émotive, mais
il m’a laissé glisser un crochet dans sa joue
Ses belles fesses aquatiques. Mon sexy roi Poisson &
il ne pleure pas vraiment.
Mais la nuit dernière, il a pleuré à chaudes larmes
caché sous l’évier.
Nous avons joué à cache-cache
avec une lampe de poche et un tuba
tout en feigant d’êtres timides &
dans le noir, nous nous sommes engloutis
dans des coins tous les deux épris.
Quand la pluie a commencé nous chuchotions:
Prêt pas prêt, j’y vais, tu ne peux pas te cacher
Bioluminescents, nous avons nagé
un habitat d'un noir profond.
Je l’ai perçu avec mes tentacules
à travers un ocean d’amateurs.trices de poissons morts,
plongeurs.euses en mer profonde, & les yeux
clignant devant cette vision
Je ne sais pas comment lui dire
que c’était moi dans son rêve la nuit dernière.
Dimanche. Il m’a dit que c’était son père, mais je crois que c’était moi:
Menu, avec des tresses, des lunettes convexes & des dents de cheval
faisant du patin à roues alignées dans le stationnement du 7/11. &
il m’a dit qu’il y avait des objets ressemblant à de grands sacs de poubelles
riant comme des oiseaux dans les arbres &
le ciel était d’un violet criant, foncé et profond.
J’étais comme,
Crime. C’est intense.
Qu’est-ce que tu penses que ça veut dire?
Il n’a pas vraiment répondu
Prêt pas prêt, j’y vais, tu ne peux pas te cacher
La pluie a commencé en chuchotant &
mes yeux lampe de poche illuminaient bleu.
Jeudi. c’était un appareil téléphonique qui
a décliqué sur la ligne avec un Chéri.e tu me manques.
Nous étions à un million de kilomètres de distance
Je savais qu’il mentait
Il était reconnaissant pour la distance &
Je crois que ça me convenait aussi. J’étais allé dans une autre école.
J’apprenais à faire des perruques, des chapeaux, des sacs, des ceintures et
des chaussures.
Un moment donné quelqu’un m’a dit
Dès que tu sais comment t’accessoiriser,
tu peux toujours créer un déguisement.
Et il a été à l’école pour écrire
Prêt pas prêt, j’y vais, tu ne peux pas te cacher
Lundi. Je l’ai trouvé exilé
telle une algue coincée dans un placard de sous-marin
Des vignes l’on enrollé dans leur serpentains comme l’aurait fait un bébé &
son ombre, qui fut, à une époque, malveillante, réclamait de l’intimité
dépourvue de toute autre chose.
Fragile, le résultat était tel un bonbon dur, une sucette surette
une phrase collante crachée à répétition :
Tu m’as trouvé,
Tu m’as trouvé, Tu m’as trouvé &
Mardi était comme ça aussi.
Et puis c’était moi dans le rêve la nuit dernière.
Samedi Au début c’était lui, mais ensuite il est devenu moi.
Menu, avec des tresses, des lunettes convexes &
des dents de cheval. Mon sexy roi Poisson.
& quand son visage est devenu le mien,
mes yeux étaient les derniers à apparaîtrent.
& ce qui était étrange, c’est que je pleurais
car je ne pleure pas vraiment.
& je savais qu’il m’étais familier,
mais je ne pouvais pas affronter la vérité.
& donc je me demandais comment lui dire
& je me le demande encore
À propos de l'auteur:
Jordan Brown est un artiste et un performeur basé à Chicago, en Illinois. Il travaille avec des objets trouvés, des débris et ses propres archives pour explorer la frontière entre la mémoire et le rêve. Ses œuvres solos et collaboratives en textile, sculpture, vidéo et performance ont récemment été exposées au théâtre Lachapelle (Montréal, QC), à OFFTA (Montréal, QC), à Tangente (Montréal, QC), à DAZIBAO (Montréal, QC) et à la 10e Biennale d’art performantif de Rouyn-Noranda, au Québec. En tant qu’un des quatre membres du collectif d’art performantif noir Suspended Culture basé à Chicago, il s’est produit au No Nation Art Lab à l’Ohio University et au festival Mois Multi Interdisciplinary Arts à Québec. Jordan obtiendra une maîtrise en sculpture à la School of the Art Institute of Chicago en mai 2023. Vous pouvez en savoir plus sur son travail sur jordanderronbrown.com.
À propos de l'artiste
Kinga Michalska est un.e artiste visuelle et cinéaste polonais.e queer basé.e à Tiohtiá:ke, Mooniyang, Montréal. Son corpus d'œuvres examine les questions d'identité, de mémoire, de déplacement et de hantise. Sa pratique se penche sur les espaces culturels partagés tels que la maison, la parenté, le territoire et la mémoire à travers une sensibilité féministe queer. Iel s'intéresse aux personnes et sujets en périphéries de l'histoire : intimités queer, historien.ne.s amateurs.trices, processus géologiques, archives personnelles, histoires orales et fictions spéculatives. Iel crée des images intimes, audacieuses et viscérales avec des sous-entendus ludiques et sensuels. Son travail est collaboratif et s'appuie sur le consentement éclairé des participant.e.s. Les questions de relations de pouvoir étant au cœur de son travail, iel s'engage à remettre en question sa position dans les histoires qu'iel raconte et les communautés qu'iel représente dans son travail. Michalska est titulaire d'un baccalauréat en études culturelles de l'Université de Varsovie et d'une maîtrise en photographie de l'Université Concordia. Ses œuvres ont été présentées au Canada, en Pologne, au Royaume-Uni, en Italie, en Suisse et en Allemagne. Ses projets ont été soutenus par le CAC, le CALQ, Téléfilm Canada, le FRQSC et le Catapult Film Fund. Iel réalise actuellement leur premier long métrage documentaire, Nolandia.
Remerciements
L'artiste remercie chaleureusement ses collaborateurs.trices, les centres d'artistes autogérés L’imprimerie et Sagamie pour la production des oeuvres, et iel voudrait souligné.e le travail de consultation de Sarah Chouinard-Poirier et Brandon Brookbank.
L'artiste est aussi reconnaissant.e pour le texte de Jordan Brown qui accompagne l'exposition, pour le soutient d'Etta Sandry et de l'équipe de la FOFA durant le montage.