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Ryan Clayton & Emilie Morin

Le spectre anime nos os

9 mars- 2 juin 2023

Vernissage : 9 mars 2023, 17 h à 19 h 

Description de l’exposition

Le spectre anime nos os est une pièce de danse tressée. Emilie et Ryan ont chacun.e chorégraphié une pièce gestuelle qui a été exécutée individuellement et enregistrée par l’intermédiaire de la technologie de capture de mouvement. Chaque performance a été configurée à travers le même objet virtuel dont le corps s’anime dans l’espace créé  numériquement. Présenté sous la forme d’une vidéo à double canal, le.la spectateur. trice se tient au cœur d’une numérisation 3D fantaisiste de la cuisine de l’interprète et regarde la performance depuis de multiples  perspectives. Bien que les performances provenant de la capture de mouvements d’Emilie et de Ryan ne soient pas directement visibles dans l’animation, la qualité humaine du mouvement injecté dans la forme virtuelle génère une expérience différente de la performance pour les spectateurs.trices. Il s’agit d’une performance tressée dans le sens que chaque apport gestuel est limité à ses propres caractéristiques, mais emboîté ensemble, ceux-ci créent un tout qui s’enchevêtre et génère de nouvelles propositions tout en conservant les gestes uniques à chaque individu. La technologie de capture de mouvement est employée dans cette pièce dans le but de questionner l’agentivité humaine et le mouvement : les interprètes peuvent-iels posséder des qualités qui les rendent indéniablement reconnaissables ? Le mouvement virtuel peut-il servir de substitut à ces agents humains uniques ? 

Ayant ces préoccupations à l’esprit, la chorégraphie tressée a été créée en proposant au regard des spectateurs. trices une vision brouillée confondant les aspects « virtuel » et « réel » du mouvement. Grâce à l’expérience professionnelle d’Emilie en tant qu’interprète de danse et à l’expérience de Ryan dans le domaine de l’art de la performance solo et collective, ce duo examine également la manière dont le corps se positionne en dansant dans l’espace de la galerie traditionnelle. La danse et la performance sont souvent associées à l’éphémère, par rapport à l’ancrage de l’objet d’art dans la galerie. La performance de danse de forme virtuelle devient une archive, l’enracinant dans la sphère muséale et suggérant une reconsidération de ce que l’artiste contemporain Brendan Fernandes appelle le « footmade », qui a autant de valeur que le « fait à la main ». 

Texte d'exposition

Pas de deux

Amelia Wong-Mersereau

En un instant, un tapement de pied et une tête qui oscille deviennent des bras qui s'agitent et des sauts à l'écart. Les « danses de cuisine » sont tributaires de plusieurs conditions : le plat qu’on prépare, la chanson qui joue, si on est seul ou non. Il n’en reste ensuite aucune trace, et il est difficile de les reproduire, même pour soi-même. Le spectre anime nos os renvoie à cette pratique aussi universelle que surnaturelle de la « danse de cuisine » ou « danse domestique », où corps et cerveau ne font plus qu’un, complètement libres de toute contrainte.

Ensemble, les artistes Emilie Morin et Ryan Clayton ont chorégraphié une de ces danses. D’abord interprétée par Ryan, Emilie l’a reprise en reproduisant les mêmes erreurs de mouvement et de rythme. Ils ont documenté leurs performances à l’aide d’une combinaison de capture de mouvement dans le cadre d’une résidence offerte par Hexagram en 2021. L’animation en 3D qui en résulte enchevêtre leurs squelettes dansants formant une sorte d’entité qui rappelle le Château ambulant de Miyazaki pour former ce qu’ils appellent une « danse tressée ».

La maison de deux étages au sein de l’oeuvre est dotée d’énormes jambes de pigeon, de pantalons dorés, d’un bras métallique, d’un bras ganté à la manière d’un dessin animé et d’une autre paire de jambes suspendues à un tuyau d’échappement sur le dessus. Nous la voyons se balancer, tournoyer et se secouer, seule dans une vaste pièce sombre remplie de sphères lustrées principalement blanches. Sur un mur de la boîte noire, on peut voir une vidéo de l’entité dansante, tandis qu’à l’opposé est projeté le point de vue de l’arrière de la caméra. Les perspectives sont interchangées à plusieurs moments : le.la spectateur.trice regarde l’ondulation hypnotique des sphères qui forment des grappes et se dispersent ensuite, puis la caméra tressaute ou tourne pour rediriger son regard sur l’entité. Un rythme de synthétiseur pop créé par le musicien Pier-Luc Lussier complète ce paysage de boules de gomme en plastique et instaure l’ambiance dans laquelle l’entité peut exister. Cette composition est en fait une variation de la pièce du groupe écossais CHVRCHES sur laquelle Ryan Clayton et Emilie Morin ont originalement dansé.

Par ses mouvements étranges et l’absurde amas d’objets qui constituent le corps de l’entité, Le spectre anime nos os ne manque pas d’amuser. La masse de livres volants et la rafale de globes oculaires qui s’abattent sur la maison mobile peuvent même déclencher des éclats de rire. Tous ces objets sont des métaphores du corps humain. Dans leurs collaborations antérieures, Emilie Morin et Ryan Clayton avaient utilisé les technologies de télécommunication comme Skype, Twitch et Zoom pour réfléchir à leurs effets sur nos relations interpersonnelles. Les artistes poursuivent ici leur exploration en utilisant la technologie de capture du mouvement et l’animation afin d’examiner comment le corps est une expérience qui peut être perçue différemment par tout un chacun.

Ensemble, Emilie Morin et Ryan Clayton sont les spectres qui hantent l’entité. On peut s’imaginer qu’au rythme de la musique, iels ont incité l’entité à bouger, et peut-être même à respirer. Le spectre anime nos os est une démonstration convaincante s’opposant à la dualité du corps et de l’esprit, et un rappel important que nous sommes notre corps.

 

À propos de l'autrice

Née à Montréal, Amelia Wong-Mersereau est une écrivaine artistique et une critique culturelle émergente. Sa thèse de maîtrise portait sur l'œuvre de l'artiste de performance chinoise Kong Ning sous l'angle du genre, de la sexualité et de l'écoféminisme. En 2021, elle a reçu le Winter Editorial Mentorship de Canadian Art. Elle travaille actuellement comme coordinatrice des projets imprimés et du contenu numérique à la Fondation PHI pour l'art contemporain et est membre du comité de rédaction de Esse arts + opinions depuis 2018.

 

À propos des artistes

Depuis 2017, Ryan Clayton (artiste contemporain) et Emilie Morin (danseuse et artiste des nouveaux médias) entretiennent une pratique de performance collaborative qui traite principalement de la consommation des technologies de télécommunication telles que Skype, Twitch et Zoom. À travers leur pratique, iels ont remarqué que les réseaux de télécommunication globale sont devenus omniprésents au point d'être invisibles. Ces réseaux s'intègrent harmonieusement dans le quotidien humain et ont un impact profond sur la façon dont l'humanité communique et se lie aux autres. Sans privilégier une forme particulière, les artistes déploient diverses technologies au sein de leurs performances telles que les appels téléphoniques , les messages textes le RV et les logiciels de capture de mouvement. Cette stratégie permet de manipuler des univers immersifs créés numériquement. Leurs investigations collaboratives s'intéressent particulièrement à la capacité des télécommunications à définir et à inférer ce qui est indiscernable.

Site web Ryan Claytonsurplusorgans.com

Site web Emilie Morin: emiliemorin.ca

Remerciements

Nous tenons à remercier chaleureusement: Pier-Luc Lussier pour la musique, Hexagram - réseau de recherche-création en arts, cultures et technologies pour la résidence dans la salle d'expérimentation ainsi que Philip Kitt pour l'aide à l'installation de notre œuvre. Ryan souhaite remercier chaleureusement Wallis Cheung pour son support continue. 

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