Nomadic Architecture / Arquitecturas Nómadas
March 29th - April 28th, 2018
In a matter of minutes, sacks of goods, packaging, wooden boxes and cases, plastic tables, metal frames, colourful tarps and arborite panels are laid out in the street, which was empty a few moments earlier. With the goods piled on the sidewalk, the vendors or marchantes, as they are popularly called in Mexico, begin their daily ritual by erecting their stalls a few feet from passing cars. Every day these portable structures become their displays, offices and even storage spaces. By day, the street is their workspace and by night, everything is dismantled and the street is clear once again.
Over numerous trips to Mexico, Patrick Dionne and Miki Gingras have been captivated by the traditional sequence of movements involved in these incredible scenes. Their photographs capture the uniqueness of this nomadic architecture, the backbone of a grassroots economy that has ingeniously colonized the space of this Aztec city. Setting up these structures requires expertise in adapting to the environment and great technical dexterity; it cannot be improvised. The vendors’ movements may seem precarious and ephemeral but they have sustained the traditional trade for centuries, as reflected in Diego Rivera’s murals in the Palacio Nacional, Mexico, in which he painted pre-Hispanic markets known as tianguis in Tlatelolco.
The vendors’ skill lies in their ability to respond to any situation and adapt to all contexts. Any piece of street furniture can end up being integrated into the structures. When something does not fit up above, it is placed down below or hung on the side. Space is sacred. Everything is recycled. Nothing is lost. The images reveal a saturated urban landscape in which these structures, rather than competing, fit together as in a kaleidoscope. Once the changarro or stall is assembled, the marchantes wait for customers. They make the sign of the cross with the first coins they receive, which will determine their luck for the day. This is their daily ritual.
This book highlights the ingenuity and creativity involved in the vendors’ nomadic world.
Nuria Carton de Grammont
Curator, Art Historian
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En cuestión de minutos los bultos, las bolsas, envoltorios, las cajas y huacales, mesas de plástico y tubos de metal, las carpas de colores y planchas de melamina, se van desplegando en la calle hace unos instantes vacía. Todo queda amontonado en la banqueta mientras se instala el puesto a unos pocos pasos de la avenida y del flujo vehicular. El “marchante” -como se le llama popularmente al vendedor en México- empieza su ritual cotidiano armando una estructura ambulante que se convierte cotidianamente en su aparador, oficina y bodega. En el día la calle es su espacio de trabajo. En la noche, el conjunto se desmonta desahogando de nuevo la vía pública.
En sus múltiples viajes a México, Patrick Dionne y Miki Gingras se ven cautivados por el ejercicio coreográfico y artesanal de tales escenarios. Sus fotografías capturan la peculiaridad de esta arquitectura nómada, eje de una economía popular que ha colonizado con ingenio el espacio de la urbe azteca. El montaje de tales infraestructuras requiere un amplio conocimiento del terreno y un manejo meticuloso de la técnica, que nada tiene de primitivo e improvisado. Cada gesto parece precario y efímero pero ha sostenido el comercio tradicional desde siglos atrás como se aprecia en los murales del Palacio Nacional donde Diego Rivera pintó el tianguis prehispánico de Tlatelolco.
Se trata de un savoir faire que responde a cualquier eventualidad y se adapta a cada contexto. Bajo esta lógica, todo ornamento callejero es susceptible de integrarse a la arquitectura nómada. Lo que no cabe arriba, se acomoda por abajo o se cuelga de un lado. Es el arte del remolque y el acarreo. El espacio es sagrado, todo se recicla, nada se desperdicia. Las imágenes muestran un paisaje urbano saturado, pero en el que lejos de competir, las estructuras se acomodan caleidoscópicamente. Una vez instalado el “changarro” el marchante espera a que caiga un cliente para persignarse con las primeras monedas que determinarán la suerte del día. Así se repite el ritual cotidianamente.
Este libro es un andamiaje confeccionado de detalles y astucias que construyen un universo itinerante.
Nuria Carton de Grammont
Curadora e historiadora del arte
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En l’espace de quelques minutes, les sacs de marchandises, les emballages, les caisses et les cagettes en bois, les tables en plastique et les armatures en métal, les bâches colorées et les panneaux en Arborite se déplient et s’installent dans la rue qui était vide quelques instants auparavant. Tout est entassé sur le trottoir pendant que l’on procède à l’installation des étals à quelques pas de la chaussée et du flux de véhicules. Le « marchand », ou « marchante » comme on appelle populairement en espagnol le vendeur au Mexique, commence son rituel quotidien en montant une structure ambulante qui se transforme tous les jours en buffet, bureau et espace d’entreposage et de rangement. Durant la journée, la rue est son espace de travail. Le soir, l’ensemble se démonte libérant à nouveau la voie publique.
Au fil de leurs nombreux voyages à Mexico, Patrick Dionne et Miki Gingras ont été captivés par l’exercice chorégraphique et artisanal de ces incroyables décors. Leurs photographies capturent la particularité de cette architecture nomade, l’axe d’une économie populaire qui a ingénieusement colonisé l’espace que leur offrait la cité aztèque. Le montage de telles infrastructures exige une grande connaissance du terrain et une minutieuse dextérité technique qui n’a rien de primitif ou d’improvisé. Chaque geste semble précaire et éphémère mais il a contribué à perpétuer le commerce traditionnel depuis des siècles, comme on peut le voir sur les peintures murales du Palacio Nacional à Mexico dans lesquelles Diego Rivera a immortalisé le « tianguis » ou marché préhispanique de Tlatelolco.
Il s’agit d’un savoir-faire qui répond à toute éventualité et s’adapte à tout type de contexte. Ainsi, dans cette logique-là, tout mobilier d’ornement urbain est susceptible de s’intégrer à l’architecte nomade. Ce qui ne s’insère pas en haut trouve sa place en bas ou bien s’attache et se suspend quelque part. C’est l’art de la remorque et du transport de charge. L’espace est sacré, tout se recycle, rien ne se perd. Les images montrent un paysage urbain saturé dans lequel les structures, au lieu de rivaliser, s’emboîtent tel un caléidoscope. Une fois le « changarro », ou étal, installé, le « marchante » attend le client qui lui donnera les premières pièces de monnaie avec lesquelles il fera le signe de croix et qui détermineront ainsi si la journée promet d’être chanceuse. Et le rituel se répète inlassablement au quotidien.
Ce livre est un échafaudage composé de détails et d’astuces qui construisent un univers ambulant.
Nuria Carton de Grammont
Commissaire, historienne de l’art