La doctorante Kierla Ireland cherche à savoir comment les enfants acquièrent des habiletés en musique
Beaucoup de parents se demandent à quel âge ils devraient inscrire leurs enfants à des cours de musique. Kierla Ireland cherche justement réponse à cette question.
En cinquième année d’un doctorat au Département de psychologie, la chercheuse examine l’impact que peut avoir une formation musicale précoce sur les habiletés musicales d’un enfant. Kierla Ireland est aussi membre du Laboratoire de recherche Penhune sur l’apprentissage moteur et la neuroplasticité, dirigé par Virginia Penhune, professeure de psychologie à l’Université Concordia.
Pour évaluer la compréhension des notions de sonorité et de mélodie chez les enfants ainsi que leurs aptitudes rythmiques, la chercheuse a recours à deux tâches informatisées. À ce jour, elle a pu recueillir des données sur plus de 200 enfants inscrits à des camps d’été musicaux et scientifiques.
Kierla Ireland est en outre l’auteure principale d’un compte rendu d’étude publié récemment dans la revue Frontiers in Psychology. Elle a rédigé son article en collaboration avec la Pre Penhune, qui est sa directrice de thèse, et deux autres étudiants aux cycles supérieurs.
Il n’est jamais trop tôt pour apprivoiser la musique
Quel est le rapport entre cette image et vos travaux à Concordia?
Kierla Ireland : Bien que les habiletés musicales se développent d’elles-mêmes, il se pourrait que suivre des cours de musique en bas âge stimule cet apprentissage. Nous savons qu’une formation musicale précoce peut servir d’amorce à une acquisition plus rapide des aptitudes en musique plus tard dans la vie. Par mes travaux, je tente de déterminer si le même phénomène peut s’observer durant l’enfance. Cette image nous rappelle qu’il n’est jamais trop tôt pour apprivoiser la musique.
Quels résultats attendez-vous de vos travaux? Et quels pourraient en être les effets concrets dans la vie des gens?
KI : J’espère que nos travaux serviront à d’autres chercheurs qui s’intéressent à l’évaluation des habiletés musicales chez l’enfant. L’utilisation de nos données par d’autres experts touche directement l’importante question de la répétition des résultats en psychologie fondamentale, un aspect parfois négligé. Quand d’autres groupes de chercheurs utilisent nos tâches informatisées pour générer et publier des données, nous pouvons mieux évaluer le degré de cohérence des résultats d’un échantillon à l’autre, de même que la fiabilité des tâches.
Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous êtes heurtée dans vos travaux?
KI : Recueillir des données dans un camp d’été présente un défi logistique de taille. Sans compter que travailler avec des enfants peut être épuisant physiquement et émotionnellement. Parallèlement, cela peut être une expérience très gratifiante où l’on vit des moments inusités et souvent hilarants.
Par exemple, un jeune participant m’a demandé si je pouvais fournir une analyse scientifique de l’« hybride humain-dragon » qu’il avait conçu. Il faut être certain d’aimer la compagnie des enfants avant de mener des recherches auprès d’eux!
Dans quels domaines vos travaux pourraient-ils être utilisés?
KI : Au-delà de la contribution à la science fondamentale, je souhaite que les résultats de nos travaux de recherche soient appliqués à l’enseignement de la musique. Les enseignants pourraient se servir de nos tâches pour mesurer l’amélioration des habiletés musicales de leurs élèves en fonction du temps. Ils pourraient même appliquer les scores que nous leur proposons pour évaluer les compétences de chaque élève par rapport à des enfants musiciens du même âge.
Quelle personne, quelle expérience ou quel événement particulier vous a donné l’idée de votre sujet de recherche et incitée à vous intéresser à ce domaine?
KI : J’ai grandi entourée de musiciens et j’aime la musique depuis toujours. En tant que percussionniste amateure depuis 10 ans, j’en suis venue à développer une fascination pour la multitude de moyens différents d’exprimer « l’habileté musicale » au tambour. Pour certains, c’est la capacité d’apprendre des rythmes complexes rapidement. Pour d’autres, c’est la capacité d’improviser les solos les plus beaux, les plus puissants et les plus enlevants.
J’adore étudier les musiciens. Le choix a donc été facile quand on m’a donné la possibilité de travailler dans le laboratoire de Virginia Penhune, en compagnie d’enfants qui commencent tout juste à apprendre la musique.
Comment les étudiants en STIM que cela intéresse peuvent-ils se lancer dans ce type de recherche? Quel conseil leur donneriez-vous?
KI : Montréal est un pôle international de la recherche sur la cognition musicale. Je conseille aux personnes qui s’intéressent à ce sujet d’étude de s’inscrire aux bulletins et aux avis de publication que diffusent les groupes de recherche multidisciplinaires comme le Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS) et le Centre de recherche sur le cerveau, le langage et la musique (CRBLM).
Ensuite, je leur recommande de contacter les professeurs qui possèdent des laboratoires de recherche pour se renseigner sur les possibilités de bénévolat. Les candidats qui ont le plus de chance de se trouver un poste en laboratoire sont ceux qui démontrent un intérêt personnel pour la recherche dans le domaine et qui sont capables d’accomplir une variété de tâches dans le cadre de divers projets.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?
KI : J’ai gagné énormément en maturité comme scientifique, principalement grâce à ma directrice de thèse et à d’autres membres du corps professoral qui m’ont guidée tout au long de mon parcours universitaire. Une de mes expériences les plus enrichissantes durant mon séjour à Concordia reste sans doute la supervision d’un groupe d’étudiants du premier cycle. Nous, « l’équipe des petits Penhune », avons abattu beaucoup de travail et continuerons de collaborer longtemps après que j’aurai obtenu mon doctorat.
Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?
KI : Mes travaux ont reçu l’appui financier du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQ – SC), du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et de la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia.
Apprenez-en plus sur le Département de psychologie de l’Université Concordia.