Les entreprises gagnent à divulguer leurs pratiques environnementales, selon une nouvelle recherche
L’honnêteté est-elle la meilleure politique lorsqu’il est question de respect de l’environnement?
Sans aucun doute, si l’on se fie à une nouvelle étude publiée par Michel Magnan, professeur à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.
Le professeur Magnan et son coauteur Hani Tadros, de l’Université Elon en Caroline du Nord, ont examiné 78 entreprises américaines de secteurs à forte incidence environnementale, et ce, de 1997 à 2010. Ils souhaitaient ainsi mieux comprendre les facteurs qui incitent les entreprises à divulguer leurs pratiques et leur gestion environnementales.
« Il y a de la tension », souligne Michel Magnan, aussi titulaire de la chaire de gouvernance d’entreprises Stephen-A.-Jarislowsky. « Beaucoup sont sceptiques et voient d’un œil cynique ce que les entreprises choisissent de divulguer. »
Comme le public fait de moins en moins confiance aux sociétés, on pourrait naturellement supposer que la plupart des entreprises gonflent leurs chiffres ou décident de ne pas dévoiler leur comportement environnemental. Or, le professeur Magnan a découvert que ce n’est pas le cas.
En effet, nombre de sociétés sont vivement conscientes que l’environnement préoccupe de plus en plus le public, y compris les investisseurs et les consommateurs de leurs produits. Et par conséquent, certaines transforment littéralement leurs pratiques.
Affirmations et réalisations
Les chercheurs ont divisé les sociétés qu’ils étudiaient en deux groupes en fonction des données recueillies, y compris les données publiques ainsi que les rapports annuels de divulgation des entreprises et leurs documents réglementaires.
On qualifiait de « sociétés à haut rendement » les entreprises dont la performance environnementale était jugée bonne compte tenu de la réglementation gouvernementale en place (respect des directives en matière de pollution, d’émissions et autres). Quant à celles qui n’obtenaient pas de bons résultats, on les qualifiait de « sociétés à faible rendement ».
« Les sociétés à haut et à faible rendement adoptent des comportements de divulgation différents, observe le professeur Magnan. Les sociétés à haut rendement fournissent plus d’information parce qu’elles prospèrent et veulent le faire savoir à leurs parties prenantes. En revanche, les entreprises à faible rendement essaient de trouver un moyen de gérer les impressions. »
« En gros, certaines dévoilent de l’information utile, tandis que d’autres fournissent des renseignements plutôt inutiles. »
Les chercheurs ont porté une attention particulière à l’utilité de l’information divulguée par les entreprises. Ils préféraient les renseignements quantitatifs et vérifiables de façon objective – qu’ils désignaient comme étant de l’« information certaine ». L’information « incertaine » prenait généralement la forme de déclarations vagues et dénuées de détails.
Ils ont ainsi découvert qu’il était plus probable que les entreprises à haut rendement divulguent de l’information certaine, car elles pouvaient se permettre d’être transparentes. La communication de renseignements constituait pour elles un moyen de gagner la confiance et la bonne volonté du public, ce qui, au bout du compte, est payant.
« Si une plus grande divulgation rehausse votre valeur marchande, cette pratique est tout à fait logique », explique Michel Magnan.
À la recherche de faits clairs et solides
D’après le professeur Magnan, comme les parties prenantes sont de plus en plus soucieuses des enjeux environnementaux, les entreprises subissent une pression accrue pour dévoiler leur performance environnementale. D’ailleurs, il constate déjà que la culture d’entreprise va dans cette direction.
« Certaines sociétés vont être disposées à divulguer leur information, car cela s’inscrit dans leur modèle de gouvernance, et elles sentent que c’est mieux de le faire très tôt, poursuit Michel Magnan. Les coûts seront moindres, et le geste est un gage de bonne foi. »
« Les entreprises qui cherchent à masquer ou à nier leur faible performance environnementale, ou encore à mentir à ce sujet, risquent de subir de sérieuses répercussions », affirme-t-il.
« À court terme, ce type de comportement peut aider, mais à long terme, il peut s’avérer nocif, car toute information finit un jour ou l’autre par devenir publique », conclut-il.
Consultez l’article : How does environmental performance map into environmental disclosure?: A look at underlying economic incentives and legitimacy aims.
Contact
Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques
514 848-2424, poste 5068
patrick.lejtenyi@concordia.ca
@ConcordiaUnews