Que signifie « agir » dans la ville?
Universitaires, fonctionnaires, urbanistes et militants du Québec et de la France se sont réunis à Montréal pour deux journées de réflexion et de débats inspirants à l’occasion du deuxième festival annuel Le Monde.
Les 25 et 26 octobre derniers, l’Université Concordia, le Musée des beaux-arts de Montréal et la TOHU – cité des arts du cirque – ont accueilli des activités sur le thème Agir / Act présentées par le quotidien français Le Monde et son partenaire média local Le Devoir.
La première journée, l’Université Concordia a ouvert ses portes au public lors de deux activités axées sur les villes.
Dans l’avant-midi, Le Monde, NewCities et Concordia ont présenté un cycle de tables rondes sous la bannière Réinventer la ville : agir… vite! Les conférenciers y ont exploré différentes façons d’améliorer concrètement les milieux urbains.
Rapidité d’action
Une question fondamentale sous-tendait les exposés : Les villes doivent-elles agir rapidement ou lentement?
De nombreux experts ont soutenu qu’il faut s’attaquer urgemment à certains problèmes, par exemple les inondations saisonnières au Québec, en particulier quand les risques et les solutions de rechange sont bien établis. « Nous devons agir, et vite », a affirmé Pascale Biron, professeure et directrice du Département de géographie, urbanisme et environnement.
Elle a fait remarquer que la province accuse déjà plus de dix ans de retard sur l’Europe en matière de mise en œuvre de politiques d’envergure sur la gestion des zones inondables et la réduction des risques collatéraux.
Pour ce qui est des problèmes chroniques, comme les questions de durabilité, de nombreux conférenciers incitent les villes à agir lentement, mais sûrement, en s’assurant de respecter les méthodes de conception, de même que les principes de la démocratie participative et de la consultation publique.
Ursula Eicker, titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada (CERC) sur les communautés et les villes intelligentes, durables et résilientes à l’Université Concordia et conférencière principale de l’événement, a souligné que « nous vivons dans un monde où dominent les intérêts à court terme, non seulement dans la sphère économique, mais aussi en politique. »
Face à cette réalité, elle propose que les décideurs politiques explorent de nouveaux instruments financiers permettant de verser des fonds sur une plus longue période, de manière à pouvoir financer des mises à niveau avant-gardiste dans les villes.
Ursula Eicker a en outre demandé aux participantes et participants – en qualité de citoyens – d’être actifs et engagés, d’adopter de nouvelles stratégies et technologies, et de prendre part au processus de décision à l’échelle de leur municipalité.
Durant la matinée se sont également tenus plusieurs laboratoires d’innovation urbaine et ateliers d’étude de cas sur des initiatives telles que Bâtiment 7, appuyée par le Bureau de l’engagement communautaire de Concordia; Urban Lab, laboratoire urbain expérimental de Paris&Co; le Quartier de l’innovation de Montréal; le Projet Oasis, initiative de la ville de Paris destinée à rendre les cours d’écoles et de collèges résistantes aux changements climatiques; l’entreprise sociale polonaise Urban Workshop; et Symbiose, projet expérimental de serre bioclimatique réalisé à Nantes, en France.
C’est sans doute le représentant du volet jeunesse Jamie Latvaitis, étudiant à Concordia et porte-parole du collectif La planète s’invite à l’université qui, dans son discours, a le mieux exprimé la diversité et la richesse des idées présentées : « Parfois, pour agir vite, il faut prendre son temps. »
Le programme fort chargé témoigne des avantages d’une collaboration transatlantique quant à la mise en commun du savoir, à la conduite de travaux de recherche pertinents et à la participation des communautés.
Urbanisme collaboratif
En après-midi a eu lieu, à ESPACE 4, l’atelier Open urbanisms: Re-thinking public spaces (« urbanismes ouverts : repenser les espaces publics ») animé par Silvano De la Llata, professeur adjoint au Département de géographie, urbanisme et environnement de l’Université Concordia.
Des membres du grand public se sont joints aux étudiantes et étudiants de la classe du professeur De la Llata dans le cadre d’une série de trois séances pratiques, afin d’imaginer un nouveau concept pour le Parc des Gorilles, à Montréal. Ensemble, ils ont proposé des éléments de design dur et doux, des activités d’engagement communautaire, des approches de mobilité et d’accessibilité, ainsi que des composantes de durabilité dignes d’un espace public d’avant-garde.
Les participants se sont servis de figurines et de matériaux récupérés fournis par le Centre pour la réutilisation créative de l’Université Concordia pour exprimer concrètement leurs idées sur une maquette à l’échelle du parc, que la ville s’est engagée à transformer.
Leur modèle a ainsi évolué tout au long de l’après-midi, et d’un ensemble d’idées formulées en silos a fini par émerger un concept cohésif et fluide.
À l’occasion du festival, le quotidien Le Monde offre à tous les membres de la communauté de Concordia un tarif préférentiel sur l’abonnement au journal :
- Étudiants de 18 à 25 ans : 1 € (environ 1,45 $) pour les six premiers mois, puis 8,50 € (environ 12,33 $) par mois.
- Diplômés et membres du corps professoral et du personnel : 1 € (environ 1,45 $) pour les trois premiers mois, puis 9,90 € (environ 14,36 $) par mois.