Le passage soudain et massif à l’enseignement en ligne représente à la fois un défi et une occasion pour les étudiants et étudiantes en technologie éducative de Concordia
Durant la semaine qui a précédé la fermeture de tous les établissements d’enseignement québécois à la mi-mars, Saul Carliner et ses collègues ont pressenti qu’une crise se profilait. Cependant, ils ont aussi vu là une occasion de mettre à profit leur formation et leur expertise – de même que celles de leurs étudiants et étudiantes.
Saul Carliner, professeur au Département des sciences de l’éducation de l’Université Concordia, et la professeure agrégée Ann-Louise Davidson ont proposé deux idées semblables. Ils se sont adressés à Sandra Gabriele, vice-rectrice exécutive adjointe à l’innovation en enseignement et en apprentissage, et à Rob Cassidy, directeur du Centre d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage, pour leur faire une proposition : trouver les meilleurs moyens de se mobiliser et de solliciter l’apport des étudiants et étudiantes afin d’aider le corps professoral à s’adapter à la nouvelle réalité du cyberenseignement à temps plein. L’offre a été acceptée avec reconnaissance, affirme Saul Carliner.
L’aide nécessaire là où elle est nécessaire
Pendant la première fin de semaine du confinement – du vendredi 13 mars au dimanche 15 mars – les deux chercheurs ont recruté des étudiants bénévoles à la maîtrise, au doctorat et au diplôme de 2e cycle aux programmes de technologie éducative et de technologie pédagogique afin qu’ils préparent la documentation demandée par le Centre d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage. Le centre avait besoin d’information sur l’emploi d’outils technologiques comme Moodle et Zoom pour enseigner, afin de l’afficher dans une section spéciale destinée au corps professoral sur le microsite de Concordia au sujet de sa réponse à la COVID-19. Dans les trois heures qui ont suivi le premier appel, une vingtaine d’étudiantes et étudiants s’étaient portés bénévoles, et 24 heures plus tard, ils étaient près de 40.
Saul Carliner et Ann-Louise Davidson ont formé deux équipes d’étudiants pour travailler sur divers documents et leur ont donné 48 heures pour terminer leurs ébauches. À leur grand plaisir, les professeurs ont constaté que les étudiants les avaient terminés dès le lendemain matin.
« La documentation en ligne mettait l’accent sur la pédagogie, explique Saul Carliner. Les documents ne se contentaient pas d’expliquer "appuyez sur ce bouton ou réglez ce commutateur dans le logiciel". Il y avait une question d’ordre pédagogique : "Comment puis-je répondre à un défi relatif à l’enseignement avec ce programme?" »
Tandis que l’Université se préparait pour la première semaine de cours en ligne, Rob Cassidy a demandé aux professeurs Carliner et Davidson s’ils pouvaient organiser une autre initiative : recruter des étudiants pour aider le personnel de Concordia à assurer le service d’assistance téléphonique, en concentrant leurs efforts sur les membres du corps professoral qui éprouvaient des difficultés ayant trait à l’enseignement en ligne. Des étudiants étaient aussi requis pour offrir un service haut de gamme, c’est-à-dire fournir un encadrement et un soutien plus poussés aux professeurs qui en avaient besoin.
L’appel au second groupe de bénévoles a été lancé samedi soir; dimanche matin, une vingtaine d’étudiantes et étudiants s’étaient portés volontaires. Lundi (le premier jour des cours en ligne), ils assistaient à une formation organisée par le Centre d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage et l’équipe des services numériques de la Bibliothèque de Concordia. Ils ont ensuite immédiatement commencé à répondre à des demandes de services assignées par le Service des technologies de l’information et de l’enseignement (IITS).
Les efforts des étudiantes et étudiants bénévoles ont été si fructueux que le personnel d’IITS et du Centre d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage les a surnommés « héros de la technologie éducative ».
Réexaminer les hypothèses au sujet de l’enseignement en ligne
Après la course folle des premières semaines de confinement, Saul Carliner a eu le temps de réfléchir à ce que ses collègues, ses étudiants et lui venaient de vivre.
D’abord, il est soulagé que tout se soit passé sans heurts, malgré les circonstances. « L’Université Concordia compte quelques milliers de professeurs à temps plein et à temps partiel, et à peu près un ou deux pour cent d’entre eux nous ont téléphoné pour poser des questions ou demander de l’aide », note-t-il.
Le fait que beaucoup de membres du corps professoral avaient déjà utilisé des outils comme Zoom ou Microsoft Teams dans d’autres contextes et que les leçons de leurs cours du trimestre étaient déjà en place a beaucoup aidé, même s’ils avaient prévu de donner les cours en personne. Pour la plupart, le défi consistait à présenter en ligne ce qu’ils avaient pensé pouvoir présenter en salle de classe.
Le Pr Carliner prévoit que cette situation entraînera une validation accrue de l’apprentissage en ligne grâce à une combinaison d’expériences directes et de mûrissement des points de vue.
« La plupart des gens voient l’apprentissage en ligne comme des cours d’autoformation, croyant qu’il s’agit d’une expérience impersonnelle. Or, la méthode que nous avons employée se fonde sur une salle de classe virtuelle en direct, où les professeurs interagissent avec les étudiants et peuvent les voir. En fait, bien des professeurs trouvent que plus d’étudiants participent dans la salle de classe virtuelle que dans la réelle », souligne-t-il.
« Il y a plus d’une quinzaine d’années déjà, la recherche a montré que les étudiants peuvent recevoir un enseignement tout aussi solide en ligne qu’en personne. Mais cette expérience peut aider les professeurs et les étudiants à constater cette réalité par eux-mêmes. »
Renseignez-vous sur les programmes de technologie éducative et de technologie pédagogique de l’Université Concordia.