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La COVID-19 exerce un stress supplémentaire sur la santé mentale des personnes âgées, affirme un chercheur de Concordia

Le psychologue Jean-Philippe Gouin examine comment la population vieillissante vit le confinement
20 mai 2020
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Jean-Philippe Gouin : « Les risques de complications, voire de décès, sont plus élevés chez les personnes âgées infectées. Elles ressentent donc plus de peur et d’inquiétude relativement à la COVID-19 ». | Photo: Nick Karvounis, Unsplash
Jean-Philippe Gouin : « Les risques de complications, voire de décès, sont plus élevés chez les personnes âgées infectées. Elles ressentent donc plus de peur et d’inquiétude relativement à la COVID-19 ». | Photo: Nick Karvounis, Unsplash

Demandez à n’importe quelle de vos connaissances comment elle va ces jours-ci, et elle se plaindra très probablement du confinement qui se poursuit. Les personnes âgées, en particulier, ressentent un stress unique durant la pandémie. En plus des risques pour la santé liés à la COVID-19, elles doivent souvent vivre avec des mesures de confinement plus strictes qui accroissent leur isolement social et peuvent les empêcher de recourir à leurs stratégies habituelles d’adaptation.

Jean-Philippe Gouin, professeur agrégé de psychologie à la Faculté des arts et des sciences, explore l’impact des mesures de confinement sur la santé mentale des personnes âgées. Titulaire de la chaire de recherche du Canada sur le stress chronique et la santé, le professeur Gouin dirige ses travaux au Centre de recherche clinique en santé de l’Université Concordia.

Lui et son équipe ont reçu une subvention du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement et de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal pour examiner les changements dans la détresse psychologique, les habitudes de vie et le respect des consignes de distanciation physique chez les personnes âgées durant la pandémie de la COVID-19.

Jean-Philippe Gouin

Répercussions à long terme sur les personnes âgées québécoises

L’étude se concentre plus particulièrement sur l’impact d’un isolement social strict sur les personnes âgées. Le professeur Gouin et son équipe mènent des entrevues téléphoniques avec près de 1 000 aînées et aînés québécois afin d’évaluer les effets du confinement sur leur santé mentale.

« Nous savons que les risques de complications, voire de décès, sont plus élevés chez les personnes âgées qui contractent le nouveau coronavirus. Elles ressentent donc plus de peur et d’inquiétude relativement à la COVID-19, explique-t-il. Lorsqu’on est anxieux, on se tourne généralement vers les gens qui nous sont proches pour aller mieux. Mais cela peut être difficile de recevoir ce type de soutien pour les aînés en confinement. »

Selon lui, le stress causé par la situation actuelle peut engendrer davantage d’émotions négatives, et moins d’émotions positives. Il ajoute que lorsque le confinement obligatoire prendra fin, la plupart des gens retourneront probablement à leurs anciennes habitudes. Cependant, les personnes âgées qui étaient vulnérables avant la pandémie risqueront de ressentir davantage les effets psychologiques à long terme du confinement.

Son étude vise à cerner les facteurs qui augmentent les risques de détresse psychologique durant et après le confinement. Ces connaissances contribueront au développement d’interventions en vue de réduire le stress en période de confinement.

Un autre sujet d’inquiétude, notamment pour les populations vieillissantes, est celui des changements de comportements liés à la santé.

« Bien des gens notent qu’ils mangent plus quand ils sont à la maison, soit parce qu’ils s’ennuient, que le confinement les contrarie ou qu’ils ont peur du virus. Quelle que soit la raison, cela les aide à gérer leurs émotions », souligne-t-il.

Comme la population devient de plus en plus sédentaire et fait de moins en moins d’activité physique, le professeur Gouin prédit une augmentation du gain de poids indésiré et, par conséquent, un risque accru de maladies chroniques ultérieures.

« C’est particulièrement important pour cette tranche d’âge, car les personnes âgées qui risquent davantage de souffrir de complications liées à la COVID-19 sont également celles qui risquent le plus de ressentir les effets de cette période prolongée d’inactivité physique », poursuit-il.

Le Québec se dirige peu à peu vers un assouplissement des mesures de distanciation physique, mais la population âgée de la province demeure un groupe à risque élevé. Et avec les prédictions selon lesquelles le relancement de l’économie s’accompagnera d’une seconde vague d’infections, Jean-Philippe Gouin pense qu’il est maintenant temps de développer une stratégie qui les aidera à s’adapter mentalement et physiquement au confinement prolongé.

Pour finir, comme beaucoup de gens commencent à ressentir une certaine « fatigue du confinement », ils risquent davantage d’enfreindre les directives de distanciation sociale. Le professeur Gouin cherche à comprendre quels facteurs poussent les gens à moins respecter les directives gouvernementales.

Cette étude est menée en collaboration avec Sébastien Grenier, de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, et Helen-Maria Vasiliadis, de l’Université de Sherbrooke.

Apprenez-en davantage sur le Centre de recherche clinique en santé de Concordia.



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