Une professeure de Concordia nommée présidente de la Société canadienne de génie civil
Sols contaminés, ports pollués, sédiments toxiques – ces problèmes ne sont que trop répandus dans une société qui peine à nettoyer son environnement tout en cherchant des sources d’énergie écologiques.
Heureusement, les spécialistes du génie environnemental comme Catherine Mulligan veillent au grain.
Professeure à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université Concordia, Catherine Mulligan est une pionnière des technologies de réhabilitation vertes ainsi qu’une experte de renommée internationale de la décontamination des eaux, des sols et des sédiments.
Elle est aujourd’hui la première membre de la communauté de Concordia à devenir présidente de la Société canadienne de génie civil (SCGC) – et la troisième femme à occuper ce poste.
Un engagement de quatre ans
« Je suis ravie et honorée de représenter Concordia à l’échelle nationale », affirme Catherine Mulligan, par ailleurs titulaire de la chaire de recherche de l’Université en durabilité géoenvironnementale.
La Pre Mulligan a précédemment occupé les fonctions de première vice-présidente et de présidente désignée de la SCGC. Une fois sa présidence d’un an terminée, elle portera le titre d’ancienne présidente durant 12 mois.
« Il s’agit d’un engagement de quatre ans en tout, précise-t-elle, ce qui permet d’avoir un impact. »
La chercheuse reçoit cet honneur avec humilité, comme elle l’a fait lorsqu’elle est devenue Fellow de l’Académie canadienne du génie plus tôt cette année. En 2018, elle s’est également vu remettre la prestigieuse médaille John B. Stirling de l’Institut canadien des ingénieurs en reconnaissance de sa carrière remarquable.
« Lorsque j’ai entrepris mes études en génie chimique, on utilisait des agents de surface biologiques qui se liaient au pétrole pour retirer celui-ci des réservoirs et des champs. J’ai été la première à employer de tels agents pour éliminer les contaminants métalliques du sol, explique Catherine Mulligan, auteure de l’ouvrage Sustainable Engineering.
« C’était passionnant d’être à l’avant-garde de ce domaine », ajoute-t-elle.
Le doyen par intérim de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody, Mourad Debbabi, se réjouit de la nomination de Catherine Mulligan à la présidence de la SCGC.
« Ce rôle convient parfaitement à une chercheuse de sa stature aussi dévouée à l’innovation », affirme le titulaire de la chaire de recherche industrielle principale CRSNG–Hydro-Québec–Thales sur la sécurité des réseaux électriques intelligents.
« La décontamination, c’est-à-dire le nettoyage du sol pour en retirer les métaux, a d’abord fait connaître la Pre Mulligan dans le domaine du génie géoenvironnemental. Elle a ensuite acquis plus de 25 ans d’expérience de recherche dans les milieux tant gouvernementaux et industriels qu’universitaires. Je ne saurais imaginer une candidate plus dynamique et méritante. Sa nomination rehausse en outre le profil de Concordia en tant qu’établissement appuyant l’innovation. »
Les manches retroussées
En tant que directrice fondatrice de l’Institut de recherche sur l’eau, l’énergie et les systèmes durables de Concordia, Catherine Mulligan continue d’étudier des solutions, des technologies et des systèmes inédits axés sur la conservation des eaux, l’économie d’énergie et la préservation des ressources.
L’institut a vu le jour grâce à une subvention du Programme de formation orientée vers la nouveauté, la collaboration et l’expérience en recherche (FONCER) du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). D’une durée de six ans, cette subvention promeut les pratiques socialement engagées et écologiques en génie qui transmettent aux étudiants des moyens de préserver notre planète.
Huit ans plus tard, l’institut a fait de quelque 70 étudiantes et étudiants des chercheuses et chercheurs hautement qualifiés, et compte 12 membres à Concordia.
« Nous explorons les traitements de l’eau exigeant peu d’énergie, la production de méthane à partir des eaux usées et la conception de processus de traitement de l’eau en collaboration avec les communautés », explique la Pre Mulligan, qui travaille au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental.
« Dans les régions aurifères où l’on utilise le cyanure pour lixivier l’or du minerai, nous étudions comment retirer l’azote des eaux usées à l’aide de microorganismes. »
Nettoyer le lac Caron et le lac Johanne
Cet été, Catherine Mulligan se plonge dans un projet dans la région de Sainte-Anne-des-Lacs, au Québec.
Elle pilote une initiative de trois ans financée par le CRSNG en collaboration avec Titan Environmental Containment, partenaire de l’industrie produisant entre autres des géomembranes.
« Nous nous concentrons sur deux lacs à risque, le lac Caron et le lac Johanne, explique la chercheuse. Un lac présente une prolifération d’algues et l’autre, une couleur brunâtre en raison de la dégradation de matières organiques dans l’eau. »
La Pre Mulligan et son équipe mènent des tests aux deux lacs et font circuler l’eau dans des systèmes de filtration constitués en partie de géotextiles.
« L’idée est de surveiller l’évolution de l’eau, puis de placer stratégiquement le filtre là où il sera le plus efficace et efficient, plus probablement à proximité des milieux humides qui alimentent le lac Johanne », précise-t-elle.
Elle a publié récemment un article intitulé « Energetic and economic feasibility of a combined membrane-based process for sustainable water and energy systems » dans la revue Applied Energy.
Catherine Mulligan consacre par ailleurs son été à l’enseignement, tout en répondant aux courriels quotidiens des dirigeants et des membres de la SCGC.
« Je me suis préparée à la présidence au cours des deux dernières années; il ne devrait donc pas y avoir de grosses surprises, conclut-elle. Je suis touchée de pouvoir servir la communauté de cette manière. »
Renseignez-vous sur le Département de génie du bâtiment, civil et environnemental ainsi que sur l’École de génie et d’informatique Gina-Cody.