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Les Québécois et les autres Canadiens conçoivent l’identité nationale de façons similaires, selon un chercheur de Concordia

Pour Antoine Bilodeau, rien n’indique qu’un groupe est plus inclusif que l’autre
19 août 2020
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Deux hommes et une femme, portant des lunettes, en discussion.
« La façon dont les Québécois définissent ce que cela signifie d’être Québécois n’est pas fondamentalement différente de la façon dont les autres Canadiens définissent ce que cela signifie d’être Canadien », affirme Antoine Bilodeau.

Ce n’est pas un secret pour personne : le Québec se distingue par sa culture unique, notamment son histoire et sa langue.

Dans une récente étude, Antoine Bilodeau, professeur de science politique à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia, et Luc Turgeon, professeur à l’Université d’Ottawa, ont abordé le sujet de l’identité nationale au Québec et dans le reste du Canada. Ils se sont demandé si les Québécois ressentaient un sentiment d’identité plus exclusif que les autres Canadiens.

Publié dans Nations And Nationalism, revue de l’Association for the Study of Ethnicity and Nationalism, leur article explore la manière dont les membres des groupes majoritaires au Québec et dans le reste du Canada définissent les membres de leurs communautés politiques respectives.

« Nous voulions voir comment les Québécois définissent ce que cela signifie d’être un vrai Québécois comparé à la façon dont les autres Canadiens définissent ce que cela signifie d’être un vrai Canadien », explique le Pr Bilodeau.

Les coauteurs ont analysé un ensemble de « marqueurs d’appartenance », c’est-à-dire de traits que les gens utilisent pour caractériser les membres de leur communauté nationale.

« Il s’agit des frontières mentales que nous utilisons pour définir qui appartient au groupe national et qui n’y appartient pas, précise le Pr Bilodeau. Les marqueurs de délimitation sont des images que nous avons en tête, donc ce n’est pas parce qu’on est citoyen canadien que d’autres personnes nous considèrent comme tel. »

Les Prs Bilodeau et Turgeon se sont penchés sur deux types de marqueurs de délimitation : les caractéristiques attribuées et les caractéristiques atteignables. Les marqueurs d’identité attribués sont les traits essentiellement héréditaires ou difficiles à acquérir  comme l’ascendance, la religion et le lieu de naissance, tandis que les marqueurs atteignables sont les traits qui s’acquièrent comme le sentiment d’appartenance, le respect des lois et des institutions de la communauté politique ainsi que la connaissance des langues nationales.

Les chercheurs ont examiné trois manières dont le Québec et le reste du Canada pourraient différer. Leur conclusion : les Québécois et les Canadiens définissent les membres de leurs communautés nationales de façons très similaires.

L’importance des traits atteignables

En tout, 3 688 personnes ont été interrogées : 551 répondants du Québec dont le français était la langue maternelle, et 3 137 répondants du reste du Canada dont l’anglais était la langue maternelle.

Les chercheurs ont d’abord étudié la manière dont chaque groupe séparait les caractéristiques attribuées et atteignables. Antoine Bilodeau explique que les Québécois et les Canadiens accordaient relativement plus d’importance aux caractéristiques acquises qu’aux autres traits.

« Dans les deux communautés, l’appartenance au groupe semblait être principalement définie en fonction des caractéristiques atteignables », souligne-t-il.

« Les gens mettent de plus en plus l’accent sur des critères comme le sentiment d’être Canadien ou le fait de parler la langue, plutôt que sur le lieu de naissance ou le fait d’avoir des ancêtres dans le pays. »

Une valorisation de la langue

Le deuxième aspect abordé était l’importance attribuée à la langue.

« Nous avons découvert que la langue n’était pas un point de différentiation majeur entre le Québec et le reste du Canada », affirme Antoine Bilodeau.

Étant donné l’importance historique et culturelle de la langue au Québec, le Pr Bilodeau a été étonné de constater qu’on lui accordait à peu près la même importance au Québec que dans le reste du Canada lorsqu’il s’agissait de définir l’identité nationale.

Des visions comparables de l’immigration

Antoine Bilodeau souligne également que les membres des groupes au Québec et ailleurs au Canada ont exprimé des points de vue assez semblables sur l’immigration.

« Les répondants qui privilégiaient une conception atteignable de l’identité nationale n’affichaient pas une vision plus positive de l’immigration, poursuit le chercheur. L’effet n’était pas significativement différent au Québec par rapport au reste du Canada. »

Les répondants qui se concentraient sur les traits attribués – comme l’ascendance et le lieu de naissance – pour déterminer l’identité nationale tendaient toutefois à avoir une attitude moins positive au sujet de l’immigration.

« Nous avons trouvé la distinction entre ces deux aspects particulièrement intéressante. »

Un sentiment d’identité plutôt rigide

« La façon dont les Québécois définissent ce que cela signifie d’être Québécois n’était pas fondamentalement différente de la façon dont les autres Canadiens définissent ce que cela signifie d’être un vrai Canadien », affirme Antoine Bilodeau.

Malgré le fait que les caractéristiques atteignables étaient considérablement plus importantes que les caractéristiques attribuées pour les deux groupes, les chercheurs ont été extrêmement surpris par le poids relatif accordé aux caractéristiques attribuées dans l’ensemble.

« Il subsiste des traces significatives d’une définition plus exclusive de l’identité nationale qui met vraiment l’accent sur le fait d’être né ici et d’avoir passé beaucoup de temps dans le pays, mais aussi d’avoir des ancêtres au Québec ou dans le reste du Canada », conclut le Pr Bilodeau.

« Le Canada tire une grande fierté de sa définition inclusive de l’identité nationale et de sa politique de multiculturalisme, mais je ne suis pas certain que nous y sommes encore tout à fait. »


Lisez l’article cité :
« Boundaries of the nation(s) in a multinational state: Comparing Quebecers and other Canadians’ perspectives on national identity ».

 

 



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