L’Institut du journalisme d’enquête de Concordia coordonne une enquête sur les infrastructures de distribution d’eau et la santé des communautés autochtones
L’Institut du journalisme d’enquête de l’Université Concordia a lancé un projet intitulé Clean Water, Broken Promises (« La promesse de l’eau ») le 18 février. Il s’agit d’une enquête collaborative sur les réseaux d’alimentation en eau dans les communautés autochtones au Canada.
Au total, 75 étudiantes et étudiants de dix universités et collèges à l’échelle nationale participent à cette initiative, de même que 24 journalistes représentant six organes de presse.
Les écoles et départements de journalisme de l’Université Carleton, de l’Université des Premières Nations du Canada, du Collège Humber, de l’Université MacEwan, de l’Université Mount Royal, de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université de la Colombie-Britannique, de l’Université du King’s College et de l’Université de Regina ont mis en commun leurs ressources et ont contribué à l’enquête.
Environ 30 articles seront publiés au cours des prochaines semaines par nos partenaires médiatiques (APTN News, Global News, Le Devoir, Saskatoon StarPhoenix, Canada’s National Observer et The Tyee).
« Je suis extrêmement fière des efforts acharnés de tous ceux et celles qui ont collaboré à cette enquête », affirme Patti Sonntag (B.A., 2000), directrice de l’Institut du journalisme d’enquête.
« Grâce à cette initiative, des journalistes, des étudiantes et étudiants ainsi que des éducatrices et éducateurs autochtones et non autochtones se sont rassemblés pour mener une enquête approfondie sur un sujet d’intérêt public, poursuit-elle. La Commission de vérité et de réconciliation a invité les programmes de journalisme à enseigner les méthodes d’enquête avec et pour les Autochtones. Pendant plus d’un an, les membres de ce groupe ont consacré d’innombrables heures à apprendre et à enquêter ensemble. »
« Nous sommes extrêmement reconnaissants envers les centaines de dirigeantes, dirigeants, chercheuses, chercheurs, ingénieures, ingénieurs et membres des communautés autochtones qui ont fait part de leurs expériences et de leur expertise à nos journalistes, ajoute-t-elle. Cela dit, nous avons collectivement encore beaucoup de chemin à parcourir. »
Manque d’information
L’enquête se base sur des entrevues uniformisées auprès d’exploitants d’usines de traitement de l’eau. Ces entrevues ont été élaborées par l’Institut du journalisme d’enquête et ses collaboratrices et collaborateurs.
Selon Annie Burns-Pieper, directrice de rédaction pour le projet, « les données sur les réseaux d’alimentation en eau dans les communautés autochtones sont largement insuffisantes. Nous avons commencé par interroger les personnes qui doivent composer avec ces installations défaillantes au quotidien. »
La première étape du projet consistait en un cours sur le journalisme d’enquête donné à l’automne 2019 par Patricia Elliott à l’Université des Premières Nations du Canada, à Regina. Les étudiantes et étudiants se sont penchés sur l’histoire des infrastructures de distribution d’eau et de la qualité de l’eau dans les communautés des Premières Nations avoisinantes.
Ensuite, des étudiantes et étudiants de tout le Canada se sont réunis à Montréal pour élaborer leur enquête en se basant sur les conclusions de l’Université des Premières Nations et sur les recommandations d’un conseil.
Ce conseil était formé par : Karyn Pugliese, membre de la communauté des Algonquins de Pikwakanagan et professeure adjointe à l’Université Ryerson; Duncan McCue, journaliste anishinaabe, professeur adjoint à l’école de journalisme de l’Université de la Colombie-Britannique et professeur invité à l’Université Ryerson; Martha Troian, journaliste d’enquête indépendante primée de la communauté Obishikokaang (Première Nation de Lac Seul); et Jamuna Galay-Tamang, journaliste d’origine népalaise, déné-métisse et ukrainienne.
Entre janvier et mars 2020, 75 étudiantes et étudiants de dix universités et collèges ont communiqué avec quelque 600 communautés des Premières Nations au Canada. Des responsables d’infrastructures de distribution d’eau dans 122 de ces communautés ont accepté de participer à des entrevues standardisées approfondies.
Environ la moitié des opérateurs interrogés ont affirmé faire face à des défis constants, comme des avis d’ébullition de l’eau fréquents et des installations dont la capacité est inférieure aux besoins de la communauté.
Des répondantes et répondants ont affirmé que certaines communautés disposent de réseaux de plusieurs millions de dollars, mais qu’elles n’ont pas les ressources budgétaires nécessaires pour assurer leur exploitation et leur entretien. D’autres ont affirmé que les infrastructures se détérioraient sous leurs yeux.
Mme Burns-Pieper explique que l’impossibilité de se rencontrer en personne en raison de la pandémie de COVID-19 a posé de sérieuses difficultés au cours de l’enquête.
« Nos reporters ont réussi à passer outre la nature impersonnelle des appels téléphoniques pour nouer de solides relations et bâtir des liens de confiance », dit-elle.
L’initiative La promesse de l’eau s’inspire du projet Eaux contaminées, une enquête collaborative primée d’envergure nationale sur les normes touchant l’eau potable au Canada.
« Je suis inspirée et motivée par les partenariats qui prennent forme grâce à cette enquête », affirme Mme Sonntag.
À propos de l’Institut du journalisme d’enquête
bCréé en juin 2018, l’Institut du journalisme d’enquête est le premier du genre au Canada. Il regroupe des étudiantes, étudiants, chercheuses, chercheurs et journalistes de tout le pays afin de réaliser des enquêtes sur des sujets d’intérêt public, et ce, dans le but de fournir de l’information de qualité aux communautés mal servies à cet égard.
Patti Sonntag est une journaliste et productrice primée. Elle a été directrice de rédaction au service des informations du New York Times et première journaliste résidente l’Université Concordia.
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