Lire pour le plaisir a un effet bénéfique sur les habiletés verbales, selon une nouvelle étude
Vous connaissez Twilight, la série Jack Reacher de Lee Child et les aventures d’Alex Cross de James Patterson? Et que dire de la saga Harry Potter, qui compte plus d’un million de mots?
Personne n’est prêt à dire que ces livres sont des chefs-d’œuvre de la littérature. Pourtant, une nouvelle étude parue dans la revue Reading and Writing montre que plus une personne lit des romans, même ceux destinés au marché de masse et considérés comme de la lecture facile, meilleures seront ses connaissances linguistiques.
L’article a été rédigé par Sandra Martin-Chang, professeure en sciences de l’éducation de la Faculté des arts et des sciences, et la doctorante Stephanie Kozak. Elles ont observé que les personnes qui aimaient lire de la fiction pour le plaisir et qui s’identifiaient comme des lecteurs ont mieux réussi aux tests d’aptitude linguistique, alors que celles qui lisaient surtout pour obtenir certains renseignements ont obtenu de moins bons résultats à ces tests. Kyle Levesque de l’Université Dalhousie, Navona Calarco du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto et Raymond Mar de l’Université York sont les coauteurs de l’article.
Alors que la lecture de détente est un passe-temps en déclin, particulièrement chez les jeunes adultes, Mme Martin-Chang déclare que le fait d’insister sur l’aspect divertissant de cette activité pourrait renouveler l’intérêt des lecteurs pour les romans tout en développant leurs habiletés verbales.
« Pour un lecteur, savoir qu’il a la permission de plonger dans les séries de livres qu’il aime est quelque chose de très positif et de réconfortant, affirme Mme Martin-Chang. C’est un peu comme ces recherches qui disent que le chocolat est bon pour la santé : le plaisir coupable de lire de la fiction est associé à des bienfaits cognitifs et verbaux. »
Un passe-temps qui inculque de bonnes habitudes
Mmes Martin-Chang et Kozak ont utilisé un outil développé par M. Mar, le prédicteur de lecture de détente (ou PoLR pour Predictors of Leisure Reading) afin d’enquêter sur les comportements des lecteurs (motivations, obstacles, attitudes et centres d’intérêt). Elles ont étudié la capacité du PoLR à prédire les habiletés linguistiques de 200 étudiantes et étudiants du premier cycle en utilisant des données recueillies à l’Université York.
Les chercheuses notent que le groupe d’âge des sujets de l’étude présente un intérêt particulier. En effet, au début de l’âge adulte, la lecture devient un choix plutôt qu’une obligation, ce qui fait de cette période un moment crucial pour développer ses habitudes de lecture. De plus, cette population est peu étudiée, car les recherches existantes se concentrent davantage sur les enfants.
Les chercheuses ont pris une série de mesures pendant deux séances distinctes de 30 minutes. D’abord, les bénévoles ont répondu aux 48 questions de l’outil PoLR afin de mesurer divers facteurs de lecture. Ils ont ensuite été soumis à un test linguistique semblable à celui du test SAT et à un test évaluant leurs habitudes de lecture appelé Author Recognition Test (test de reconnaissance des auteurs). Dans ce test, les participants devaient sélectionner les noms d’auteurs de fiction et de non-fiction qu’ils connaissaient parmi une liste de vrais noms et de noms fictifs. Il existe une corrélation entre les résultats de ce test et les comportements de lecture et les habiletés verbales des lecteurs. En effet, les participants ayant obtenu les meilleurs résultats lisent plus et ont de meilleures habiletés verbales que ceux ayant obtenu de moins bons résultats.
Après l’analyse de ces données, les chercheuses ont conclu que le plaisir de lire, une attitude positive et des centres d’intérêt bien ancrés sont des signes d’une plus grande habileté verbale et des caractéristiques associées à des lecteurs de fiction plus souvent qu’à des lecteurs de non-fiction.
La lecture : une histoire d’amour
Les nombreux bienfaits de la lecture sont connus depuis longtemps. En plus d’avoir de meilleures habiletés verbales, les lecteurs de longue date sont reconnus comme étant plus compréhensifs, plus emphatiques et plus impartiaux, leur statut socioéconomique est plus élevé, ils vivent plus longtemps et sont en meilleure santé que les gens qui ne lisent pas.
Les enseignants et les parents peuvent transmettre l’amour de la lecture aux plus jeunes en les laissant lire ce qu’ils veulent, sans culpabilité ni honte.
« L’intérêt profond pour la lecture, l’envie de lire et de relire un livre et l’attrait pour une série entière, des personnages ou des auteurs sont des points positifs », conclut Mme Martin-Chang.
Lire l’article cité : « What’s your pleasure? Exploring the predictors of leisure reading for fiction and nonfiction »