Une chercheuse de l’Université Concordia trouve une nouvelle utilité médicale à l’intelligence artificielle
Negin Ashouri s’est donné pour mission d’améliorer la qualité de vie des femmes, un dispositif médical à la fois. Même les défis posés par la pandémie mondiale n’ont pas empêché la jeune entrepreneure de développer une technologie unique en son genre pour réaliser son objectif.
Sa prothèse intravaginale jetable et biodégradable faite sur mesure pour les femmes souffrant d’une descente des organes pelviens lui a permis d’obtenir un prestigieux prix de Mitacs. L’organisme national qui soutient l’innovation encourage la croissance en relevant des défis d’affaires grâce aux solutions que peut apporter la recherche universitaire.
Mme Ashouri a reçu le prix remis par Mitacs à un entrepreneur agent de changement lors d’une cérémonie virtuelle le 10 juin. Elle fait partie des cinq lauréats des Prix des entrepreneurs Mitacs à être reconnus pour les efforts visant à transformer les résultats de leur recherche en une entreprise novatrice qui améliore la vie des Canadiennes et des Canadiens.
Mme Ashouri est cofondatrice et chef de la direction intérimaire de la société montréalaise FemTherapeutics. Elle est également chercheuse et boursière Mitacs à la maîtrise au Département d’informatique et de génie logiciel de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université Concordia.
L’étudiante s’intéresse principalement aux utilisations de l’intelligence artificielle dans le domaine de la médecine. Mme Ashouri a eu l’idée de créer ce dispositif sur mesure – appelé « pessaire » – lors d’un travail d’équipe réalisé dans le cadre du Programme d’innovation en chirurgie à l’Université McGill. Le programme interdisciplinaire aux cycles supérieurs est offert conjointement par le Département d’informatique et de génie logiciel et l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia, l’Université McGill et l’École de technologie supérieure.
Après avoir cofondé FemTherapeutics avec trois camarades de classe en avril 2019, et grâce au soutien de l’incubateur montréalais Centech, Mme Ashouri est en bonne voie de commercialiser son dispositif médical révolutionnaire d’ici la fin de 2022, sous réserve de l’approbation de Santé Canada et de la U.S. Food and Drug Administration.
« Lorsque nous avons appris que la conception des pessaires n’avait pas changé depuis plus de 50 ans et que les produits actuels ne fonctionnaient pas bien pour les patientes, nous avons décidé d’agir », dit Negin Ashouri.
« Actuellement, 40 % des pessaires prescrits n’aident pas les femmes, ce qui ne leur laisse pas d’autre choix que de subir une intervention invasive de reconstruction chirurgicale. »
La descente des organes pelviens – qui désigne la descente d’un ou de plusieurs organes pelviens par rapport à leur position normale et leur saillie dans le vagin – touche une femme sur dix dans le monde. Son traitement représente un marché de 1,2 milliard de dollars américains.
Les pessaires actuels sont inconfortables. Ils doivent être insérés et retirés manuellement, et doivent aussi être nettoyés et réinsérés tous les mois pour éviter les infections. Leur taille est aussi déterminée par essai et erreur, un processus qui nécessite souvent de nombreuses consultations.
FemTherapeutics utilise le même processus d’impression 3D que les orthodontistes pour fabriquer des appareils sur mesure. Les mesures vaginales prises par le médecin sont saisies dans le logiciel de l’entreprise et traitées par un algorithme pour concevoir le pessaire parfaitement adapté à la patiente. La prothèse est ensuite imprimée en 3D à partir de silicone de qualité médicale.
FemTherapeutics, qui compte maintenant 10 employés, fournit aussi des applicateurs faciles à utiliser. Ses produits sont jetables et biodégradables, ce qui élimine la nécessité de les nettoyer et de les réinstaller. Un nouveau pessaire peut ainsi être inséré chaque mois.
« La plupart des femmes qui souffrent de ce problème ont plus de 40 ans et ne sont pas à l’aise avec le retrait, le nettoyage et l’insertion de ces dispositifs. Il en résulte parfois des infections ou de l’irritation », explique Mme Ashouri.
« Grâce à notre système, le pessaire retiré peut être jeté, et la patiente peut facilement en insérer un nouveau, propre. »
Apprenez-en davantage sur le Département d’informatique et de génie logiciel de l’Université Concordia.
Cet article a été préparé avec le soutien du Mitacs.