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Le programme SIGHTINGS est de retour en personne à la Galerie Leonard & Bina Ellen de Concordia

L’installation photo de l’artiste montréalaise Emmanuelle Duret soulève la question éthique de la visite de lieux hautement chargés en perte et en destruction
7 octobre 2021
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Vue d’installation de Sightings 33, Die KZ und die Gedenkstätte: Replica I, un projet d’Emmanuelle Duret. Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen, Université Concordia, Montréal. Photo : Steven Smith Simard.
Vue d’installation de Sightings 33, Die KZ und die Gedenkstätte: Replica I, un projet d’Emmanuelle Duret. | Avec l’aimable concours de la Galerie Leonard & Bina Ellen, Université Concordia, Montréal. Photos : Steven Smith Simard.

Le lieu commémoratif du camp de concentration de Dachau est le sujet d’une installation photographique qui lance l’édition 2021-2022 du programme SIGHTINGS de la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia.

Cette saison, le programme SIGHTINGS est de retour avec des projets sur place, après une année en virtuel en raison de la pandémie.

« Je suis ravie d’être de retour », affirme Julia Eilers Smith, conservatrice de SIGHTINGS et conservatrice de recherche Max-Stern à la Galerie Leonard & Bina Ellen.

« Trois projets se dérouleront au cours de l’année universitaire : un premier cet automne, un deuxième cet hiver et un troisième cet été. Mon rôle est de définir un thème – qui est celui de la fiction cette année –, à partir duquel chaque projet est conçu. Je propose aussi des artistes et j’aide aux installations. »

Le programme d’expositions satellites SIGHTINGS a été inauguré en 2012 pour célébrer le 50e anniversaire de la collection permanente de la Galerie Leonard & Bina Ellen. Mélanie Rainville, la conservatrice de la collection à l’époque, a conçu ce programme comme une plateforme d’expérimentation et de réflexion critique afin de s’interroger sur les possibilités et les limites de l’espace du « cube blanc » moderniste.

Dans le cadre de ce programme, les artistes et les commissaires créent des projets adaptés à une unité d’exposition cubique, située au rez-de-chaussée du pavillon Henry-F.-Hall.

L’installation photographique Die KZ und die Gedenkstätte: Replica I de l’artiste montréalaise Emmanuelle Duret se concentre sur la muséification du lieu commémoratif du camp de concentration de Dachau en Allemagne, au moyen de la photographie, de l’archive, du texte et du design d’exposition. L’installation interroge les rapports subjectifs et éthiques que les visiteurs entretiennent avec un lieu hautement chargé en perte et en destruction.

« Une boîte commémorative éphémère »

Raoul Duret, le grand-père d’Emmanuelle Duret, est un survivant du camp de concentration de Dachau et du sous-camp d’Allach. Pour la création de ses photos, l’artiste s’est rendue en Allemagne avec son appareil argentique obsolète. Elle s’intéressait aux effets résultants d’une exposition, d’un traitement chimique et d’une pellicule en blanc et noir imprévisibles, des caractéristiques communes au répertoire historique des images des camps de concentration.

Emmanuelle Duret commente le processus d’exposition de ses photos dans l’installation cubique SIGHTINGS du pavillon Henry-F.-Hall.

« Le cube se transforme en boîte commémorative éphémère, qui substitue les visiteurs du lieu commémoratif aux spectateurs et aux passants du pavillon. Ceux-ci sont invités à réfléchir sur le regard que nous posons sur l’histoire. Les quatre photographies nous amènent au seuil du camp », écrit-elle dans les notes du projet.

« Nous sommes placés derrière quatre images qui se font face et qui forment un dialogue intérieur, accessible seulement de façon oblique ou frontale, à travers l’espace vide du cube : la distance d’un espace-temps, un espace pour réfléchir à l’écart devant lequel l’histoire nous place irrémédiablement. »

Le résultat est une réflexion profonde sur la muséification des lieux commémoratifs, un thème récurrent dans les œuvres d’Emmanuelle Duret. Ses projets actuels examinent des lieux de mémoire et explorent la transmission intergénérationnelle et le tourisme sombre.

Cette muséification est évidente à Dachau, où le portail d’entrée est en réalité une reproduction. Le portail d’origine se retrouve à la fin de l’exposition permanente du lieu commémoratif. À l’ère d’Instagram, des centaines de milliers de visiteurs, chaque année, photographient la reproduction sous toutes ses coutures et la partagent sur les réseaux sociaux.

« Dans son projet, Emmanuelle Duret inclut des photographies de personnes en train de prendre en photo la reproduction du portail », souligne Julia Eilers Smith. « Elle analyse ce qui nous pousse à photographier une chose qui a déjà été prise en photo par des millions de gens, et qui est une reproduction du vrai objet historique. »


L’installation photographique
Die KZ und die Gedenkstätte : Replica I d’Emmanuelle Duret peut être visitée à l’unité d’exposition cubique SIGHTINGS, au rez-de-chaussée du pavillon Henry-F.-Hall de Concordia (1455, boul. de Maisonneuve Ouest), entre 7 h et 23 h, jusqu’en janvier 2022.

 



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