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Felicity T. C. Hamer, chercheuse engagée de Concordia, explore le souvenir en photographie

La doctorante en communication étudie le rôle que jouent les photographies marquantes sur le plan personnel en matière de deuil et de souvenir
12 novembre 2021
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« Je veux comprendre mes propres relations avec les images », affirme Felicity Hamer. | Photo : Courtney O'Hearn
« Je veux comprendre mes propres relations avec les images », affirme Felicity T. C. Hamer. | Photo : Courtney O'Hearn

Dans le cadre de son doctorat, Felicity Tsering Chödron Hamer étudie le rôle que jouent les photographies ayant une signification personnelle dans le souvenir et le deuil.

Son travail consiste à comprendre comment les personnes endeuillées prolongent le lien avec l’être aimé par le biais d’objets photographiques imprégnés d’une intense signification commémorative – introduisant et développant un concept qu’elle appelle « hauntography ».

Musicienne accomplie et mère de deux enfants, Felicity Hamer a une formation en histoire de l’art et est l’auteure du livre Parental Grief and Photographic Remembrance : A Historical Account of Undying Love.

« Les photographies d’êtres chers feront toujours l’objet d’activités commémoratives »

Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce sujet d’étude?

Felicity Hamer : J’ai l’impression d’avoir toujours pensé à cela, à la relation entre la photographie et la mémoire. J’ai commencé à utiliser l’appareil photo de ma mère vers l’âge de huit ans et j’ai ensuite passé de nombreuses années derrière l’objectif, à rassembler des photos de personnes qui m’entouraient, et à y réfléchir. Jeune adulte, j’ai étudié la photographie et je me suis souvent produite devant mon propre appareil. J’ai fini par m’orienter vers l’histoire de l’art et la théorie de la photo, en étudiant les photographies de personnages historiques. Ce qui a changé ces dernières années, c’est mon objectif. Une série de pertes personnelles a déplacé mon regard vers l’intérieur, puis vers les utilisations actuelles de la photographie dans la pratique du deuil.  

Diriez-vous que vos recherches ont un objectif pratique comme celui d’aider les gens à faire face au deuil? Ou plutôt que cet objectif relève davantage de la sphère privée?

FH : J’admets que mes recherches relèvent davantage de l’ordre privé; je veux comprendre mes propres relations avec des photographies personnellement marquantes. Mais je pense que cela pourrait représenter des avantages bénéfiques pour d’autres personnes également. Si nous parvenons à mieux comprendre le rôle que jouent les photographies et l’imagination dans cette activité de commémoration, nous pourrons offrir un soutien plus éclairé et compatissant aux personnes qui pleurent la perte d’un être cher. Nous pourrons également faire preuve d’une plus grande compassion envers nous-mêmes et peut-être trouver des utilisations plus efficaces de la photographie pour soulager la perte.

Nous vivons dans un monde qui est devenu essentiellement numérique. Nous sommes plongés dans des images accessibles sur Internet. Pourquoi les photographies imprimées sont-elles encore importantes?

FH : Je suis attirée par les objets physiques parce que je fais partie d’une génération dont les souvenirs d’enfance ont été capturés par des technologies photographiques analogiques, puis imprimés sur du papier et regroupés dans des albums, jetés dans des boîtes à chaussures ou encadrés. Il y avait moins de photographies, mais elles étaient si souvent vues par plusieurs personnes à la fois, dans l’espace réel. Les photographies des êtres chers auront toujours leur place dans les activités de commémoration — c'est la contexte de reception qui a changer. Nous ne sommes plus physiquement ensemble quand nous partageons et réagissons à ces images en ligne.

Votre livre Parental Grief and Photographic Remembrance aborde les questions de la mort, de la perte et du souvenir. Certains pourraient dire qu’il s’agit d’un sujet lourd. Cette recherche a-t-elle eu une influence émotionnelle sur vous?

FH : C’était un livre très difficile à écrire. Les exigences quotidiennes de la maternité – amener mes deux enfants à la garderie et à l’école, être active dans ces deux espaces – ont apporté un répit et un équilibre bienvenus aux photographies et aux témoignages que je consultais. J’ai souvent craqué. Mais comment faire autrement? Des personnes proches de moi ont subi ces pertes dévastatrices, et je n’ai pas du tout pris cela à la légère. La perte d’un enfant jeune ou adulte paraît anormale et, d’une certaine manière, particulièrement tragique. Les personnes endeuillées sont trop souvent réduites au silence par le malaise que cela provoque chez les autres.

Pouvez-vous expliquer votre concept d’hauntography ?

FH : Certaines photographies font tellement partie intégrante de notre souvenir des personnes absentes que la capacité de la photographie à participer à ce souvenir ne dépend plus de l’objet visible. Égarées ou volontairement mises de côté, ces photographies absentes (les objets matériels) restent pourtant centrales dans les souvenirs; elles sont à la fois absentes et présentes, comme un fantôme. C’est pourquoi je les ai appelées « hauntographs ».

Vous êtes également une musicienne accomplie. Les chansons et les enregistrements sonores peuvent-ils aussi servir de souvenirs aux personnes en deuil?

FH : Absolument. Ne le faisons-nous pas tous? Les photographies peuvent incarner une personne ou l’espace auquel nous aspirons, mais les enregistrements sonores peuvent les évoquer; et les deux peuvent nous transporter et nous apaiser. L’imagerie visuelle est un thème récurrent dans mon écriture et dans les chansons que je choisis d’interpréter.

Dans la chanson « Stay With Me Awhile » de mon groupe The Slowinks, je partage ma propre expérience de la présence résiduelle d’une personne que j’ai perdue – je la recherche en traversant les espaces qui me la rappellent si souvent.


Rejoignez Felicity Hamer le 23 novembre prochain lors de son activité en ligne
Hauntography: a discussion of the remembered experience through absent photographs (« hauntography  : une discussion sur le souvenir de l’expérience à travers des photographies absentes »).

Apprenez-en davantage sur le Département de communication de l’Université Concordia.

 



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