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La décarbonation naturelle peut jouer un rôle crucial pour freiner la hausse des températures, selon une étude de Concordia

D’après Damon Matthews, les écosystèmes peuvent contribuer aux efforts d’atténuation des changements climatiques, mais il faut plus
29 mars 2022
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Dans sa lutte pour ralentir, voire inverser le cours des changements climatiques, l’humanité devra miser sur un éventail de mesures et de comportements. La première mesure, et la plus importante, est la réduction draconienne de l’utilisation de combustibles fossiles. Les puits de carbone naturels de la Terre, comme les forêts, les tourbières, les milieux humides et autres écosystèmes, jouent également un rôle crucial dans l’élimination du carbone de l’atmosphère.

Une étude sur le sujet, dirigée par Concordia, est parue récemment dans la publication Communications Earth & Environment de la revue Nature. Ses auteurs y expliquent le rôle important des solutions naturelles de lutte contre les changements climatiques dans l’atteinte de l’objectif de carboneutralité d’ici 2050 établi par l’Accord de Paris. Selon eux, des mesures telles que l’augmentation de la couverture forestière, l’amélioration des pratiques agricoles et la remise en état ou la conservation des écosystèmes capteurs de carbone peuvent réduire considérablement l’ampleur du réchauffement climatique prévu. Toutefois, elles doivent absolument s’accompagner d’une réduction draconienne des émissions de gaz à effet de serre.

« Cette analyse indique que si nous réussissons à diminuer rapidement les émissions attribuables aux combustibles fossiles tout en augmentant la quantité de carbone stockée dans les écosystèmes, l’effet sur les changements climatiques sera manifeste, explique Damon Matthews, professeur au Département de géographie, urbanisme et environnement et auteur principal de l’étude. Cela ne représente qu’une partie de l’effet global, mais il s’agit d’une contribution mesurable aux efforts de lutte contre les changements climatiques. »

 

Damon Matthews : « Cela pourrait nous inciter à revoir le rapport que nous entretenons avec le monde naturel » Damon Matthews : « Cela pourrait nous inciter à revoir le rapport que nous entretenons avec le monde naturel »

Même un stockage temporaire est utile

Bien que le stockage du carbone par des moyens naturels puisse sembler évident et relativement facile à mettre en œuvre, il ne faut pas le considérer comme une solution permanente, prévient M. Matthews. Une bonne partie du carbone stocké dans la nature pourrait être relâchée dans l’atmosphère en raison de l’activité humaine ou de perturbations, comme celles provoquées par les incendies de forêt. Mais même si de telles situations se produisent, un stockage réussi du carbone au cours des prochaines décennies pourrait avoir un effet modérateur sur la hausse des températures planétaires.

Les chercheurs ont utilisé un modèle de climat planétaire pour évaluer l’effet du stockage terrestre du carbone en fonction de différents scénarios d’émissions et selon divers degrés de décarbonation. Les résultats indiquent que si les émissions augmentent de façon modérée au cours des prochaines décennies, puis diminuent graduellement, le stockage temporaire du carbone par des moyens naturels retarde la hausse des températures, mais n’en réduit pas l’ampleur.

Un autre scénario, qui implique une réduction considérable des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à la carboneutralité en 2050, est plus encourageant : il indique que les températures atteindront un sommet au milieu du siècle, puis diminueront. Selon ce scénario, les mesures d’élimination du carbone par des moyens naturels rendront le sommet des températures moins élevé, ce qui contribuera à limiter la hausse aux objectifs établis par l’Accord de Paris.

M. Matthews affirme que ces mesures, lorsqu’elles sont bien conçues, offrent de nombreux avantages, outre celui de contribuer à atténuer les changements climatiques.

« Cela pourrait nous inciter à revoir le rapport que nous entretenons avec le monde naturel. La remise en état ou la conservation des écosystèmes peut aussi se révéler bénéfique pour la biodiversité, l’eau et la qualité de l’air. De plus, elle peut présenter des avantages sur le plan social. Les solutions basées sur la nature doivent respecter les droits territoriaux des Autochtones, mais elles pourraient également être prises en charge par les communautés autochtones elles-mêmes. Toutes les parties en ressortiraient gagnantes. »

L’étude a été coécrite par Kirsten Zickfeld, Alexander MacIsaac et Sabine Mathesius de la Simon Fraser University, Mitchell Dickau et Claude-Michel Nzotungicimpaye de Concordia et Amy Luers de Microsoft.


L’étude a été réalisée avec le soutien financier de Microsoft Corporation et du
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

 

Lisez l’étude citée : « Temporary nature-based carbon removal can lower peak warming in a well-below 2˚C scenario »

 



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