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Les femmes sont de plus en plus présentes dans le milieu de l’intelligence artificielle, mais y sont toujours sous-représentées, indique une nouvelle étude de Concordia

Une analyse de 20 ans de données professionnelles brosse le portrait d’un secteur dominé par les hommes où une brèche s’ouvre peu à peu
25 mai 2022
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Young Japanese girl with robot
Mahdis Mousavi, Unsplash

Avec la croissance du secteur de l’intelligence artificielle (IA) à l’échelle mondiale, et plus précisément au Canada, force est de constater que les chercheuses de ce secteur doivent surmonter bon nombre des mêmes défis que leurs homologues des autres domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). La sous-représentation, de faibles taux d’embauche et des occasions professionnelles limitées leur font constamment obstacle.

Mais, à en croire une nouvelle étude publiée dans le Journal of Informetrics, les choses pourraient bientôt changer. Les auteurs y analysent l’évolution des tendances de représentation des genres dans le secteur de l’IA, de 2000 à 2019. Ils ont eu recours à une analyse des réseaux sociaux, à des techniques de traitement du langage naturel, à une analyse statistique et à l’apprentissage machine pour examiner la place occupée par les femmes et la nature de leur travail dans ce domaine en constante évolution et de plus en plus diversifié.

Dans l’ensemble, l’étude montre que le nombre de femmes travaillant dans le domaine de l’IA est en hausse depuis le début du siècle, mais que leur représentation est demeurée plus ou moins constante, autour de 27 pour cent. Les chercheurs soulignent toutefois qu’une hausse marquée des collaborations incluant au moins une femme constitue un signe encourageant.

« Les femmes se font plus présentes et influentes dans le domaine scientifique de l’IA », affirme Andrea Schiffauerova, coauteure de l’étude et professeure agrégée à l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de l’Université Concordia de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody.

Nouvellement diplômée (M. Sc. A. 2022), Anahita Hajibabaei est l’auteure principale de l’article. Ashkan Ebadi, professeur adjoint affilié à Concordia et agent principal de recherches au Conseil national de recherches Canada, a travaillé avec elle à titre de cosuperviseur.

Ashkan Ebadi Ashkan Ebadi: « Notre analyse montre que le nombre de femmes occupant ces postes principals dans leur propre réseau scientifique augmente avec le temps ».

Diversité et ressemblances

Les horizons variés des chercheurs en IA, hommes et femmes, sont mis de l’avant dans l’article. Mais en examinant plus attentivement les schémas de collaboration, les chercheurs ont remarqué une tendance intéressante.

Au rang individuel, la diversité disciplinaire était élevée, ce qui signifiait que les chercheurs s’intéressaient à des sous-domaines variés de l’IA. Ils étaient toutefois plus susceptibles de collaborer avec des scientifiques dont l’expérience professionnelle ressemblait à la leur. Selon Mme Schiffauerova, ce type d’homophilie peut être utile à des scientifiques qui présentent déjà des horizons de recherche diversifiés.

« Lorsque vous entrez en collaboration avec une personne d’un autre domaine, vous pouvez vous heurter à plusieurs obstacles, notamment en ce qui concerne les communications, votre compréhension mutuelle et vos façons de penser, explique-t-elle. Or, l’homophilie disciplinaire facilite le partage de connaissances entre les membres de l’équipe. »

Elle ajoute que les femmes avaient davantage tendance à l’homophilie disciplinaire et de genre que les hommes.

L’article mentionne également qu’un nombre relativement peu élevé de chercheuses en IA jouaient un rôle central au sein de leur propre réseau scientifique. Le fait d’occuper un poste principal peut grandement renforcer les liens de collaboration et ainsi favoriser l’avancement professionnel. Malheureusement, en moyenne, les chercheuses principales avaient moins d’ancienneté et d’influence sur le plan professionnel que leurs homologues masculins. Cette différence serait attribuable à plusieurs facteurs, comme les obligations familiales amenant certaines femmes à abandonner la recherche, le manque de modèles féminins et les milieux de travail principalement masculins.

Le professeur Ebadi souligne que, même si beaucoup reste à faire, l’optimisme est de mise : « notre analyse montre que le nombre de femmes occupant ces postes augmente avec le temps ».

Grâce aux programmes d’assistance continue conçus pour encourager les femmes à devenir chercheuses en IA et à le rester, les auteurs espèrent assister à une hausse de la collaboration et voir davantage de femmes non seulement atteindre des niveaux d’ancienneté supérieurs, mais aussi devenir des chercheuses vedettes capables d’inspirer les jeunes scientifiques.

Les travaux de recherche de cette étude ont été financés par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), par l’intermédiaire du Partenariat 4POINT0.

Lisez l’article cité : « Gender-specific patterns in the artificial intelligence scientific ecosystem » (« schémas sexospécifiques dans l’écosystème scientifique de l’intelligence artificielle »).



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