Chercheuse-doctorante à Concordia, Cassandra Johannessen examine le lien entre les pneus de véhicules et la pollution atmosphérique
Dans le monde urbain, les pneus sont partout. Non seulement sur les véhicules roulants, mais aussi fréquemment sous d’autres formes à la suite de leur recyclage, comme dans les tapis pour terrains de jeux et les terrains de sport à surface synthétique.
Cassandra Johannessen est chercheuse-doctorante en chimie et en biochimie à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia. Elle travaille à combler certaines lacunes de connaissances entourant actuellement l’occurrence, le comportement et le devenir des polluants atmosphériques dérivés de pneus.
Intitulé « Composition and transformation chemistry of tire-wear derived organic chemicals and implications for air pollution », son nouvel article porte sur la façon dont les particules d’usure des pneus peuvent avoir une incidence non seulement sur la vie aquatique, mais aussi sur la qualité de l’air et la santé humaine.
Des répercussions environnementales
« Nous sommes nombreux à vivre en contact étroit avec des produits de consommation dérivés de pneus. Nous possédons cependant une compréhension limitée des conséquences que cela peut avoir », explique Cassandra Johannessen.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la fabrication des pneus met en œuvre un très large éventail de produits chimiques complexes qui, une fois dans l’environnement, peuvent former un nombre encore plus impressionnant de substances chimiques.
Mme Johannessen s’applique à identifier ces composés dérivés de pneus et à comprendre leur comportement.
« Notre travail consiste à faire la lumière sur les diverses substances dont les pneus de véhicules – et les produits issus du recyclage des pneus – sont formés et auxquelles les humains sont exposés par déposition atmosphérique, autrement dit par la voie des airs », précise-t-elle.
Selon la chercheuse, chaque jour, nous en savons un peu plus sur l’impact des pneus de véhicules et des produits chimiques associés dans l’environnement.
Des études ont déjà été menées sur l’incidence du ruissellement de tels composés dans les plans d’eau où vivent des espèces aquatiques comme la truite arc-en-ciel et l’omble de fontaine, fait remarquer Cassandra Johannessen. Toutefois, notre compréhension du rôle des polluants atmosphériques issus de pneus, lesquels sont aéroportés et peuvent franchir de grandes distances, demeure à ce jour limitée.
La chercheuse espère que son travail à Concordia incitera les fabricants de pneus à repenser leurs produits.
« Une fois que les substances chimiques suscitant des préoccupations auront été identifiées, les fabricants devront travailler à remplacer ces composés problématiques par des solutions moins dangereuses », soutient Mme Johannessen.
« Ces solutions de rechange doivent remplir la même fonction que les substances chimiques qu’elles remplacent, de sorte à maintenir l’intégrité du produit tout en ayant un impact moindre sur l’environnement. »
La science participative en action
Entre-temps, la doctorante souligne que des mesures d’atténuation doivent être adoptées plus largement. À ce titre, les eaux de ruissellement des autoroutes doivent être détournées des bassins versants et traitées adéquatement.
« Nous nous réjouissons à l’idée d’étendre la participation à ces travaux de recherche de manière à y inclure une variété de collaboratrices et collaborateurs, dont des universitaires, des fonctionnaires, des artistes, des membres de la communauté et d’autres “citoyens scientifiques”. Nous souhaitons aborder ce problème de pollution urbaine sous différents angles », fait valoir Cassandra Johannessen.
« Je suis d’avis qu’en privilégiant une approche interdisciplinaire chaque fois que c’est possible, nous serons mieux outillés pour mener des recherches porteuses », conclut-elle.
Découvrez l’article cité : « Composition and transformation chemistry of tire-wear derived organic chemicals and implications for air pollution ».