Des membres de la communauté de Concordia et leurs partenaires autochtones ont présenté leur dernier projet cinématographique dans le cadre de la COP 15, à Montréal
Sous la direction d’Aphrodite Salas, professeure adjointe de journalisme, et sous celle de leurs partenaires autochtones, deux étudiants en journalisme à Concordia ont récemment présenté leur travail au Pavillon du Canada dans le cadre de la COP 15. Organisée par les Nations Unies, cette conférence portant sur l’essentielle préservation de la biodiversité s’est déroulée à Montréal du 7 au 19 décembre 2022.
L’équipe a réalisé un documentaire et un projet multimédia consacrés au village inuit d’Inukjuak. Intitulé Innavik: Leading the way to a clean energy future, le documentaire raconte la construction de la première installation hydroélectrique dans l’Arctique québécois et se penche sur l’abandon par la petite communauté nordique du dangereux carburant qu’est le diesel, après des décennies de dépendance.
CTV News comptait parmi les partenaires du projet.
« Je ne pourrais être plus fière »
« Mes étudiants ont travaillé d’arrache-pied sur ce projet, rappelle la Pre Salas. Je ne pourrais être plus fière d’eux. »
Le projet a été financé par le Conseil de recherches en sciences humaines et aussi grâce au prix remporté par la Pre Salas en 2020 dans le cadre du Programme de récompenses aux jeunes innovateurs de Petro-Canada.
L’équipe a également réalisé un documentaire consacré à Simeonie Nalukturuk, un aîné de la communauté, anciennement maire d’Inukjuak et décédé pendant la réalisation du projet.
Une première nordique
La première projection publique des deux documentaires a eu lieu à l’École secondaire Uquutaq d’Inukjuak le 2 novembre, la veille de la mise en ligne de l’intégralité du projet multimédia sur le site web de CTV Montreal. Elle a été suivie d’une assemblée à laquelle Aphrodite Salas et ses étudiants ont participé par Zoom : « Nous avons parlé du processus de tournage ainsi que du journalisme conciliatoire et collaboratif, en plus de répondre aux questions des participants sur le journalisme à Concordia », raconte la Pre Salas.
La projection dans le cadre de la COP 15 a quant à elle eu lieu après un mois de novembre marqué par plusieurs autres présentations du projet.
Aalacie Nalukturuk, la veuve de Simeonie, était présente lors de la projection à l’École secondaire Uquutaq.
« Ce documentaire montrant mon époux parlant de ce qui le passionnait m’a remplie de gratitude et se mariait parfaitement avec Innavik, commente-t-elle. L’enthousiasme de tous ces jeunes chefs de file d’aujourd’hui est formidable. Nakurmiik à tous les participants au projet! »
Nancy Osbourne, administratrice de l’École secondaire Uquutaq, a pris part à la planification de la projection.
Elle dit avoir été très émue par celle-ci : « C’est pour moi un privilège et un honneur de vivre dans un endroit comme Inukjuak, dont bien des gens ne savent même pas qu’il existe. Je me réjouis de partager sa culture et sa langue. »
Innavik a également été présenté le 11 novembre dans le cadre de la COP 27, à Charm el‑Cheik en Égypte.
« Le fait que ces documentaires aient été présentés en Égypte après l’avoir été en première ici et sur le site de CTV est à la fois impressionnant et excitant », souligne Mme Osbourne.
Eric Atagotaaluk, directeur de la Corporation financière Pituvik, confirme que la projection à l’École secondaire Uquutaq a été un succès. Apparaissant à maintes reprises dans le documentaire sur le climat, il a travaillé pendant près de 20 ans au projet de la petite communauté axé sur les énergies renouvelables.
« Ça a été un honneur de présenter aux étudiants un documentaire consacré à un projet initié par la population locale, déclare-t-il. Celui-ci sera porteur, espérons-le, d’un avenir meilleur pour la communauté et pour ses membres. On voit ainsi à quel point notre communauté contribue à la lutte contre les changements climatiques depuis qu’elle a réduit en grande partie sa dépendance au diesel. »
Première en ligne sur CTV
« Je suis vraiment heureuse que les fruits du projet aient enfin été publiés après tous les efforts que nous avons déployés depuis un an », souligne Kaaria Quash, doctorante à Concordia, journaliste et réalisatrice, dont le projet s’inscrit dans le cadre de sa thèse.
Le 3 novembre, CTV Montreal a proposé un événement marqué par des entrevues avec les partenaires de recherche de la Pre Salas issus d’Indigenous Clean Energy et de la Corporation financière Pituvik, à Inukjuak.
CTV a à cette occasion dévoilé un site web multimédia proposant le documentaire Innavik, celui consacré à Simeonie Nalukturuk, une galerie de photos, ainsi qu’un article enrichi de nombreux éléments interactifs et encadrés.
Certains membres de l’équipe admettent qu’ils étaient nerveux avant la mise en ligne : « Les jours passés à tout finaliser ont été très intenses, raconte Luca Caruso-Moro, ancien étudiant désormais journaliste à temps plein à CTV Montreal, qui était entièrement responsable de la conception du site web. J’ai eu du mal à dormir la veille, car le site regroupe tellement d’éléments... Est-ce que tout allait fonctionner quand on appuierait sur “Publier”? Finalement, je suis ravi du résultat. L’équipe de CTV a énormément contribué à mettre notre travail en lumière. »
« Un exemple de communication collaborative et globale »
Le point culminant de la présentation du projet restera la projection d’Innavik lors de la COP 27, dans le cadre d’un événement organisé par Indigenous Clean Energy.
Le directeur général de celle-ci, Chris Henderson, présent en Égypte, s’est également exprimé en ces termes dans le cadre de la table ronde organisée lors de la COP 15 : « Même si les jours sont courts dans l’Arctique canadien pendant l’hiver, l’histoire d’Innavik Hydro racontée dans le documentaire est comme un rayon de soleil qui permet d’entrevoir un avenir plus propre et radieux pour la communauté d’Inukjuak, le Canada et le monde entier.
« La projection du documentaire dans le cadre de la 27e Conférence sur les changements climatiques en Égypte, puis aujourd’hui dans celui de la 15e Conférence sur la biodiversité, est un exemple de communication collaborative et globale respectueuse des cultures autochtones. »
Une nouvelle approche du journalisme
Aphrodite Salas, dont le travail s’inscrit dans le cadre des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, se dit honorée par l’accueil que la communauté lui a réservé, de même qu’à son équipe.
« Nous sommes parvenus à forger des liens importants avec cette communauté, ce qui n’était pas forcément évident », souligne-t-elle.
L’équipe rend hommage à la Pre Salas pour ses méthodes d’enseignement novatrices : « Le fait de travailler si longtemps sur un projet et d’assister enfin à la présentation de ses fruits suscite forcément un torrent d’émotions, confie Virginie Ann, journaliste de la CBC actuellement en poste au Yukon. Mon adhésion à l’équipe, en 2018, m’a énormément apporté en tant que journaliste. Je suis très fière de ce qu’Aphrodite a accompli et de ce qu’elle continue de faire. Elle déconstruit une ancienne approche du journalisme et nous ouvre de nouvelles voies. C’est très inspirant. »
Apprenez-en davantage sur le Département de journalisme de Concordia.
Regardez la vidéo consacrée à la projection d’Innavik: Leading the way to a clean energy future et à la table ronde qui l’a suivie dans le cadre de la COP 15, à Montréal.