Les obstacles à l’avancement professionnel et le manque de ressources sont d’importantes causes de la procrastination freinant la progression de carrière, selon une nouvelle étude menée à l’Université Concordia
S’il est vrai que les personnes qui procrastinent ont invariablement tendance à tout remettre au lendemain dans l’ensemble des domaines de leur vie, y compris celui de l’avancement professionnel, il ne s’agit pas là du fin mot de l’histoire.
Un article à ce sujet faisant état du mémoire de maîtrise de Lin Zhu (M. Sc. 2019) vient de paraître dans la revue Human Resource Development Quarterly[TTS1] . Selon l’article, des chercheuses et chercheurs ont observé que les gens sont tout aussi susceptibles de procrastiner au chapitre de la progression de leur carrière en raison de leurs traits de personnalité — la procrastination passive ou active — qu’en raison de facteurs contextuels.
La procrastination passive est surtout associée à un manque de confiance en soi, à une peur de l’échec et à des lacunes en matière de gestion du temps. La procrastination active, quant à elle, est davantage attribuable à un degré élevé de confiance, à un besoin d’éprouver les sensations fortes associées au travail sous pression et à de solides compétences en gestion du temps — on établit le temps nécessaire à l’exécution d’une tâche en refusant d’y consacrer une seconde de plus.
« Dans le contexte de l’avancement professionnel, on parle de procrastination lorsqu’une personne remet à plus tard, retarde ou évite — de façon active ou passive — les démarches pouvant mener à une promotion », explique Lin Zhu.
« Nous nous sommes penchés sur deux questions relatives aux sources de la procrastination dans un contexte professionnel : quels sont les caractéristiques internes, propres à une personne, et les facteurs externes, présents dans son environnement, qui sont susceptibles d’amener cette personne à procrastiner? », indique Tracy Hecht, coautrice de l’article, professeure agrégée au Département de management et directrice du mémoire de maîtrise de Lin Zhu.
L’étude est particulièrement intéressante, car elle conclut que les entreprises peuvent aider à réduire la procrastination en matière d’avancement professionnel en éliminant les obstacles contextuels qui y contribuent, notamment la discrimination fondée sur des caractéristiques démographiques comme le genre, la race, la religion, l’identité sexuelle et l’âge.
Elles peuvent aussi contrer la procrastination en fournissant des ressources professionnelles qui aident les personnes à accroître leur confiance en soi et leur capacité d’atteindre leurs objectifs de carrière.
« Les facteurs contextuels sont aussi importants que les traits de personnalité lorsqu’il s’agit de procrastination, affirme la Pre Hecht. Cela signifie que les entreprises ont un rôle central à jouer dans l’élimination des obstacles à l’avancement professionnel, pour que toutes les personnes qui souhaitent progresser puissent le faire. »
Ont également collaboré à la rédaction de l’article Alex Lefter, professeur agrégé, et Kathleen Boies, professeure et titulaire de la chaire de recherche en développement du leadership de l’Université Concordia, tous deux au Département de management.
Confiance et objectifs de carrière
L’équipe de recherche a mené un sondage auprès de 201 employées et employés à deux reprises, à quatre semaines d’intervalle.
Elle s’est appuyée sur une théorie établie, appelée modèle sociocognitif d’autogestion de carrière. Selon cette théorie, les facteurs liés à la personnalité et les facteurs contextuels influent sur la progression professionnelle des personnes, ainsi que sur leur sentiment d’efficacité personnelle dans la sphère professionnelle, c’est-à-dire la confiance qu’elles ont en leur capacité d’atteindre leurs objectifs de carrière.
Les membres de l’équipe de recherche n’ont pas été étonnés des résultats, mais un aspect des conclusions a particulièrement attiré leur attention : dans un contexte professionnel, la procrastination passive et la procrastination active présentent une corrélation positive.
« Cela signifie que plus une personne fait de la procrastination passive, plus elle fait de la procrastination active, explique Tracy Hecht. Quelles qu’en soient les raisons, les retards demeurent des retards, et peuvent nuire à la capacité de saisir les occasions d’avancement de carrière. »
Comment acquérir de la confiance en soi au travail
Les entreprises peuvent contribuer à accroître la confiance en soi des membres de leur personnel et diminuer leur tendance à la procrastination au chapitre de l’avancement professionnel en éliminant les obstacles qui nuisent à leur progression et en leur offrant quantité d’occasions d’avancement et de formation.
Selon Lin Zhu, « le fait de fournir plus de ressources aide les membres du personnel à avoir confiance en leur capacité d’atteindre leurs objectifs professionnels, et ce sentiment de confiance les amène à cesser de procrastiner ».
« Cela peut sembler relever du simple bon sens, mais la confiance en soi est un facteur vraiment puissant qui influe sur une bonne partie de nos comportements, ajoute Tracy Hecht. Lorsque nous avons confiance en nos capacités, nous pouvons accomplir les choses sans attendre. »
Égalité des chances
L’étude montre que les affectations de perfectionnement, soit les occasions temporaires offertes aux membres du personnel d’acquérir des compétences et des connaissances qui ne s’inscrivent pas dans leurs tâches habituelles, constituent une autre façon de favoriser la progression de carrière du personnel.
Il importe que les entreprises prêtent attention à la façon dont elles distribuent ces affectations, car, pour reprendre les mots de Tracy Hecht, « les recherches montrent que les femmes ont tendance à se voir offrir moins de nouveaux défis que les hommes ».
L’étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Lisez l’article intitulé « Personality and contextual predictors of career advancement procrastination: An application of the social cognitive model of career self-management »
Apprenez-en davantage sur le Département de management de l’Université Concordia.