L’Université Concordia accueille le Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires du Québec
L’Université Concordia est devenue une importante plaque tournante pour la recherche sur l’entrepreneuriat des communautés noires dans la province. Le Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires du Québec (Q-BEKH) met en relation des intervenantes et intervenants du milieu de la recherche et de l’entrepreneuriat ainsi que des organismes communautaires dans le but de renforcer l’écosystème entrepreneurial des communautés noires au Canada.
Le Carrefour est le fruit d’une initiative du Bureau de l’engagement communautaire de Concordia, en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Le Carrefour régional du Québec fait partie du réseau national du Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires (BEKH), financé par le gouvernement fédéral; le réseau compte plusieurs partenaires universitaires régionaux au pays, et son quartier général se trouve à l’Université Carleton, à Ottawa. Concordia soutient ce volet essentiel du Programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires, une initiative axée sur l’engagement communautaire et financée par Innovation, Sciences et développement économique Canada.
Combler les lacunes
Doté de la même structure que le Centre d’entrepreneuriat et de gestion au féminin Barry-F.-Lorenzetti de l’Université Concordia, le Carrefour s’emploiera à trouver des moyens de renforcer l’entrepreneuriat des communautés noires au Canada par la recherche, la transmission des connaissances et l’engagement communautaire.
« Les études réalisées jusqu’ici ont abordé l’entrepreneuriat et l’identité noire au Canada, mais on trouve peu de recherches ou de données préexistantes portant spécifiquement sur les expériences propres aux entrepreneurs noirs », fait valoir Martha Nduwayo (B.A. 2019), coordonnatrice du Carrefour régional du Québec.
Martha Nduwayo fait remarquer que le problème est en partie attribuable au fait que les études réalisées sont difficilement accessibles.
« Lorsqu’il s’agit des groupes raciaux et linguistiques marginalisés, il n’est pas facile de mener des recherches ou d’accéder aux recherches existantes. Pour obtenir des données utiles et accessibles sur l’entrepreneuriat des communautés noires, il importe que tous les intervenants concernés discutent les uns avec les autres. »
Martha Nduwayo conçoit son rôle comme celui d’une « chef d’orchestre » qui met en relation les différents acteurs de l’écosystème et veille à ce que les projets demeurent sur la bonne voie.
« J’aimerais contribuer à faire en sorte que nos projets de recherche soient menés en fonction des besoins et des expériences des entrepreneurs noirs et que les connaissances générées soient utiles et accessibles, non seulement à ces entrepreneurs, mais aussi aux organismes communautaires qui les soutiennent et aux décideurs de tous les ordres de gouvernement. »
Le bien-être des communautés noires à l’avant-plan
Possédant de l’expérience dans les domaines de la psychologie et des affaires, Martha Nduwayo se passionne pour les questions de santé mentale, en particulier en ce qui concerne les communautés noires, un enjeu sur lequel, selon elle, on ne se penche pas suffisamment dans les milieux entrepreneuriaux.
C’est la raison pour laquelle elle se dit particulièrement enthousiasmée par le projet de recherche mené par Lisa Ndejuru et Marie-Jolie (MJ) Rwigema, respectivement professeure adjointe affiliée et professeure adjointe de sciences humaines appliquées. Marie-Jolie Rwigema assume également la codirection universitaire du Carrefour régional du Québec, conjointement avec Olivier Germain, professeur de management à l’UQAM.
Le projet s’intitule Validating, adapting, and sharing Black Collective Care Circles – the entrepreneur edition: an afro positive participatory action-based approach to understanding, supporting, and responding to the mental health needs of young black entrepreneurs and their business coaches in Quebec (« validation, adaptation et mise en commun des cercles de soins collectifs noirs – édition entrepreneuriale : une approche participative afropositive basée sur l’action pour comprendre et appuyer les besoins en santé mentale des jeunes entrepreneures et entrepreneurs noirs et de leurs accompagnatrices et accompagnateurs d’affaires au Québec, et y répondre »).
L’initiative de Lisa Ndejuru et Marie-Jolie Rwigema s’appuie sur une structure élaborée par le Black Healing Centre. Elle s’inspire des cercles de soins collectifs offerts par le centre et fournit le même type de soutien aux entrepreneures et entrepreneurs noirs.
Pour Martha Nduwayo, il est impératif d’appuyer les projets de recherche qui mettent l’accent sur le bien-être des personnes noires et qui se situent à l’intersection de la santé mentale et de l’entrepreneuriat.
« Il existe encore des barrières culturelles qui nuisent à la santé mentale au sein des communautés noires, affirme-t-elle. Et si l’on ajoute les fréquents épisodes de découragement résultant du racisme systémique et de la difficulté de trouver des services adaptés aux réalités culturelles noires, en plus du fait que les entrepreneurs mènent une vie extrêmement occupée, on comprend pourquoi cet enjeu se retrouve souvent au bas de la liste des priorités. »
Abattre les barrières ensemble
Kassandra Kernisan, directrice générale du DESTA Black Community Network, à Montréal, explique que son organisme est fier de contribuer à la mission essentielle du Q-BEKH, qui est de faire tomber les barrières auxquelles font face les entrepreneures et entrepreneurs noirs au Québec.
« Dans le cadre de notre participation active à la mission du Carrefour, nous nous engageons à travailler ensemble à faire en sorte que les connaissances acquises grâce à la recherche profitent à l’écosystème de l’entrepreneuriat des communautés noires, au Québec et ailleurs », déclare Kassandra Kernisan.
Faire entendre sa voix, passer le mot
L’Université Carleton, centre national du BEKH, a récemment mis en circulation une enquête quantitative nationale qui s’inscrit dans une étude plus vaste visant à documenter les expériences des entrepreneures et entrepreneurs noirs et à cerner les lacunes importantes propres à leurs réalités.
« Cette étude est la première du genre, souligne Martha Nduwayo. Elle pourrait dans l’avenir servir d’inspiration pour de nombreuses politiques gouvernementales; il est donc particulièrement important que différentes facettes de l’entrepreneuriat noir soient représentées. »
C’est dans cette perspective que Martha Nduwayo invite l’ensemble des entrepreneures et entrepreneurs noirs à prendre part à l’enquête. Elle insiste sur l’importance d’y participer au Québec, car de nombreuses personnes auront ainsi l’occasion de témoigner de la situation particulière de la minorité francophone du pays.
La communauté entrepreneuriale noire comprend des personnes immigrantes issues de tous les coins du monde de même que des gens dont la famille est établie depuis de nombreuses générations au Canada, et ses membres travaillent et vivent tant dans les centres urbains qu’en région éloignée. Ces réalités diversifiées influent sur le profil d’entrepreneur de chaque personne ainsi que sur le type de soutien dont elle aura besoin.
Martha Nduwayo souligne que l’étude de ces différences fournit de précieux renseignements pour l’élaboration des politiques.
« Il importe que toutes ces expériences différentes soient prises en considération. »
L’enquête quantitative nationale sur l’entrepreneuriat des communautés noires au Canada est actuellement en ligne sur le site Web du Carrefour du savoir pour l’entrepreneuriat des communautés noires. Les entrepreneures et entrepreneurs noirs du Québec peuvent accéder à un formulaire portant spécifiquement sur cette province.
Apprenez-en davantage sur le Bureau de l’engagement communautaire de l’Université Concordia.