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MANIFESTATIONS ET PÉDAGOGIE

Réflexions - juin 2020

L’an dernier, Manifestations et pédagogie, une conférence et une série d’activités s’étendant sur deux semaines, marquait le 50e anniversaire de l’occupation du centre informatique de la Sir George Williams University. Les étudiantes et étudiants avaient à l’époque manifesté contre le racisme anti-Noirs qui façonnait les pratiques pédagogiques et la violence institutionnelle issue de l’établissement. Après deux difficiles semaines d’occupation et un incendie, les voies officielles n’ayant pas réussi à protéger les étudiants, ceux-ci ont été brutalement arrêtés par la police montréalaise, appelée par l’administration. Beaucoup ont rapporté avoir été victimes de violences policières, tandis que les médiaux locaux ont parlé d’une « émeute raciale ». Des vies ont été bouleversées, des personnes déportées et une jeune femme noire a même perdu la vie.

L’héritage de ce moment perdure, particulièrement compte tenu de l’urgence qui habite le mouvement Black Lives Matter, de Minneapolis à Montréal. C’est pourquoi il importait que l’événement Manifestations et pédagogie ait lieu dans l’endroit précis où la violence raciale avait sévi. Les vidéos présentées s’inscrivaient dans le cadre des conférences, des performances et des réflexions tenues entre les universitaires, les intellectuels, les artistes et les membres de la communauté rassemblés. Bien que cette tragédie se soit déroulée à Concordia, l’Université n’a jusqu’à présent offert aucunes excuses, aucune forme de commémoration, ni aucunes réparations à la communauté noire ou caraïbéenne. Or, l’une des leçons du moment présent est que l’histoire, lorsqu’on l’ignore, demeure une blessure ouverte.

Ces archives offrent un point de départ à tout établissement qui entreprend une réflexion critique. À titre de collectif, Manifestations et pédagogie les partage en effet dans l’espoir que les universités canadiennes se demanderont comment relever le défi lancé par le mouvement en cours. Aucune institution n’est exempte de l’autocritique qu’exige la reconnaissance du racisme anti-Noirs. Que pouvons-nous faire, en tant qu’établissements, pour créer un milieu où les étudiantes et étudiants noirs – où les vies noires – peuvent s’épanouir?

Déclaration de:

  • Christiana Abraham Ph. D. (professeure adjointe au Département de communication de l’Université Concordia)
  • Stéphane Martelly Ph. D. (professeure affiliée de recherche-création au Département de théâtre de l’Université Concordia et professeure adjointe de création littéraire au Département des arts, langues et littératures de l’Université de Sherbrooke)
  • Nalini Mohabir Ph. D. (professeure adjointe au Département de géographie, urbanisme et environnement de l’Université Concordia).
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