Quand le cirque et la médecine se côtoient avec Philippe Goudard
Comment passe-t-on du cirque au doctorat à la médecine à l'enseignement et de nouveau à la médecine ? Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours unique ?
Philippe Goudard : J’ai débuté au théâtre au lycée, et ai poursuivi médecine et théâtre en semi professionnel jusqu'en 4ème année de médecine. Puis j’ai eu la révélation du cirque en 1974 et ai été retenu pour la première promotion de l’école nationale de cirque Gruss Montfort à Paris. J’ai repris mes études tout en étant professionnel du cirque de 1977 à 1979 et n’ai jamais abandonné l’une ou l’autre activité. Je ne sais comment cela s’est fait. Je l’ai fait sans avoir jamais envie de me décider à un choix. Sans doute parce que tout cela concerne la relation, le corps, l’humain, le risque, l’extrême joie ou l’extrême angoisse et deux arts au fond indicibles…
Comment était-ce d'entrer à l'école de médecine en tant que personne ayant une formation en théâtre, clown et performance ? Qu'est-ce qui vous a différencié des autres dans votre classe? Que vous a apporté cette perspective unique ?
PG : Les deux pratiques se répondent autour des notions exposées ci-dessus : chercher à se connaître, à connaître l’autre, à établir une relation qui aille dans le sens du mieux être, du mieux comprendre. Les deux milieux ont cependant leurs codes, leurs règles académiques, leurs peurs aussi et leurs zones de pouvoir et de savoirs. Je ne faisais pas toujours état de ma double appartenance. Mais j’avais conscience que comme d’autres avant moi, j’étais porteur d’un signe, d’une évidence de quelque chose qui vous a investi et vous rend plus responsable : il faut être valable dans les deux domaines et tenir. La pratique artistique m’a permis de developper mes compétences d’écoute et de sensibilité, d’intuition et de connaissance intime du corps. Les pratiques médicale et scientifique m’ont permis de developper des compétences d’objectivité, de gestion. Les deux ont exigé rigueur et sens de la réflexion, des procédures individuelles et collectives, et créativité.
Malgré la pandémie, vous avez décidé de retourner dans le secteur médical, qu’est-ce qui vous a poussé à le faire?
PG : C’était une évidence pour moi. Je crois au service public de l’art et de la médecine. J’ai été éduqué et formé dans ces valeurs. Et je les ai pratiquées et les pratique toujours. Rendre à la communauté ce que la communauté m’a permis d’apprendre comme étudiant médecin puis comme chercheur. Contribuer à notre système de santé, qui, s’il n’est pas idéal ( en existe-t-il un?) est très performant, et servir à ma place de médecin… tout cela a été pour moi naturel. Je me suis inscrit sur la liste des volontaires réservistes. Et les demandes ont été nombreuses. Mon passé de médecin urgentiste et une pratique médicale de proximité (villages, zones éloignées, médecine du cirque..) m’ont permis de trouver ma place. Mon expérience du cirque m’apporte une culture de la liberté et de l’absence de permanence qui m’ont permis de m’adapter aux situations de crise. Cela est trés enthousiasmant. C’est une grande chance de se sentir utile aux autres, que ce soit sur scène, en piste ou avec les patients.
Pourriez-vous nous parler et nous donner un aperçu de votre spectacle Du côté de la vie ? Qu’espérez-vous de public ?
Pour l’aperçu voir les textes, photos et vidéos sur mon site web et dans ce vidéo.
Concernant le public, j’espère qu’il reçoive le beau texte que nous avons élaboré avec Pascal Laine, qu’il soit sensible à ce récit. Que les personnes voient leur médecin et leur relation au soin différemment après cela. Et qu'ils aiment Mickael Boulgakov qui a inspiré ce texte et ce spectacle.