RECHERCHE : Comment les expériences prémigratoires influencent-elles la participation politique des immigrés dans leur pays d'accueil ?
Antoine Bilodeau
Une nouvelle étude réalisée par Antoine Bilodeau, professeur au Département de science politique, examine l’hésitation des personnes immigrantes à prendre part à la vie politique du pays d’accueil. Cette hésitation peut se manifester de plusieurs façons, comme une réticence à voter, à se joindre à un parti politique ou à participer à des manifestations.
L’étude examine deux explications courantes de cette réticence : une réticence générale à la participation, et une crainte de se dévoiler.
2 000 personnes immigrantes du Québec ont été sondées au moyen d’entrevues téléphoniques ou d’un questionnaire en ligne, en vue d’évaluer ces deux hypothèses.
Dans l’ensemble, les résultats présentent une faible corrélation avec l’idée selon laquelle les personnes immigrantes seraient simplement réticentes à participer à l’activité politique.
Ce sont plutôt les expériences vécues antérieurement sous des régimes autocratiques qui semblent engendrer une crainte de se dévoiler par toute participation à la vie politique chez les personnes interrogées, qui éprouvent des appréhensions bien fondées face à la surveillance et à la répression gouvernementale.
Les résultats indiquent que nos croyances en ce qui a trait aux raisons pour lesquelles les personnes immigrantes choisissent de ne pas prendre part à la vie politique pourraient être erronées.
En gros, l’étude démontre la nécessité de mieux comprendre les raisons pour lesquelles les personnes immigrantes peuvent avoir des réticences à participer à la vie politique canadienne, en particulier les personnes venant de pays gouvernés par des régimes autocratiques.
Il est à espérer qu’une meilleure compréhension de ces réticences pourrait encourager les personnes immigrantes à s’impliquer davantage dans la vie civique canadienne.
Lisez l’étude intitulée « The imprint of autocracy on immigrant political participation: Reluctance to participate or to disclosure? » dans la revue International Migration.