Marc Lafrance discute de son travail sur le thème de la masculinité
Dans un monde où les « incels » (célibataires involontaires) s’activent dans les forums de clavardage et où Jordan Peterson peut gazouiller plus de 100 fois par jour, le sujet des hommes et de la masculinité fait l'actualité.
Marc Lafrance, directeur du Département de sociologie et d’anthropologie à la Faculté des arts et des sciences de l’Université Concordia, a récemment organisé une conférence pour aborder ce sujet parfois controversé autour duquel s’articulent ses activités de recherche.
Une ère politisée
« Nous vivons à une époque de polarisation politique extrême », affirme Marc Lafrance.
« Si nous regardons les extrêmes à droite et à gauche, la gauche est préoccupée par la masculinité toxique et il y a beaucoup d'appels au changement parmi les hommes et à la refonte de la masculinité, pour qu'elle soit plus saine et plus juste. »
« À droite, on s’inquiète plutôt de voir les hommes dénigrés et attaqués, et la masculinité remise en question sur tous les plans. »
« Les deux côtés doivent donc trouver comment tenir une conversation raisonnée et respectueuse sur ces sujets controversés sur lesquels presque tout le monde a son mot à dire. »
Une grande conférence organisée par le Département de sociologie et d’anthropologie à Concordia
Marc Lafrance a coorganisé une conférence récemment tenue à Concordia par l’American Men’s Studies Association (AMSA), premier événement en personne du groupe depuis la pandémie.
Le thème de cette année était le vivre-ensemble, et les sujets abordés allaient de l’impact d’un programme culturel pour hommes sur la vie des populations autochtones urbaines à la place de la masculinité dans les jeux de rôle grandeur nature.
Membre du conseil d’administration de l’AMSA Et doctorante dans le département de sociologie et d’anthropologie Jamilah Dei Sharpe a aidé à organiser la conférence.
« Nous tenions beaucoup à ce que cette conférence soit à la fois transnationale – c’est-à-dire qu’elle tienne compte des perspectives américaine et canadienne – et internationale », explique-t-elle.
« En parallèle, l’événement était multidimensionnel et mettait en vedette des poètes et des artistes ainsi que différents types d’érudits. Il existe en effet d’innombrables façons dont la masculinité peut être représentée, pratiquée et incarnée. »
Sombre pronostic ou occasion de dialoguer?
Pour Marc Lafrance, le débat entourant ce sujet est plus pressant que jamais, particulièrement dans le contexte d’un paysage médiatique de plus en plus polarisé.
« La notion même d’expertise est remise en cause. La science est remise en question. Nous vivons donc à une époque où, en gros, selon le côté de l’échiquier politique où l’on se range, on lit souvent des nouvelles complètement différentes et on souscrit à des types de science entièrement différents. »
« Le pronostic est plutôt sombre. »
« Nous devons toutefois tenter d’avoir sur ces enjeux des conversations raisonnées et basées sur la recherche pour essayer de comprendre la situation systématiquement, en toute honnêteté et sincérité. »
Lafrance termine actuellement une collection éditée intitulée Forgotten Realities of Men, à paraître en 2024.
Le livre aborde les expériences vécues par les hommes en matière de fragilité et de vulnérabilité dans une perspective progressiste.
Apprenez-en davantage sur le Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Concordia.