Le nouvel ouvrage d’une Concordienne explore le genre et la politique en Chine au cours des 25 dernières années
Fruit de 20 ans de travail, The Party Family: Revolutionary Attachments and the Gendered Origins of State Power in China relate l’histoire genrée de la politique en République populaire de Chine.
Il s’agit du premier livre écrit par Kimberley Ens Manning et d’un des rares ouvrages qui traitent du genre et de la politique en Chine au cours des 25 dernières années.
« C’est en fait un conseiller qui m’a suggéré de me pencher sur le Grand Bond en avant et la famine », raconte Kimberley Manning, directrice de l’Institut Simone de Beauvoir de Concordia et professeure de science politique et d’études des femmes.
« À l’époque, vers la fin des années 1990, peu de choses avaient été écrites sur le sujet, plus particulièrement sous l’angle du genre, alors qu’on assistait au plus important mouvement de mobilisation des femmes au monde. »
La Pre Manning explique que son ouvrage est né d’un projet de thèse qui a pris une tout autre forme lorsqu’elle est retournée en Chine dans le cadre de ses études postdoctorales.
« Je remercie les femmes aînées qui ont passé du temps avec moi de m’avoir accueillie chez elles, mais aussi de m’avoir parlé de leur activisme de la première heure », affirme-t-elle.
Au total, Mme Manning s’est entretenue avec 163 personnes vivant dans les provinces du Henan et du Jiangsu.
Elle s’est également appuyée sur des documents gouvernementaux, des mémoires, des biographies, des discours et des rapports pour montrer l’interrelation entre la famille et l’idéologie dans les années 1950 en Chine, se traduisant par une présence accrue des femmes en politique.
« Selon moi, l’un des principaux aspects du livre est qu’à une époque, la Chine était le chef de file mondial en matière de représentation des femmes en politique, ce qui est remarquable », commente la Pre Manning.
« La Chine d’aujourd’hui est dirigée par un parti d’hommes dont le rôle n’a plus rien à voir avec ce que ces femmes ont accompli. C’est un revirement pour le moins choquant. »
Dans son livre, Kimberley Manning évoque plusieurs femmes politiques, dont Jiang Qing, la femme de Mao Zedong, bien connue des spécialistes de la politique chinoise, ainsi que Deng Yingchao et Li Dequan, moins connues.
Mme Yingchao était la plus grande figure du féminisme au pays et a joué un rôle déterminant pour permettre aux femmes de demander le divorce sans l’autorisation de leur mari. En tant que ministre de la Santé, Mme Dequan a réformé la profession de sage-femme, contribuant ainsi grandement à la réduction du taux de mortalité infantile.
Outre ses recherches sur les politiques de genre, en particulier à l’époque de la révolution chinoise, Mme Manning se spécialise également dans la défense des intérêts des parents ayant des enfants transgenres, ainsi que dans l’équité institutionnelle.
« Je tiens à remercier l’Université Concordia, parce qu’il m’a fallu vingt ans pour écrire ce livre, chose qui n’aurait peut-être pas été possible ailleurs. »
Pour souligner le lancement du livre The Party Family: Revolutionary Attachments and the Gendered Origins of State Power in China, une discussion se tiendra au pavillon Henry-F.-Hall (1 455, boulevard De Maisonneuve Ouest), salle H-1220, le mardi 19 septembre de 16 h à 18 h.