Le festival étudiant Art Matters de Concordia aborde de plein front la pandémie
Malgré les difficultés associées à la gestion – en pleine pandémie – du plus important festival étudiant consacré aux arts en Amérique du Nord, l’équipe responsable d’Art Matters a tout de même réussi cette année à faire rayonner les œuvres d’une douzaine d’artistes inscrits au baccalauréat, et ce, dans quatre endroits stratégiques de la sphère artistique montréalaise.
Qui plus est, la durée du festival a été prolongée. Normalement tenu en mars, l’événement de cette année s’étend sur trois mois – de février à avril. Au programme figure en outre la parution, en avril, d’un livre d’art et le lancement, en mai, d’un nouveau site Web où logeront les archives des vingt-deux éditions du festival.
« Dès le début de la planification, le trimestre dernier, nous étions résolus à organiser des activités en personne. Bien que nous devions garder en tête les restrictions imposées par la pandémie, nous étions vraiment fatigués des activités en ligne. Nous nous devions de faire autre chose », explique Joyce Joumaa, coordonnatrice des expositions dans le cadre du festival Art Matters, qui célèbre cette année son 22e anniversaire.
Les expositions en galerie – qui constituent habituellement les principales activités au programme – ont été réduites en nombre cette année en raison des avis gouvernementaux de dernière minute émis en janvier concernant les règles sanitaires.
Un exercice difficile, mais qui en a valu la peine
Au total, trois expositions en personne ont été organisées. Commissariée par Wendy Vancol, Metamorphosis a eu lieu du 18 au 28 mars dernier dans un nouvel espace appelé Parc Offsite. Y étaient en vitrine les œuvres des artistes Stephanie Bourgault, Anissa Boukili et Darius Long Yeung.
Deux autres expositions se déroulaient en parallèle jusqu’au 5 avril. Organisée par Samara Prupas et présentée à la galerie La Centrale, A Ghoul’s Appetite mettait en vedette les artistes Fiona Nguyen, Kimberly Orjuela, Meredith Parent Delgadillo et Kassandra Walters. Par ailleurs, l’exposition Wardrobe, Neverland, commissariée par Matthew Sanderson, mettait en lumière les talents des artistes Quang Hai Nguyen, Aja Palmer, Le Lin, Jay Krakower et Jennifer Lee, à la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain.
Autre activité proposée en personne cette année, l’installation Cathartic Thread, organisée dans le cadre de Projet Tabloïde, consistait en la présentation d’une œuvre éphémère à grande échelle, à l’angle de la rue Saint-Hubert et de l’avenue du Mont-Royal. Exposée du 16 au 28 mars, l’œuvre de l’artiste 1000 Amour (Mila Figuet) a été réalisée sous la supervision de Stephanie Leon.
« L’exercice s’est révélé difficile, mais il ne fait aucun doute que cela en valait la peine », affirme Samara Prupas, commissaire de l’exposition A Ghoul’s Appetite. « Mattia Zylak – qui est coordonnatrice à La Centrale – a été très accueillante. Elle nous a permis de nous rendre sur place à plusieurs reprises au cours de cette période très intense (pour faire des tests, etc.). Cela nous a été très utile pour arriver à tout organiser à temps. »
Collaborations virtuelles avec Nuit Blanche et la Galerie VAV
Bien qu’Art Matters propose les œuvres de certains artistes en ligne, ces derniers ont voulu s’éloigner de l’idée qu’on se fait ordinairement d’une exposition virtuelle, explique Joyce Joumaa.
En collaboration avec le festival Nuit Blanche à Montréal, ils ont présenté des œuvres audiovisuelles lors d’un événement intitulé Idle Mapping from a High-Speed Train, qui cette année a été tenu entièrement en ligne. Accessible sur Facebook du 13 au 15 mars dernier, cette vitrine commissariée par Alfred Muszynski proposait des œuvres d’Océane Buxton, d’Odile Myrtil, d’Ana Maria Marcu, d’Helen Park et d’Émile Phaneuf.
Les artistes ont en outre conçu un balado en collaboration avec la Galerie VAV de l’Université Concordia à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs. Accessible sur la page Soundcloud du festival, le balado présente un entretien avec Eunice Bélidor, ancienne directrice de la Galerie FOFA (aujourd’hui conservatrice de l’art québécois et canadien contemporain au Musée des beaux-arts de Montréal) et l’artiste Eve Tagny.
Deux nouvelles initiatives majeures : un livre d’art et un site web d’archivage
Bien que les expositions soient terminées, le festival Art Matters, lui, poursuit sur sa lancée, tient à souligner Joyce Joumaa.
On y présentera d’ailleurs treize autres artistes inscrits au baccalauréat à Concordia qui ont posé leur candidature dans le cadre du festival afin que leurs œuvres figurent dans un livre d’art qui paraîtra en avril.
« Ce projet transpose le concept des expositions habituelles d’Art Matters dans un autre format – celui du livre d’art », explique Joyce Joumaa. « Deux étudiants commissaires en organiseront la réalisation. On y trouvera non seulement des œuvres d’art, mais aussi des essais et des comptes rendus d’entrevues inspirés par le travail qu’auront proposé les artistes au festival. »
Bien que des discussions soient toujours en cours à savoir comment sera distribué l’ouvrage – par l’entremise de galeries montréalaises ou directement aux membres du lectorat –, l’équipe d’Art Matters est résolue à l’offrir au public gratuitement. Une annonce plus détaillée à ce sujet sera émise dans les prochaines semaines par l’intermédiaire des médias sociaux.
Par ailleurs, Art Matters lancera en mai un nouveau site Web destiné à l’archivage du contenu de ses vingt-deux festivals. « C’est en examinant les archives d’Art Matters qu’on saisit toute l’importance que revêt le festival pour Montréal », souligne Joyce Joumaa.
Depuis toujours, Art Matters est entièrement organisé par les étudiants, avec l’intention d’offrir aux artistes inscrits au baccalauréat la possibilité d’exposer leurs œuvres dans de nombreuses galeries influentes, en parallèle à d’autres événements de renom, comme La Nuit Blanche et Art Souterrain.
En revenant sur tout ce qu’a accompli l’équipe d’Art Matters cette année, Joyne Joumaa reste impressionnée par le volume et la diversité des réalisations.
« Même si je me croyais bien préparée quant à l’organisation de l’événement, j’ai dû réajuster le tir à maintes reprises au fil du temps – mais cela en a vraiment valu la peine. L’équipe du festival et les commissaires ont fait un travail extraordinaire », conclut-elle.
Pour demeurer à l’affût des activités du festival, visitez régulièrement le site Web d’Art Matters.