À l’instar de Mme Baynes, de nombreux employés ont abandonné la sécurité d’un emploi à temps plein, par choix ou par nécessité, pour travailler dans l’économie à la demande.
« La pandémie a eu un bon côté et a amené les gens à revoir leur définition du travail. L’économie à la demande est maintenant mieux comprise », explique le professeur adjoint au Département de management Steve Granger, dont le projet de recherche à l’École de gestion John-Molson examine comment l’adversité est vécue au travail selon une approche holistique.
On pense souvent aux applications de livraison de nourriture, mais l’économie à la demande est beaucoup plus vaste. Elle est principalement constituée de travailleurs du savoir, comme des rédacteurs et des programmeurs de logiciels. Le Pr Granger souligne que le travail à distance s’accompagne souvent de nombreuses caractéristiques positives, dont le sentiment d’autonomie qui est l’un des meilleurs prédicteurs de la satisfaction au travail.
La recherche constante de nouveaux contrats apporte toutefois son lot de stress.
« C’est une forme subtile d’anxiété qui n’affecte pas les travailleurs traditionnels », poursuit Steve Granger, qui participe à un projet international intitulé The Gig Work Life.
« Le projet a essentiellement pour but de faire progresser les connaissances scientifiques et les données probantes sur l’expérience des travailleuses et travailleurs à la demande et de les outiller durablement et efficacement. »
Rendue possible par les moyens technologiques et nourrie par les vaines promesses du capitalisme tardif, la transition vers le travail à distance autonome a été accélérée par la pandémie. Pour celles et ceux qui ont évité des déplacements stressants et qui ont gagné en indépendance, le changement s’est avéré salutaire. Pour d’autres, le changement a brouillé les frontières personnelles et professionnelles, accentuant du même coup le sentiment d’isolement.