Mme Robichaud se consacre à la réalisation de films qui explorent l’histoire de femmes dans des lieux inhabituels. « Je pense qu’il est formidable d’avoir des symboles différents à l’écran pour ne pas tomber dans les clichés. Et c’est aussi fantastique pour les jeunes femmes de voir des choses différentes à l’écran ». Dans Sarah préfère la course, la protagoniste conclut un mariage de convenance pour pouvoir obtenir une bourse d’études en course à pied. Le deuxième long métrage de Chloé Robichaud, Pays (2016), porte quant à lui sur les femmes en politique.
« Je veux mettre de l’avant des personnages de jeunes femmes qui sont complexes et les explorer avec beaucoup de nuances », explique la réalisatrice. Dans Les jours heureux, elle adopte ainsi une approche différente. « Ce film est moins contemplatif que les précédents, plus engageant. On est très proche d’Emma, la caméra est toujours en mouvement avec elle. Il y a donc beaucoup de tension venant de la caméra. »
« Je n’ai pas peur d’être différente »
Pour Mme Robichaud, ses études à l’École de cinéma Mel Hoppenheim de l’Université Concordia l’ont aidée à développer un style et une approche qui lui sont propres. « Les professeurs vous font confiance pour trouver l’artiste qui est en vous. Ils ont confiance en votre processus. Ils vous aident à réaliser qui vous êtes en tant qu’artiste. Ils n’essaient pas de vous mettre dans une boîte. »
Mme Robichaud a particulièrement apprécié les cours donnés par Micheline Lanctôt, avec qui elle a appris à faire ressortir le meilleur des acteurs. « Je suis douée avec les acteurs, et je pense que c’est grâce à elle. J’ai tout appris avec elle. Un film n’est pas bon s’il ne bénéficie pas d’une bonne interprétation. Le travail de caméra peut être extraordinaire, mais si les acteurs sont mauvais, il n’y a pas de film. »
C’est aussi à Concordia que Mme Robichaud a rencontré sa muse, la comédienne Sophie Desmarais, qui joue à la fois Sarah dans Sarah préfère la course et la chef d’orchestre Emma dans Les jours heureux. « Nous avons sympathisé, je l’ai trouvée géniale et nous sommes devenues de bonnes amies », se souvient Mme Robichaud. Elle a également rencontré la directrice de la photographie Jessica Lee Gagné, B. Bx-arts 2012, avec qui elle a travaillé sur deux longs métrages. « C’est une directrice de la photographie extraordinaire et une bonne amie. »
Dans une entrevue accordée au Globe and Mail en 2013, Mme Robichaud a déclaré que la réalisation de films était « tout ce qu’elle a toujours voulu faire ». Elle affirme aujourd’hui que cela n’a pas changé. « Je n’ai pas peur d’être différente, mais je n’essaie pas d’être différente pour le plaisir. J’essaie juste de vraiment me connecter à ce que je suis et à ce que j’ai à dire. »
Une « grande année » pour les femmes cinéastes au Québec
Mme Robichaud estime que la situation s’est améliorée pour les femmes cinéastes au cours de la décennie durant laquelle elle a réalisé des films. « Lorsque j’ai commencé, j’étais l’une des rares femmes cinéastes à disposer d’un important budget. Dix ans plus tard, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus d’égalité entre les hommes et les femmes cinéastes ici. Et je sais que ce n’est pas le cas dans le reste du monde. »
« C’est une grande année pour les femmes cinéastes au Québec. On assiste à beaucoup d’exemples de réussite au Québec et au Canada. »
Pour la suite des choses, Mme Robichaud espère sortir du marché cinématographique québécois. « J’aimerais faire un film aux États-Unis ou en anglais, juste pour essayer quelque chose de nouveau et rencontrer de nouvelles personnes. Si je peux toucher un public plus large, ce serait aussi une belle expérience. »