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Grande Concordienne : Myrna Lashley, universitaire distinguée et militante

« Pour être efficace, la défense des droits doit être fondée sur des preuves et ancrée dans l’empathie »
19 juin 2024
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Par Ian Harrison, B.Comm. 2001


Vêtue d'un pull vert pâle et d'un collier en bois, Myrna a les cheveux très courts et sourit devant un mur de briques blanches. Portrait de Myrna Lashley par Julian Haber

Mise à jour : Myrna Lashley a été nommée à l’Ordre du Canada le 27 juin 2024.

Myrna Lashley, B.A. 1984, a consacré une bonne partie de sa vie à des travaux novateurs alliant recherche en santé mentale et promotion de la justice sociale.

Professeure au Département de psychiatrie de l’Université McGill et chercheuse à l’Unité de recherche sur la culture et la santé mentale de l’Institut Lady Davis, la Pre Lashley possède une expertise largement reconnue.

Fervente défenseure des soins culturellement adaptés aux communautés marginalisées au sein du système correctionnel fédéral, la Pre Lashley a été présidente de la Table ronde transculturelle sur la sécurité du gouvernement du Canada – créée pour mobiliser les citoyens sur les questions liées à la sécurité nationale et à la sécurité publique – et vice-présidente du conseil d’administration de l’École nationale de police du Québec.

Myrna Lashley agit régulièrement à titre de consultante auprès de la police municipale de Montréal pour un large éventail de questions allant du profilage racial à l’amélioration du soutien en santé mentale pour les membres de la communauté et les agents.

Or, même après des décennies de lutte contre le racisme, la Pre Lashley constate qu’elle est encore bien souvent la seule – et la première – personne noire à accéder à certaines fonctions ou à certains milieux, tant dans le monde universitaire ou qu’à titre de consultante et experte.

« Même si je possède les compétences requises et que je me sens touchée d’être choisie, je trouve désolant d’être toujours la première, confie-t-elle. Nous sommes en 2024, après tout. »

La Pre Lashley a reçu de nombreuses distinctions pour son travail, notamment le Prix des amis de Simon Wiesenthal pour les études sur l’Holocauste en 2006 et le Prix de l’héritage Martin Luther King en 2004. Elle a été désignée porte-parole du Mois de l’histoire des Noirs à Montréal en 2018 et a compté parmi les personnalités nommées agents de changement noirs par la CBC en 2021. De plus, Myrna Lashley assume les fonctions de consule honoraire de la Barbade à Montréal et au Québec depuis une dizaine d’années.

Le domaine émergent de la psychiatrie géopolitique, qui s’intéresse aux effets des changements climatiques sur la santé mentale des populations vulnérables, en particulier dans les pays du Sud, est un des centres d’intérêt actuels de cette diplômée de Concordia. En collaboration avec des collègues du monde entier, la Pre Lashley souhaite contribuer à la création, dans sa Barbade natale, d’un centre qui s’attaquera à ces problèmes urgents au moyen de publications universitaires et d’activités de promotion de politiques.

Myrna Lashley collabore actuellement à la rédaction d’un nouvel ouvrage destiné à un public non initié qui traitera de santé mentale et de racisme.

Lorsque vous repensez à votre parcours scolaire à Concordia, quelles sont les expériences qui vous ont le plus marquée?

Myrna Lashley: C’était génial. J’adore Concordia, et mon passage à l’Université fut une expérience extraordinaire. J’y ai rencontré des amis que je fréquente encore aujourd’hui, et nous allons dîner ensemble tous les ans.

J’ai adoré le fait que les cours soient donnés en petits groupes. J’ai aussi aimé m’impliquer dans la gouvernance étudiante et siéger au conseil d’administration. Je suis heureuse de ce que j’ai accompli pour aider les autres étudiantes et étudiants, en particulier ceux venant de l’étranger. Nous avons veillé à ce qu’ils puissent s’acclimater à une nouvelle ville et à une nouvelle culture, et à ce que l’Université prenne également des mesures adaptées à leur culture pour favoriser ce processus.

Quels sont les facteurs qui ont favorisé votre cheminement et votre réussite sur le plan professionnel?

ML: En tant que femme noire et immigrante originaire de la Barbade, j’ai reçu tout au long de mon enfance et de mon adolescence ce que j’appellerais une éducation coloniale britannique classique. Bien que cette perspective comporte beaucoup d’angles morts, elle s’est avérée constructive puisqu’elle m’a permis de reconnaître les différentes formes d’exclusion. Mon éducation a certainement façonné ma vision du monde et nourri mon désir de voir s’opérer certains changements.

Par ailleurs, j’ai toujours été passionnée d’histoire et de philosophie. Le fait d’avoir une bonne compréhension de ces deux disciplines m’a aidée à acquérir des compétences en matière de réflexion critique qui, selon moi, sont essentielles pour accomplir ce type de travail.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaitent suivre vos traces?

ML: Il faut être solide. Vous devez faire preuve d’indulgence et de bienveillance, car ce n’est pas une voie facile.

Pour être efficace, la défense des droits doit être fondée sur des preuves et ancrée dans l’empathie. Je dis à mes étudiants qu’il ne faut jamais l’oublier, sans quoi vous risquez de perdre votre crédibilité. Et la crédibilité est difficile à regagner. Mais l’empathie doit également nous guider.

Quel effet cela vous fait-il d’être nommée Concordienne d’exception par votre alma mater?

ML: Je suis absolument ravie et très reconnaissante envers Concordia. Mon parcours n’a pas toujours été facile, il y a eu des embûches. [Lorsque Myrna Lashley est parvenue à se faire élire au conseil d’administration de son association étudiante, l’une de ses affiches de campagne a été barbouillée d’une insulte raciale – une expérience décrite dans le rapport final de 2022 du groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs de Concordia.] Le fait que l’Université m’inclue aujourd’hui dans cette cohorte de 50 personnalités est à peine croyable.

Cette nomination me réjouit au plus haut point, d’autant plus que j’ai toujours craint d’être perçue comme une épine dans le pied en raison de mon franc-parler sur la nécessité d’un changement. Mais aujourd’hui, voir Concordia se rallier à ma cause et me manifester son approbation, c’est formidable.

Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !



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