L’intelligence artificielle (IA) pour tous : des spécialistes de l’industrie expliquent pourquoi le personnel non technique est en demande dans ce domaine

Formation continue Concordia et des spécialistes de l’IA ont fait équipe à l’occasion d’un webinaire sur l’importance des rôles non techniques dans le domaine. Voici ce que les personnes participantes ont appris.

Panélistes invités :

Tristan Glatard (TG), codirecteur de l’Institut d’IA appliquée de Concordia

Abhishek Gupta (AG), fondateur de l’Institut d’éthique en IA de Montréal

Caroline Pernelle (CP), stratégiste en IA, CAE

Pourquoi l’IA est-elle importante pour tout un chacun?

(TG) : L’IA transforme notre société à différents égards. C’est pourquoi il est important de comprendre le phénomène et – en tant que citoyens – d’avoir notre mot à dire. Étant donné que l’IA est étroitement liée aux données, il est important que des personnes de différents horizons – qui ont une formation technique, non technique et aussi, divers degrés de compétence – puissent évoluer dans le domaine. Il importe de vraiment comprendre les données. Sinon, la route s’annonce cahoteuse. 

(AG) : Nous devons apporter à la table une diversité de perspectives, d’expériences et de connaissances qui se complètent et contribuent à prévenir ou à atténuer certains dommages sociétaux engendrés par les systèmes d’IA, notamment les problèmes d’équité, de confidentialité, d’intrusion, de manque de transparence et d’imputabilité. Pour ce faire, il n’existe pas de meilleur moyen que de réunir toutes les personnes sur lesquelles ces systèmes auront des retombées – y compris vous tous –, que vous ayez une formation technique ou non technique. Cela est tout aussi primordial que de participer à un processus démocratique en vue de façonner l’avenir que nous souhaitons pour notre société. 

Qu’est-ce qui vous enthousiasme à propos du domaine de l’IA?

(TG) : Mon enthousiasme réside dans le type de connexions que permet l’IA entre différents groupes, acteurs et intervenants dans la société. L’IA appliquée est un domaine très multidisciplinaire. Il ne s’agit pas uniquement de parler de technologie, mais aussi de la façon de mettre celle-ci en application. 

(AG) : Ce qui est vraiment stimulant, c’est le potentiel de transformation que présente l’IA – non seulement au travail, où nous passons d’ailleurs la moitié de notre temps d’éveil, mais aussi dans les autres sphères de la vie. 

Pourquoi les rôles non techniques sont-ils si importants dans le domaine de l’IA? 

(TG) : La construction d’un modèle constitue une tâche hautement technique que l’on confie normalement à des ingénieurs et à des développeurs de logiciels. Toutefois, je ne crois pas que le choix des situations où devrait s’appliquer l’IA, la manière d’évaluer l’IA ou la totalité des décisions devraient se restreindre au personnel technique. Les techniciennes et techniciens ne sont pas les meilleures personnes pour définir les priorités et les impacts sociétaux de l’IA. Il n’y a rien qui justifie que d’autres personnes ne devraient pas participer à la conversation.

L’IA aura-t-elle une incidence sur le flux de travail des professionnels et des entreprises? 

(TG) : À mon avis, il est très difficile de prévoir la direction dans laquelle évoluera la technologie ou l’incidence que celle-ci aura sur la société. Soyons clairs : l’IA fait déjà partie de nos vies. Je pense que la question est plutôt de savoir dans quelle mesure l’IA influence nos processus et nos façons de travailler. L’IA est déjà présente à bien des endroits. Il suffit de penser aux clients qui discutent avec des assistants virtuels ou d’autres agents conversationnels, à la reconnaissance faciale intégrée dans les téléphones et d’autres appareils ou encore, aux systèmes de comptage automatique dans les aéroports ou ailleurs. Il y a beaucoup d’éléments auxquels on doit réfléchir à l’heure actuelle avant même de parler de prédictions.

(CP) : En effet. Les gens sont résolus à utiliser cet outil. Alors, ils adaptent leurs processus pour s’assurer de bien comprendre la façon de s’en servir.  

Comment décrivez-vous le marché actuel de l’emploi dans le domaine de l’IA? Que nous réserve l’avenir à cet égard?

(TG) : Les jeunes diplômés qui ont étudié en IA sont en forte demande sur le marché de l’emploi et n’ont aucune difficulté à se trouver du travail. Ils sont habituellement très bien rémunérés même s’ils viennent à peine de quitter les bancs d’école. De nombreuses entreprises en manque d’employés qualifiés s’adressent à l’Institut d’IA appliquée de Concordia. Elles affirment avoir du mal à trouver des gens de talent en IA. Alors, à mon avis, la demande est encore assez forte. 

(AG) : En effet, la demande ne diminue pas. Par ailleurs, l’ensemble des compétences recherchées par les employeurs du secteur ne cesse d’évoluer. Que vous possédiez une formation technique ou non technique, si vous souhaitez travailler sur des applications d’IA ou dans le domaine de l’IA, assurez-vous d’abord d’acquérir une bonne compréhension de ce que les systèmes d’IA peuvent faire – ou ne pas faire. Savoir comment appréhender l’IA et l’appliquer en situation concrète deviendra, à mon avis, une compétence très prisée dans l’avenir, alors que nous verrons de plus en plus de systèmes d’IA offerts en vente dans les grandes surfaces ou encore, sous la forme de modèles paramétrés au préalable. 

(CP) : Les possibilités sont multiples. Étant donné que la plupart des entreprises de technologie se dirigent dans cette voie et utilisent l’IA comme outil, la recherche d’un emploi en IA ne se cantonnera plus à ce seul domaine, mais s’élargira pour englober tous les postes qui comportent une composante d’IA.

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