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Un diplômé du doctorat de Concordia est honoré pour ses travaux sur la dopamine et l’abus d’alcool

Milan Valyear – qui a été chercheur engagé à l’Université – remporte un prix Cerveau en tête 2020
8 juillet 2021
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Par Rachel Andren


Homme souriant avec de longs cheveux bouclés, une barbe, des lunettes et une chemise verte. « La recherche que mène mon équipe montre que les signaux ponctuels liés à l’alcool et les contextes alcoolisés forment de puissants déclencheurs de rechute chez les rats de laboratoire », explique Milan Valyear.

Selon les scientifiques, le système dopaminergique du cerveau joue un rôle de premier plan dans l’abus d’alcool. Ils constatent par ailleurs que les traitements médicamenteux ciblant la dopamine se révèlent inefficaces et que le taux de rechute est élevé.

Dans le cadre de sa recherche postdoctorale à l’Université McGill, Milan Valyear – diplômé (Ph. D. 2020) et ancien chercheur engagé de l’Université Concordia – s’intéresse à la question.

Les travaux que poursuit maintenant Milan Valyear reposent partiellement sur la thèse de doctorat qu’il a préparée à Concordia. Récemment, un article intitulé « Dissociable mesolimbic dopamine circuits control responding triggered by alcohol-predictive discrete cues and contexts » et paru dans le numéro de juillet 2020 de la revue Nature Communications lui a valu un prix Cerveau en tête 2020.

Les prix Cerveau en tête sont octroyés par l’Association canadienne des neurosciences et l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada.

Milan Valyear attribue notamment sa réussite aux bons conseils de Nadia Chaudhri, sa directrice de thèse à Concordia. Du reste, la professeure agrégée de psychologie est l’auteure en chef de l’article primé. « Tout au long de ce projet comme de mon doctorat, j’ai pu compter sur le mentorat suivi que m’offrait la Pre Chaudhri », souligne le jeune chercheur.

Il figure au nombre des 15 étudiantes et étudiants canadiens qui toucheront la somme de 1 500 $ et qui présenteront le résumé de leur recherche dans le cadre du congrès annuel de l’Association canadienne des neurosciences. 

« Les découvertes fondamentales que nous avons réalisées nous permettent de formuler des recommandations concrètes à l’intention de cliniciennes et de cliniciens. »

Parlez-nous un peu de vos travaux...

Milan Valyear : La recherche que mène mon équipe montre que les signaux ponctuels liés à l’alcool, comme la vue d’une bouteille de bière, et les contextes alcoolisés, notamment l’ambiance d’un bar, forment de puissants déclencheurs de rechute chez les rats de laboratoire. Mieux, nous avons identifié des cibles comportementales et pharmacologiques inédites aux fins des interventions thérapeutiques.

Tout particulièrement, nous avons constaté que les rats affichaient un comportement de recherche d’alcool plus marqué en réponse à un signal ponctuel lorsque celui-ci se présentait dans un contexte où ils avaient déjà consommé de l’alcool. Il conviendrait donc de mettre au point des pharmacothérapies ciblant des projections dopaminergiques distinctes, car elles pourraient de toute évidence se révéler efficaces dans le traitement de l’abus d’alcool. 

Pourquoi votre recherche retient-elle l’attention de l’Association canadienne des neurosciences (ACN) et de l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies (INSMT) des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)?

M. V. : Les prix Cerveau en tête ont été créés afin de mettre en lumière les recherches en neuroscience, en santé mentale et en toxicomanie qu’effectuent au Canada des stagiaires postdoctoraux. À mon avis, si notre projet a retenu l’attention de l’ACN et de l’INSMT des IRSC, c’est que les découvertes fondamentales que nous avons réalisées nous permettent de formuler des recommandations concrètes à l’intention de cliniciennes, de cliniciens, de chercheuses et de chercheurs spécialistes du trouble de l’usage de l’alcool.

Quelle importance revêt cette recherche pour la société?

M. V. : Selon ce que nous avons découvert, lorsqu’une personne à jeun reçoit un signal ponctuel dans un contexte alcoolisé, par exemple si elle se voit offrir une bière dans un bar, il peut lui être très difficile de refuser – ce qui ne serait pas le cas dans un autre contexte, notamment au travail. Aussi, les cliniciennes et cliniciens qui soignent des personnes abusant de l’alcool doivent porter une attention particulière aux contextes plus susceptibles de déclencher une rechute. En outre, ils doivent élaborer des stratégies pour contrer les éléments déclencheurs.

Le fait que le système dopaminergique joue deux rôles bien distincts dans les comportements associés à une rechute aura une incidence sur le développement de nouveaux médicaments destinés à traiter le trouble de l’usage de l’alcool. À l’heure actuelle, les médicaments qui ciblent le système dopaminergique peuvent se révéler inefficaces. En effet, ils agissent inopinément sur plusieurs de ses composants. D’après nos travaux, il faudrait mettre au point des médicaments ciblant des projections dopaminergiques distinctes. Selon toute vraisemblance, ces médicaments traiteraient efficacement le trouble de l’usage de l’alcool.

Quelles sont les prochaines étapes?

M. V. : Dans le cadre de mes fonctions de chercheur postdoctoral au laboratoire de Jonathan Britt à l’Université McGill, j’étudie comment les apports dopaminergique et glutamatergique au noyau accumbens contribuent aux processus de valence (c’est-à-dire l’aspect positif ou négatif d’un stimulus) et de prépondérance (soit l’intensité d’un stimulus). Dans diverses psychopathologies, notamment la schizophrénie et le trouble lié à la consommation de substances psychoactives, ces deux processus psychologiques se trouvent perturbés.

Quand nous saurons comment l’activité des cellules au sein du noyau accumbens et les apports à celui-ci agissent sur les facteurs de prépondérance et de valence, nous pourrons adapter en conséquence les interventions visant à traiter les psychopathologies et à rétablir l’équilibre neurologique.

Avez-vous des conseils à donner aux nouveaux étudiants et étudiantes des cycles supérieurs désireux de maximiser leur expérience et leur impact à Concordia?

Mes études doctorales à Concordia m’ont permis de mener des recherches de pointe en neuroscience et de nouer des liens avec les membres de cette communauté scientifique. Parce qu’elles favorisent la mise au point de nouvelles thérapies du trouble de l’usage de l’alcool, mes découvertes me remplissent de fierté. Lors de mes études supérieures, la possibilité de diffuser mon savoir dans le cadre de mes fonctions de chercheur engagé a été un élément des plus enrichissants. Je me sens vraiment privilégié d’avoir pu tout à la fois étudier une question en profondeur, faire des découvertes et communiquer mes connaissances.

Les nouveaux étudiants et étudiantes des cycles supérieurs devraient se donner la peine de trouver un sous-domaine qui, au sein de leur discipline, les captive complètement. Ainsi, non seulement ils transmettront facilement leur passion, mais ils fascineront leur auditoire grâce à leur enthousiasme.


Apprenez-en davantage sur le Département de psychologie de l’Université Concordia.



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