Faites la connaissance de la nouvelle directrice du Centre étudiant Otsenhákta de l’Université Concordia, Cheyenne Henry
« J’adore travailler avec les étudiantes et étudiants. » Cette passion de Cheyenne Henry lui sera certainement utile dans son nouveau poste de directrice du Centre étudiant Otsenhákta de l’Université Concordia.
Depuis juillet, Mme Henry dirige le centre pour les étudiantes et étudiants des Premières Nations, inuits et métis en collaborant avec des membres de l’Université et des communautés autochtones locales afin d’offrir du soutien et des programmes pertinents et riches sur le plan culturel.
« À ce poste, Mme Cheyenne met à profit ses vastes connaissances et son engagement sincère envers la réussite des étudiantes et étudiants autochtones », souligne Allan Vicaire, conseiller principal aux directions autochtones et, jusqu’à récemment, directeur par intérim du centre.
« J’ai surtout hâte de découvrir ses collaborations créatives avec les étudiants et ses projets d’échange avec les communautés locales. »
Cheyenne Henry est membre de la Première Nation anishinaabe de Roseau River et a grandi à Winnipeg. Elle arrive à Concordia forte d’une vaste expérience de travail dans le milieu postsecondaire et en soutien aux étudiants, ainsi qu’en développement économique et communautaire, en sensibilisation et en promotion d’intérêts auprès des communautés autochtones.
Avant son entrée à Concordia, elle a été conseillère pédagogique et en emploi pendant presque 13 ans, poste qu’elle occupait encore récemment à l’Université Dalhousie à Halifax. Comme conseillère, elle accompagnait les étudiantes et étudiants pour les aider à concevoir leur propre parcours universitaire, à atteindre leurs objectifs de carrière et à explorer les services de soutien offerts à l’université.
Auparavant, Mme Henry a occupé divers postes au Département des études urbaines et du centre-ville ainsi qu’au Département des études autochtones à l’Université de Winnipeg. Elle a également œuvré au sein d’organismes communautaires du quartier North End et du centre-ville de Winnipeg en y proposant du soutien aux jeunes autochtones et des programmes axés sur le logement, l’apprentissage des adultes et les familles.
De plus, Mme Henry est une artiste visuelle multidisciplinaire qui allie les arts traditionnels et contemporains dans son œuvre. Dans sa pratique, elle collabore avec des organismes, des communautés et des artistes autochtones. Elle a participé à des expositions et à des résidences artistiques partout au Canada.
« Les étudiants ont besoin d’un espace où ils peuvent explorer leur identité »
Qu’est-ce qui vous a menée à ce poste?
Cheyenne Henry : Le travail direct avec des membres de ma communauté et les étudiants autochtones me manquait. Il y a un immense besoin de créer des espaces sans risque sur le plan culturel et spirituel pour nous. Pour moi, ce poste est une occasion d’intégrer de nouvelles idées, d’offrir des possibilités aux étudiantes et étudiants ainsi que de participer directement au travail de décolonisation. De toute façon, comme Autochtone œuvrant au sein de ce genre d’établissements, nous sommes toujours appelés à jouer un rôle dépassant nos fonctions ordinaires dans ce processus.
C’est aussi dans des espaces comme celui-ci que j’ai acquis un sentiment de sécurité et d’appartenance pendant mes études, en tant que jeune mère seule sans grande aide financière. À l’université, j’étais accompagnée d’un conseiller autochtone et des membres autochtones de ma cohorte. C’est grâce à eux si j’ai réussi mes études. Je n’aurais pas pu les terminer sans leur soutien.
Parlez-nous de votre approche de travail auprès des étudiantes et étudiants.
CH : J’adore travailler avec les étudiants. Mon travail consiste à les aider à profiter des espaces et des services offerts à l’Université. Je leur fournis un encadrement, du soutien et des encouragements.
Au fil de leur exploration des programmes d’études et des cheminements de carrière, les étudiants doivent comprendre qu’ils ont leur mot à dire dans leur éducation. Surtout, leurs besoins en éducation doivent avoir du sens à leurs yeux. Cette approche est bénéfique pour tous les étudiantes et étudiants, pas seulement les Autochtones. Je trouve qu’il est important de prendre le temps nécessaire pour échanger et tisser des liens de confiance avec eux. Pour leur venir en aide, je souhaite d’abord apprendre à les connaître.
Vous êtes également artiste visuelle. En quoi cela influe-t-il sur votre travail?
CH : L’art influe certainement sur ma façon de travailler et de voir le monde qui m’entoure. Je valorise les formes narratives et créatives pour forger des liens et un sentiment d’appartenance. Les échanges créatifs recèlent un pouvoir bien réel. Il peut s’agir, par exemple, d’établir un contact avec une personne étudiante dans le cadre d’un projet et de créer quelque chose ensemble.
Dans un établissement d’enseignement postsecondaire, il existe des mesures à notre portée pour aider les étudiants autochtones à se réconcilier avec leurs apprentissages, comme de mobiliser notre culture et nos pratiques artistiques, afin de compenser les apprentissages découlant d’une approche occidentale ou colonisée. Par exemple, l’art du perlage garde les mains occupées. Il m’aide toujours à me ressourcer. L’objectif est de trouver un équilibre pour éviter de passer tout notre temps dans notre tête.
Pouvez-vous nous parler de votre vision pour le centre étudiant Otsenhákta?
CH : Il est essentiel d’offrir aux étudiantes et étudiants autochtones un soutien qui tient vraiment compte de leur identité. Ils ont besoin d’un espace où ils sont libres d’explorer leur identité, de trouver un sens à l’éducation et à la communauté et où tout cela peut les mener. Je souhaite que nous puissions créer à Otsenhákta un espace propice à ce genre d’échanges – entre nous, avec les personnes aînées et au moyen de pratiques culturelles – tout en proposant des services de soutien à la population étudiante. Pour avoir ces échanges, nous devons protéger cet espace qui nous appartient.
Je souhaite également que cette approche et ce travail soient intégrés à l’échelle de l’Université. Comme peuples autochtones, nous incarnons des valeurs d’une grande richesse et nous avons de vastes savoirs à partager. Lorsque je réfléchis à la mise en œuvre d’une façon de faire autochtone, les relations sont au cœur de notre travail, un travail ancré dans des relations réciproques et dans notre interconnexion.
Le Centre étudiant Otsenhákta tient son pow-wow annuel, qui est ouvert à tous, le 15 septembre dans les jardins du campus Loyola.
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