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Mise à jour sur l’impact prévu des hausses des droits de scolarité au Québec
Chères Concordiennes,
Chers Concordiens,
Je vous écris afin de vous faire part des graves conséquences qu’entraîneront pour Concordia les changements apportés par le gouvernement du Québec au régime des droits de scolarité. Les détails de ces mesures ne sont pas encore fixés, mais il ne fait aucun doute que les nouvelles politiques auront des répercussions financières dévastatrices pour notre établissement. De plus, elles saperont notre réputation en tant qu’université nouvelle génération au rayonnement international ainsi que de fer de lance de la diversité, de l’accessibilité et de l’ouverture sur le monde.
En clair, nous redoutons que la décision du gouvernement de presque doubler les droits de scolarité pour les étudiants de l’extérieur du Québec, les faisant passer de 9 000 $ à 17 000 $, entraînera un déclin rapide des inscriptions au premier cycle d’étudiants du reste du Canada. Facturer aux étudiants de l’extérieur de la province les droits de scolarité proposés par Québec – droits qui d’ailleurs étaient déjà bien plus élevés que la moyenne canadienne – aura pour résultat de nous exclure du marché.
Nous amorçons un examen minutieux de nos programmes, mais selon nos estimations, il est probable que nos inscriptions de l’extérieur de la province diminueront de 65 à 90 pour cent, et ce, dès la mise en œuvre de la politique à l’automne 2024. Cette année, Concordia a accueilli plus de 900 nouveaux étudiants du reste du Canada, ce qui a porté le nombre total de Canadiens d’autres provinces fréquentant notre établissement à près de 3 500. Compte tenu de nos chiffres actuels, cette mesure risque de grever notre budget de 2024-2025 de 8 millions de dollars, perte qui atteindra 32 millions annuellement dans quatre ans lorsque les étudiants facturés au tarif externe précédent auront obtenu leur diplôme. Quoi que soit le résultat définitif de notre analyse détaillée, les répercussions à prévoir sur nos activités sont vastes et complexes.
Trois semaines après notre première rencontre avec la ministre de l’Enseignement supérieur, nous n’avons pas encore reçu le détail écrit du changement de politique en ce qui concerne les étudiants internationaux du 1er cycle et ceux du 2e cycle inscrits à un programme sans rédaction de mémoire. La saison du recrutement bat son plein, et vu la situation, il nous est très difficile d’évaluer en profondeur les effets des mesures proposées et de fournir aux étudiants potentiels une information exacte. Cependant, selon ce qui nous a été dit verbalement, les répercussions seront tout aussi graves. En supposant que nos inscriptions dans ces groupes se maintiennent à 5 300 (ce qui constitue peut-être un scénario optimiste, étant donné la confusion et la mauvaise publicité générées par l’annonce du gouvernement), nous prévoyons que les revenus que tire Concordia des inscriptions d’étudiants étrangers diminueront de 7,5 millions en 2024-2025, puis de 30 millions par année dans quatre ans.
En résumé, selon l’information qui nous a été communiquée par le gouvernement à ce jour et notre propre évaluation préliminaire de l’impact des changements sur les inscriptions futures, la perte totale potentielle de revenus se chiffrera à 15,5 millions seulement pour 2024-2025, ce qui aggravera sensiblement notre situation actuelle de déficit budgétaire. Et dans quatre ans, lorsque les mesures s’appliqueront à toutes les personnes étudiantes visées, nous risquons d’accuser une perte d’environ 62 millions de dollars, soit entre 9 et 10 pour cent de notre budget annuel actuel.
Nul doute, les nouvelles politiques du gouvernement auront un énorme effet sur notre situation financière et rétréciront notre effectif étudiant. Pour l’instant, il est trop tôt pour prévoir l’ensemble des conséquences. Cependant, en unissant nos forces, nous préserverons la capacité de Concordia à accomplir sa mission, qui consiste à offrir aux étudiantes et étudiants une formation de calibre mondial, de mener des recherches de pointe et de stimuler l’innovation en vue de rendre la société plus juste et équitable pour tous. Notre université n’a jamais eu aussi solide réputation, et je suis résolu à maintenir l’élan que nous nous sommes donné.
De nombreux autres chefs de file de la collectivité ont exprimé leurs préoccupations au sujet des conséquences des nouveaux droits de scolarité, dont la mairesse de Montréal ainsi que les dirigeants de BMO Groupe financier, Québec, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et du Conseil du patronat du Québec. Les recteurs de l’Université de Montréal, de l’Université Laval, de l’Université de Sherbrooke, de HEC Montréal et de Polytechnique Montréal ont aussi critiqué publiquement les mesures annoncées, tout comme les associations étudiantes.
Nous ne percevons pour l’instant de la part du gouvernement aucune ouverture à réévaluer ses actions. Néanmoins, nous continuons de rechercher des voies de communication, de pair avec nos collègues des universités McGill et Bishops.
Nous sommes très reconnaissants du soutien que tant d’entre vous ont manifesté ces dernières semaines. Vous êtes témoin jour après jour des innombrables contributions qu’apporte Concordia à la richesse culturelle et à la prospérité économique du Québec, et il est essentiel que nous continuions de diffuser ce message le plus largement possible.
Je communiquerai de nouveau avec la communauté à mesure que la situation évoluera.
Graham Carr
Recteur et vice-chancelier