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Aujourd’hui, nous nous souvenons, demain, nous nous élèverons

6 décembre 2024
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Par Sarah Farahdel

Source: Media Relations

Cette année marque le 35ᵉ anniversaire d’une tragédie qui a bouleversé la communauté des ingénieurs au Canada. Le 6 décembre 1989, 14 femmes ont été assassinées à l’École Polytechnique de Montréal — un acte insensé de violence sexiste qui s’attaquait à leur audace de rêver, de construire et d’imaginer un monde meilleur grâce à l’ingénierie. Ce jour a brisé des vies et mis en lumière une réalité crue : les femmes en ingénierie n’étaient pas seulement sous-représentées, elles n’étaient pas toujours les bienvenues.

Aujourd’hui, alors que je défends ma thèse de doctorat en génie des systèmes d’information, je ressens le poids de cette histoire. Je suis ici grâce au courage, à la résilience et à la détermination de celles qui m’ont précédée — des femmes qui ont lutté pour créer des espaces où d’autres comme moi pourraient exceller, diriger et innover. En cette journée chargée de sens, j’honore leur héritage en revendiquant ma place dans une profession où notre présence est encore trop souvent remise en question.

Le 6 décembre est un rappel solennel des conséquences brutales du sexisme enraciné, mais aussi un cri de ralliement pour un changement systémique, en ingénierie et au-delà. Cette date nous pousse à réfléchir sur les progrès réalisés par les femmes et sur tout le chemin qu’il reste à parcourir.

Depuis 1989, beaucoup de choses ont changé. Aujourd’hui, les femmes dirigent des projets d’ingénierie révolutionnaires, occupent des postes clés dans les universités et sont p.-d.g. d’entreprises technologiques. Nous ne sommes plus des exceptions ; nous sommes des forces de changement. Pourtant, pour chaque femme qui brise les barrières, d’innombrables autres se font encore dire — explicitement ou implicitement — qu’elles n’ont pas leur place.

En ce jour, je ne peux m’empêcher de penser aux 14 femmes brillantes qui auraient dû avoir la chance de s’asseoir là où je suis, de défendre leurs travaux, de changer le monde.

Partout au Canada, des femmes ingénieures redéfinissent ce domaine. Des pionnières comme Natalie Panek, ingénieure aérospatiale travaillant sur les rovers martiens, ou Elsie MacGill, surnommée la « Reine des ouragans » pour avoir conçu des avions de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale, incarnent la résilience. Michèle Thibodeau-DeGuire, première femme diplômée en génie civil de Polytechnique, est devenue une leader en philanthropie et dans le milieu universitaire. Claire Deschênes a ouvert la voie en devenant la première professeure de génie à l’Université Laval et en cofondant un réseau mondial de femmes ingénieures. Elizabeth Cannon a fait avancer les technologies GPS et a dirigé l’Université de Calgary.

Micheline Bouchard et Danielle W. Zaïkoff ont brisé les plafonds de verre en devenant les premières femmes à diriger des organisations d’ingénierie majeures, ouvrant la voie aux générations futures.

Ces histoires illustrent la puissance et l’influence des femmes en ingénierie lorsque les barrières tombent. Aujourd’hui, les campus sont des incubateurs de ce changement. Il y a presque dix ans, j’ai eu l’honneur de présider le programme Femmes en ingénierie de l’Université Concordia, qui continue de proposer du mentorat, des formations en leadership et des activités de sensibilisation pour inspirer les jeunes filles à envisager une carrière en ingénierie. De même, des institutions comme McGill, Polytechnique Montréal et l’École de technologie supérieure offrent des programmes de recherche estivaux permettant aux étudiantes de premier cycle d’acquérir une expérience concrète, du mentorat et une confiance accrue pour s’engager dans des carrières d’impact.

Sur le plan national, l’initiative « 30 en 30 » d’Ingénieurs Canada vise à ce que 30 % des nouveaux ingénieurs agréés soient des femmes d’ici 2030, considérant que l’équité entre les genres génère des solutions plus solides et plus efficaces.

Alors que je défends ma thèse aujourd’hui, je ressens une immense gratitude pour les possibilités et le soutien qui m’ont menée ici. Ce moment est une déclaration : non seulement les femmes ont leur place en ingénierie, mais elles peuvent y prospérer.

À ceux qui hésitent à agir, je vous invite à passer à l’action. Mentorez une jeune femme. Défendez des politiques favorisant l’équité dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. Et à mes consoeurs ingénieures : votre présence est une révolution. Chaque problème que vous résolvez, chaque projet que vous dirigez, chaque idée que vous concrétisez est une preuve de votre force et de l’impact de la diversité.

Aujourd’hui, nous nous souvenons. Demain, nous nous élèverons. Ensemble, nous bâtirons un avenir où personne ne remet en question le droit des femmes de construire un monde meilleur.




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