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Sondage Léger Fiers du Québec ? Oh que oui !

25 novembre 2024
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Par Jean-Philippe Warren et Jean-Marc Léger

Source: Media Relations

Cet article a été publié dans LaPresse.

Les Québécois sont nombreux à être fiers de leur province, et nombreuses sont les raisons qui leur procurent ce sentiment, ont découvert Jean-Marc Léger et Jean-Philippe Warren grâce à une grande enquête.

Dans les années 1960 et 1970, les Québécois ont voulu rompre avec un certain complexe d’infériorité. Ils ont voulu s’affirmer comme « quelque chose comme un grand peuple », selon les mots de René Lévesque.

Mais qu’est-ce donc qui, aujourd’hui, rend les Québécois fiers d’eux-mêmes ?

Pour le savoir, nous avons procédé à un grand sondage Léger à questions ouvertes auprès de 1044 personnes, du 1er au 3 novembre 2024. Nous avons demandé aux répondants ce qui les rendait fiers d’être québécois.

Quelques-unes de leurs réponses peuvent surprendre.

Des réponses nombreuses et variées

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Statue de Félix Leclerc, au parc La Fontaine de Montréal

Commençons par noter qu’assez peu de répondants ne sont pas fiers d’être Québécois (8 %) ou refusent de répondre (7 %). La vaste majorité (85 %) trouve au moins quelque chose qui lui paraît digne de mention.

C’est une bonne nouvelle. Les Québécois ont à peu près tous quelque chose de bon à dire de leur collectivité.

L’autre bonne nouvelle, c’est que les réponses sont variées. La fierté québécoise ne tient pas à une cause. Elle se déploie selon les intérêts, les valeurs et les sensibilités de la mosaïque québécoise.

1. La langue (24 % des répondants)

Sans surprise, la langue française trône au sommet des réponses reçues.

Le quart des répondants considèrent que la langue française est ce qui les rend réellement fiers d’appartenir au peuple québécois.

Comme le disait François Legault au moment du dépôt du projet de loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, en 2021 : « Notre langue n’est ni moins bonne ni meilleure que les autres. Mais c’est la nôtre. C’est ça qui fait notre originalité. C’est ça qui fait du Québec une aussi belle nation. Je suis fier de parler français. »

2. La culture et l’histoire (18 % des répondants)

Après la langue, la réponse la plus populaire concerne l’histoire et la culture.

On s’enorgueillit d’un passé qui n’est peut-être pas, comme le proclame l’hymne national canadien, une « épopée des plus brillants exploits », mais qui recèle quand même d’importantes leçons de courage et de résilience. Dans le même esprit, on se dit fier des traditions du Québec.

Bien entendu, on admire les artistes, dont le talent rayonne désormais un peu partout dans le monde. On les applaudit au théâtre, au concert, à la télévision, au cinéma.

On déclare apprécier les produits locaux. D’ailleurs, le patrimoine gastronomique n’est pas oublié dans les réponses du sondage. Par exemple, plusieurs (3 %) ont répondu qu’ils ne tiraient pas une mince fierté de ce que la poutine avait été inventée ici, au Québec !

3. L’ouverture (13 % des répondants)

D’autres personnes, à l’inverse de celles qui insistent sur l’enracinement et le roman national, préfèrent célébrer l’ouverture à l’autre de la société québécoise. Elles se disent fières d’une société qui cultive le pluralisme et accorde une place aux personnes de différents milieux, origines et tendances.

Dans le même mouvement, elles mentionnent le sens de l’accueil des gens d’ici, l’entraide, leur gentillesse, leur empathie.

On souligne aussi la liberté d’expression qui règne dans la province, ainsi que la vitalité des institutions démocratiques. On aime le respect dont les Québécois font preuve les uns envers les autres ainsi que, à l’international, leur pacifisme.

4. Le modèle québécois (10 % des répondants)

Des répondants expriment leur admiration pour le solide filet social dont le Québec s’est doté depuis la Révolution tranquille.

Ils sont attachés aux divers programmes sociaux qui ont permis au Québec de bâtir une société relativement égalitaire. Ils évoquent les nombreux services universels et gratuits dont disposent les citoyens, dont des hôpitaux et des écoles publiques.

Ils insistent sur la nationalisation des compagnies privées d’électricité, pour rappeler à la fois l’interventionnisme de l’État, qui tranche avec le néolibéralisme qui triomphe ailleurs, et la volonté de construire une économie plus verte, plus écologique.

En général, ils mettent de l’avant la bonne qualité de vie dont les habitants jouissent dans la province. Ce qui inclut le fait qu’on mange bien au Québec !

5. Le territoire (10 % des répondants)

Le territoire est la cinquième source de fierté en importance pour les Québécois.

La nature, avec ses vastes espaces (« à couper le souffle », pour reprendre les mots d’un des répondants) et ses paysages grandioses, suscite l’admiration.

La fierté prend parfois des accents très locaux. Certains individus tirent leur fierté de leur appartenance à une région, une ville ou un village, voire un arrondissement ou un quartier.

Une fierté distincte

Les dimensions de la fierté québécoise se distinguent de ce qu’on peut observer ailleurs.

Au Royaume-Uni, parmi les réponses les plus fréquentes, on ne trouve pas les beaux paysages, mais la famille royale, les monuments historiques et l’armée.

Aux États-Unis, on ne trouve pas les législations sociales, mais les succès économiques, sportifs et du divertissement, ainsi que, bizarrement, de leur Constitution.

Ainsi, le Québec est une société distincte jusque dans les motifs de sa fierté. Ici, ce n’est pas d’abord la monarchie, l’argent, le sport ou l’institution militaire qui fait vibrer nos cordes sensibles, mais la langue, les artistes, la tolérance et l’entraide. Un peuple qui est d’ailleurs très fier de sa différence.

Nous avons peut-être raison d’être fiers d’être fiers !




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