Skip to main content
article

Apprenons à recycler dès la maternelle

14 janvier 2025
|
Par Keroles B. Riad et Juliette Champoux-Pellegrin

Source: Media Relations

Les élèves de tous les niveaux d’enseignement devraient recevoir des formations sur le tri des déchets et d’autres pratiques durables, selon les auteurs.

Les règles de recyclage au Québec changent cette année1, une fois de plus, pour le meilleur, espérons-le, car plus d’articles sont désormais acceptés. Il s’agit d’un changement essentiel étant donné que le Canada est le plus grand producteur de déchets par habitant au monde.

L’amélioration des infrastructures de recyclage est importante, mais elle est insuffisante si elle n’est pas accompagnée d’actions éducatives. Vous est-il déjà arrivé de vous trouver devant une station de tri, les mains pleines de déchets, ne sachant pas ce qu’il faut mettre dans tel ou tel bac ? Ne souhaiteriez-vous pas que nous ayons tous appris à faire cela à l’école ? Pourtant, il n’existe pratiquement aucun programme officiel sur le développement durable à tous les niveaux d’enseignement, et cela doit changer.

Les écoles primaires et secondaires devraient proposer un programme général tandis que les universités devraient fournir une formation spécifique à chaque discipline. Par exemple : enseigner aux ingénieurs en bâtiment comment créer des designs plus écoresponsables, tandis que les étudiants en gestion auraient des cours sur l’art de gérer une entreprise de manière plus durable.

Mais c’est loin d’être la réalité, puisque seulement 39 % des étudiants et étudiantes2 des universités canadiennes obtiennent un diplôme dans le cadre d’un programme mentionnant le développement durable.

À l’Université Concordia, ce chiffre n’est que de 19 %3, et la situation est encore pire aux premiers stades de l’éducation, où les programmes d’enseignement sur le développement durable sont pratiquement absents.

En l’absence de leadership institutionnel, des groupes communautaires s’organisent pour combler ces lacunes. Les étudiants de Concordia ont voté lors d’un référendum en 20212 pour demander à l’université de s’engager à enseigner le développement durable à toute la population étudiante. Même si Concordia n’a jamais répondu à l’appel, sa voisine, l’Université McGill, l’a fait. En 2023, le Sénat de McGill a approuvé une nouvelle politique de durabilité et un plan académique s’engageant à ce que les étudiants obtiennent leur diplôme avec une compréhension de la durabilité.

Des progrès encourageants

Au fil des ans, enuf, l’entreprise sociale dont nous faisons partie, a également tenté de combler certaines lacunes. En partenariat avec les associations étudiantes, notre équipe propose de courts tutoriels sur le tri des déchets au début des cours obligatoires. Dans les cinq dernières années, nous en avons présenté à plus de 26 000 étudiants.

Nous avons également travaillé avec des écoles primaires et secondaires de Montréal, où nous organisons des ateliers sur le tri des déchets et des audits des déchets pour en mesurer l’impact. L’école secondaire Laurier Macdonald en est un excellent exemple. Leurs audits de déchets ont montré que grâce aux ateliers, leurs bacs de compostage étaient pratiquement purs, leurs bacs de recyclage contenaient près d’un tiers de la contamination habituelle (9 % au lieu de 23 %) et, surtout, le total des déchets produits par personne et par jour avait été réduit de moitié (81 g au lieu de 159 g).

Jusqu’à présent, cet impact s’est maintenu sur plusieurs années et les élèves ont transmis ce qu’ils ont appris à leur communauté.

Des enseignants motivés organisent déjà depuis des décennies des actions vertes bénévoles et des clubs environnementaux. Cependant, il est à la fois injuste et irréaliste de continuer à faire peser ce fardeau sur le dos des enseignants volontaires. L’éducation environnementale doit être développée et soutenue d’une manière qui n’exploite pas le personnel passionné et surchargé. Le gouvernement et les conseils scolaires devraient mettre en œuvre des changements structurels tant au niveau des programmes d’études que des mécanismes de soutien à des initiatives similaires.

Ni notre appel ni notre travail ne sont révolutionnaires. Les crises des déchets et du climat ne sont pas des causes perdues, et il n’y a rien de plus utile que d’aider à doter les jeunes générations des outils dont elles ont besoin pour lutter pour leur avenir.




Retour en haut de page Retour en haut de page

© Université Concordia