article
Le Canada osera-t-il se tourner vers une économie verte?
Cet articlé a été publié dans Le Devoir.
Le système de tarification du carbone du Canada a longtemps été considéré comme une pierre angulaire de la durabilité, mais en réalité, il a mis les entreprises sous pression, augmenté les coûts pour les consommateurs et réduit la compétitivité du pays sur la scène internationale. Bien que beaucoup continuent de voir la tarification du carbone comme un outil nécessaire pour réduire les émissions, les faits montrent qu’elle n’a pas tenu ses promesses. Plutôt que de persister dans cette approche, le Canada devrait explorer des solutions plus innovantes, orientées par le marché, qui encouragent la durabilité sans pénaliser les industries ni freiner la croissance.
Le récent appel du chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, et de 14 p.-d.g. des secteurs pétrolier et gazier, pour abroger la taxe fédérale sur le carbone, met en lumière un mécontentement croissant à l’égard de cette politique. Ils affirment que la taxe sur le carbone place les entreprises canadiennes dans une position désavantageuse et réduit notre compétitivité sur le marché mondial. Bien que certains puissent minimiser ces préoccupations, la réalité est que la taxe sur le carbone n’a pas réussi à réduire de manière notable les émissions et a mis une pression financière inutile sur les industries, en particulier dans des provinces riches en ressources comme l’Alberta et la Saskatchewan.
Plutôt que de s’accrocher à un modèle dépassé, le Canada doit explorer des solutions qui favorisent l’innovation et la durabilité à long terme.
Au lieu de se fier uniquement à la taxation du carbone, le Canada devrait investir dans des politiques qui incitent les entreprises à adopter des technologies et des pratiques plus écologiques. Des crédits d’impôt pour les technologies vertes, du financement pour les projets de captage du carbone et les énergies renouvelables, ainsi qu’un soutien plus fort à l’innovation dans les technologies propres peuvent aider le Canada à mener la transition verte mondiale.
Par exemple, l’initiative de captage du carbone de l’Alliance Pathways, d’une valeur de 16 milliards de dollars, pourrait prospérer dans un cadre politique qui encourage les investissements dans de nouvelles technologies plutôt que de pénaliser les émissions. Au lieu de punir les entreprises, le Canada devrait créer un environnement où durabilité et croissance économique vont de pair.

L’engagement du Canada envers la durabilité doit également inclure une responsabilisation des entreprises. La transparence dans la communication sur les questions climatiques est essentielle. Les nouvelles règles de divulgation climatique obligatoires pour les grandes entreprises, qui seront mises en place par le gouvernement, vont dans le bon sens, car elles garantissent que les investisseurs et les consommateurs aient accès à des données fiables sur les répercussions environnementales des entreprises. Ces régulations aideront à exposer les pratiques d’écoblanchiment (ou greenwashing), en montrant clairement que les entreprises doivent aller au-delà de simples déclarations de durabilité. Pour que ces politiques soient efficaces, elles doivent disposer de mécanismes d’application réels et de sanctions substantielles pour ceux qui induisent le public en erreur.
Cependant, un obstacle majeur persiste : le soutien continu du secteur financier aux industries à forte émission de carbone. Une enquête récente sur les « prêts verts » a montré comment certains des plus grands pollueurs mondiaux exploitent des milliards de financements liés à la durabilité sans réduire de manière notable leurs émissions. Cela représente une menace directe pour l’intégrité des politiques climatiques du Canada. Pour éviter de saper ses propres objectifs de durabilité, le gouvernement fédéral doit renforcer les régulations autour du financement vert pour garantir que seules les entreprises ayant réalisé des progrès réels et mesurables en matière de réduction des émissions bénéficient de ces fonds.
L’avenir du Canada dans l’économie verte mondiale est à un tournant. Les décisions prises aujourd’hui détermineront si nous restons un leader en matière de durabilité ou si nous devenons un autre pays à la traîne sur la scène mondiale. Abroger la taxe sur le carbone n’est pas un appel à abandonner l’action climatique — c’est un appel à repenser notre approche de la durabilité. Plutôt que de continuer à compter sur des mécanismes punitifs dépassés, le Canada doit investir dans des politiques qui incitent à l’innovation, favorisent la responsabilité des entreprises et créent un environnement où les technologies vertes peuvent prospérer.
Le monde nous observe. Le Canada doit être un leader — pas un retardataire — dans la transition verte mondiale.