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Les États-Unis menacent la stabilité économique et environnementale du Canada

7 février 2025
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Par Sarah Farahdel

Source: Media Relations

Cet articlé a été publié dans Le Devoir.

Les récentes menaces américaines d’imposer des tarifs douaniers sur les importations canadiennes, couplées au retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, représentent un double défi pour la résilience économique et les engagements environnementaux du Canada. Ces gestes ont non seulement pour effet de saper la relation commerciale de longue date entre les deux pays, mais aussi d’entraver les progrès du Canada en matière de développement durable.

Les États-Unis ont initialement annoncé l’imposition de droits de douane de 25 % sur les produits canadiens, mais une entente de dernière minute entre le président Donald Trump et le premier ministre Justin Trudeau a donné lieu à un report de 30 jours de l’adoption de cette mesure. Ce délai censé permettre de répondre aux préoccupations en matière de sécurité frontalière offre une brève occasion de négociation, mais l’incertitude demeure quant aux implications à long terme de ce virage pour le commerce.

En effet, s’ils entrent en vigueur, les droits de douane frapperont un large éventail de produits canadiens, notamment des boissons, des cosmétiques et des produits en papier représentant des dizaines de milliards de dollars en exportations. En guise de représailles, le Canada a annoncé l’imposition de droits de douane équivalents sur les importations américaines, dans le but de protéger ses industries nationales. Cette escalade du conflit commercial menace de perturber les chaînes d’approvisionnement et d’entraîner une augmentation des prix à la consommation ainsi que des pertes d’emplois dans les secteurs touchés. En outre, vu l’interdépendance des économies américaine et canadienne, ces tarifs douaniers pourraient avoir des effets d’entraînement et obliger les entreprises canadiennes à repenser leurs stratégies commerciales.

Par ailleurs, le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris complique encore davantage les choses. Le Canada reste déterminé à atteindre ses objectifs climatiques, mais l’absence d’une stratégie nord-américaine coordonnée pourrait miner ses efforts à long terme en matière de durabilité. Cette décision des États-Unis pourrait entraîner une augmentation des émissions de gaz à effet de serre au sud de la frontière, ce qui dégraderait la qualité de l’environnement régional et rendrait l’atteinte des objectifs climatiques du Canada plus difficile. En outre, la réduction des investissements dans les technologies propres et l’incertitude entourant les politiques climatiques risquent de nuire aux efforts du Canada pour devenir un chef de file de l’économie verte.

Pour les entreprises canadiennes, cette nouvelle réalité présente de multiples défis. L’augmentation des coûts d’exportation qu’entraîneraient les droits de douane rendrait les produits canadiens moins concurrentiels sur le marché américain. Parallèlement, les disparités entre les réglementations des deux pays pourraient permettre aux entreprises américaines de réduire leurs coûts d’exploitation, au détriment des entreprises canadiennes. Il est également possible que l’instabilité de la politique climatique nord-américaine suscite l’inquiétude des investisseurs et les incite à réorienter leur financement vers des régions ayant adopté des mesures plus fermes en matière de développement durable comme l’Europe et l’Asie.

Pour relever ces défis, le Canada doit prendre des mesures énergiques. Tout d’abord, il doit diversifier ses partenariats commerciaux en réduisant sa dépendance à l’égard du marché américain et en élargissant ses accords avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine. Le renforcement d’ententes commerciales telles que l’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne et l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste aura une importance cruciale.

Deuxièmement, le Canada doit accroître ses investissements dans les industries durables en se positionnant en tant que leader en matière de technologies propres et d’énergies renouvelables. Le soutien aux investissements privés et publics dans l’innovation climatique comme la capture du carbone, l’hydrogène et les infrastructures vertes renforcera l’avantage concurrentiel du Canada.

Enfin, le Canada doit accroître sa concurrence nationale en mettant en œuvre des politiques qui soutiennent l’innovation et la productivité dans des secteurs clés et offrir des incitations fiscales stratégiques aux entreprises qui adoptent des solutions à faibles émissions de carbone.

Malgré ces écueils, le Canada est bien placé pour prendre les devants au chapitre des politiques commerciales et économiques durables. La renonciation des États-Unis à leurs engagements en matière climatique donne au Canada une occasion unique de s’affirmer en tant que leader mondial de la durabilité en renforçant son rôle dans les accords internationaux sur le climat, en bâtissant une économie plus propre, en attirant les investissements mondiaux et en devenant une plaque tournante des technologies vertes et de l’innovation. Si le Canada parvient à surmonter les incertitudes commerciales, à renforcer les industries vertes et à dynamiser son action climatique, il s’assurera un avenir plus solide et plus résilient, tant sur le plan économique qu’environnemental.

L’imposition des tarifs douaniers et le retrait de l’Accord de Paris par les États-Unis présentent ensemble des risques importants, mais cette situation offre également au Canada la possibilité de montrer l’exemple. Le moment est venu de faire preuve d’un leadership audacieux et de prendre des mesures décisives. En misant sur ses atouts, en forgeant de nouveaux partenariats et en visant la durabilité, le Canada peut émerger de cette crise en tant que chef de file économique et environnemental mondial. Il ne s’agit pas seulement d’un défi, mais d’une occasion de redéfinir la place du Canada dans le monde.




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