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Speaking Back, Re-shaping Tomorrow – A Reflection on the Looking In, Looking Out Black Arts Series Film Screening

 by India-Lynn Upshaw-Ruffner

« L’existence des Noirs réside dans la façon dont nous, les personnes noires, racontons notre univers – notre identité est toujours contenue dans cet univers i. »

« prendre la parole, c’est libérer sa voix ii.»

La prise de parole est une pratique fondamentale pour les personnes Noires. Elle permet de reconnaître notre passé tout en ouvrant de nouvelles perspectives. Selon bell hooks, un outil de lutte contre les inégalités systémiques est le « franc-parler », dont elle souligne, s’agit d’un acte de résistance essentiel pour la libération des Noir.e.s iii. Le cycle de projections Looking In, Looking Out de la série Black Arts présentée à la Galerie FOFA réunit six créateur.trices Afro descendants qui incarnent ces notions dans leurs films et partagent des histoires qui reflètent leur point de vue.

Chaque artiste présente diverses facettes de leur univers au moyen d’un film, d’une manière qui leur est propre. Les courts métrages de Ra’anaa Yaminah Ekundayo, Karl Obakeng Ndebele, Badewa Ajibade, Desirée de Jesús, Adam Mbowe et Emem Etti s’articulent autour de messages ancestraux, de la famille et de la santé mentale, tout en traitant de résistance, de résilience et du quotidien. Chaque cinéaste aborde la réalisation d’une manière singulière, que ce soit en recréant des événements réels, en remodelant des scénarios ou en revisitant des histoires ancestrales.

Les créateur.trice.s se penchent notamment sur les idées contenues dans la répétition et la nature cyclique du préfixe « re », exprimant ainsi un désir de repartager leur vécu. Les récits de vie narrés à travers la perspective de personnes Noires sont très souvent occultés dans le milieu artistique et dans le monde, en général. Ainsi, chaque fois que de telles histoires sont présentées au public, celles-ci réimaginent les façons dont l’identité noire existe et peut exister. Le film élemental de Ra’anaa Yaminah Ekundayo illustre bien cette idée, puisque l’artiste réutilise et réagence des photos et des vidéos d’archives familiales pour créer un espace d’attention et d’amour. En sélectionnant soigneusement ces archives, iel réalise un film qui recrée la sensation du temps qui s’écoule si vite qu’il est difficile de se souvenir de tout ce qui s’est passé, rappelant au public qu’il faut chérir le moment présent et ne jamais oublier d’où l’on vient. Ce montage rapide est aussi toutefois synonyme d’opacité iv, car l’artiste reste maître de ce qui est révélé dans chaque clip, partageant une partie de son identité tout en en préservant une autre des regards. Le fait d’apprendre de nos récits personnels et de les chérir nous permet de créer de nouveaux avenirs florissants pour nous-mêmes et pour notre communauté. Les Noirs doivent devenir leurs propres archivistes et raconter à nouveau leurs propres histoires, afin qu’elles ne tombent pas dans l’oubli – comme le décrit poétiquement Ra’anaa Yaminah Ekundayo dans son film, « nous sommes élémentaires ».

De manière générale, le concept du Black Livingness est mis en avant dans chaque film. L’auteure Katherine McKittrick a inventé ce terme, qui déconstruit l’idée de la «noireté », en se demandant s’il existe une seule manière globale d’être noir, que la société perpétue à la fois ouvertement et secrètement v. Vivre, aimer, se rebeller et chérir sont autant de formes d’existence. En démantelant la boîte dans laquelle l’identité noire est contenue, les artistes peuvent créer un espace vivant sans limites ni attentes – un espace qui leur permet de tracer un chemin vers l'avant qui est autodéterminé. Le film d’Adam Mbowe, halves and doubles, incarne la notion du Black Livingness et se centre sur la relation de l’artiste avec sa sœur, en situant la scène au milieu d'une conversation chargée sur les problèmes de santé mentale de celle-ci. Le public assiste au renforcement d’un lien familial grâce à une communication honnête et ouverte, et la cinéaste met en évidence les imperfections de la résolution des conflits, ainsi que les flux et reflux naturels de l’existence humaine. Adam Mbowe fait également référence à la série Kitchen Table de l’artiste Carrie Mae Weems par sa mise en scène, en utilisant un éclairage particulier et une table ainsi qu’en cadrant chaque plan de la même manière que dans la série de photos de Weems. L’œuvre autobiographique de Weems est l’une des plus connues émanant d’une artiste noire et détaille les subtilités de son expérience en tant que femme noire, mais aussi en tant que mère, partenaire et amie vi. À l’instar de la série Kitchen Table, le film d’Adam Mbowe raconte son histoire en tant que personne noire, mais va aussi bien plus loin. En regardant ce film sous l’angle de l’existence noire, nous pouvons en saisir les complexités et les subtilités, et en faire l’expérience au-delà des visions simplifiées de l’identité, pour adopter une perspective existentielle naturelle, entière et brute.

Chaque artiste de la série Black Arts prend fièrement la parole, et nous devons continuer de célébrer et de diffuser les histoires racontées par des personnes noires aux points de vue divers et intersectionnels. Nous devons continuer à articuler notre existence.

[i] Katherine McKittrick, Dear Science and Other Stories, Durham: Duke University Press, 2021.  

[ii] bell hooks, “Talking Back,” Talking Back: Thinking Feminist, Thinking Black, Boston, South End Press, 1989, 8.

[iii] Idem. 

[iv] Benjamin P. Davis, “The Politics of Édouard Glissant’s Right to Opacity,”  le journal CLR James 25, no. 1/2 (2019): 59–70. https://www.jstor.org/stable/26946358.

[v] Katherine McKittrick, “Dear April: The Aesthetics of Black Miscellanea,” Antipode 54, no. 1 (2022): 3–18.  

[vi] Carrie Mae Weems et Sarah Elizabeth Lewis, Carrie Mae Weems : Kitchen Table Series deuxième ed., New York, NY: MW Editions, 2022. 

[vii] Liz Ikiriko, “Speaking Ourselves into Being,” C Magazine Issue 144, 15 décembre, 2019, 36, https://cmagazine.com/issues/144/speaking-ourselves-into-being.

 

About the author

India-Lynn Upshaw-Ruffner is a Black bi-racial artist, writer, curator, and cultural worker from Montréal. She is currently completing her BFA in Art History and Studio Arts at Concordia University. India-Lynn was a facilitator/curator for the 2022 Art Matters Festival. Her work has been shown at Fais-moi l'art gallery in the co-curated exhibition Tenderly Reminiscing (May 2023). She was the Artistic and Community Alliances Coordinator at La Centrale Galerie Powerhouse in 2022, producing the digital publication [espace variable | placeholder].

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