Carrie Allison

Description des oeuvres
Ces dernières années, j'ai développé un corpus d'œuvres axées sur l'herbe et d'autres monocultures telles que le blé, l'orge et l'avoine, qui ont été utilisées comme outils coloniaux de prise de possession de l'espace. Ces cultures sont, historiquement et actuellement, stratégiquement placées pour guider le mouvement, élever le statut, signaler l'utilisation respectable de la terre et indiquer la moralité, la pureté et la propreté. L'expérience de réaliser ces sculptures extrêmement laborieuses m'a incité à réfléchir profondément à la manière dont la terre est utilisée en Amérique du Nord et à la façon dont elle a créé des responsabilités morales et les a renforcées par le biais de lois et de règlements coloniaux. Les œuvres présentées à la Galerie FOFA s'inspirent de mon enfance dans les villes et les banlieues, du morcellement du territoire des prairies de mes parents et de mes ancêtres qui se sont transformées en espaces de production agricole occidentale, et de la remise en question des stratégies coloniales de création d'espace. Ces œuvres illustrent comment les politiques coloniales encouragent la destruction des terres et des arbres (forêts âgées sur la côte ouest, pins âgés décimés dans l'est, plus récemment la ceinture verte de l'Ontario, OKA) au profit des intérêts individuels, de l'État et des entreprises. En tant que l'une des plus grandes cultures irriguées du menistik (le mot nêhiawêwin pour l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud), les pelouses racontent les histoires contradictoires et coloniales de ces terres - en consommant une abondance de ressources, et en signifiant la richesse, la famille nucléaire, l'étiquette et la gestion de la propriété. Les monocultures racontent des histoires de paysages altérés et sont une farce pour la « productivité ». Mes petites parcelles d'herbe sculpturale récupèrent la terre et l'espace tout en conceptualisant les concepts et les critiques du labeur qui sont souvent insérés dans mon travail, physiquement, conceptuellement ou de manière critique. Bien que les perles soient ludiques et ironiques dans leur matérialité et leur sujet, elles sont le produit d'un processus laborieux et parfois douloureux, au cours duquel d'énormes quantités d'heures sont passées à perler de minuscules brins d'herbe pour former des parcelles.

Biographie de l'artiste
Carrie Allison (nêhiýaw/Métis/descendance européenne mixte) est une artiste visuelle multidisciplinaire basée à K'jipuktuk, Mi'kma'ki (Halifax, Nouvelle-Écosse). Ses noms de famille métis et nêhiýaw sont : Beaudry, Surprenant, Noskeye et Payiw ; ses racines maternelles et ses relations sont basées dans les environs de maskotewisipiy (Haute Prairie, Alberta), Traité 8. Elle a grandi sur les terres non cédées et non rendues des nations Sḵwx̱wú7mesh (Squamish), Stó:lō et Səl ̓ílwətaʔ/Selilwitulh (Tsleil-Waututh) et xʷməθkʷəy̓ əm (Musqueam). Installée à K'jipuktuk depuis 2010, sa pratique répond à son ascendance maternelle nêhiýaw et métisse, réfléchissant à la perte culturelle intergénérationnelle et aux actes de récupération, de résilience, de résistance et d'activisme, tout en réfléchissant également aux notions d'alliance, de parenté et de visite. Le travail qu'elle fait est ancré dans la recherche et les discours pédagogiques avec l'intention de partager des connaissances et de reccueillir une compréhension d'histoires complexes, de concepts et d’avenirs possibles.