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Fil conducteur

17 mars - 23 mai 2025

Visite guidée: 19 mars, 12h - 13h

Vernissage: 20 mars, 17h - 19h

Fil conducteur

La Galerie FOFA a le plaisir de présenter Fil conducteur, une exposition de perlage autochtone contemporain réunissant les artistes Carrie Allison, Katherine Boyer, Bev Koski, Jean Marshall et Nico Williams. Le terme fil conducteur fait référence au type de fil utilisé pour transmettre une charge électrique, mais il renvoie également à la ligne narrative, au thème principal, à l’idée directrice ou au lien transversal. Pour cette exposition, le titre évoque les multiples liens qui unissent les artistes sélectionné·e·s, ainsi que l'énergie incarnée contenue dans chaque perle, chaque fil et chaque point. Chevauchant plusieurs territoires, histoires, techniques et approches, les artistes rassemblé·e·s ici représentent un échantillon de la pratique contemporaine du perlage, ainsi que les réseaux d'apprentissage et d'accueil qui ont permis la rencontre de leurs pratiques.

Cette exposition marque pour Nico Williams l'aboutissement du prix Claudine et Steven Bronfman (qu'il a reçu en 2021) et l'occasion d'inviter d'autres artistes qui ont influencé son travail, exposé à ses côtés ou dialogué avec sa propre pratique au fil des ans. Lors de la planification de l'exposition, Williams a exprimé le fait qu'il a souvent été invité par d'autres artistes de perlage à des expositions et des symposiums à travers l'île de la Tortue, mais qu'il avait rarement eu l'occasion d'inviter d'autres artistes à Tiohtià:ke/Montréal, où il est établi. Ce geste de réciprocité et d'échange collectif reflète ce que la conservatrice et chercheuse Franchesca Hebert-Spence (qui contribuera un texte au catalogue à venir) décrit comme des « épistémologies d'accueil » et parle de formes de rassemblement et d'organisation qui mettent en œuvre « la connaissance et la résistance incarnées »(1).

Williams est connu pour ses œuvres perlées hyperréalistes de formes géométriques et d'objets quotidiens, se concentrant sur les produits et les matériaux qui parlent de l'expérience autochtone contemporaine dans les espaces urbains, domestiques et ruraux. À la FOFA, ses perlages sont présentés avec un ensemble de matériel de référence, notamment de vraies cartes de bingo, des gratteux et des documents imprimés - partageant un aspect crucial de sa recherche et de sa pratique rarement vu aux côtés d'œuvres achevées. L'attention que Williams porte aux objets et aux matériaux de la vie quotidienne offre une autre ligne directrice pour aborder les œuvres incluses dans Fil conducteur. Pour Carrie Allison, la pelouse verte omniprésente en banlieue devient un moyen d'interroger l'utilisation coloniale des terres, les notions de propriété privée et les monocultures destructrices, exploré à travers une série de reproductions perlées de différentes espèces d'herbe. L'intérêt pour les limites, l'(auto)protection et les mécanismes de défense est également présent dans la nouvelle série d'œuvres de Bev Koski, ongoing defenses, qui poursuit sa pratique des recouvrements perlés ou des reproductions d'objets trouvés - dans ce cas, des piques et du fil barbelé, à côté de formes qui ressemblent à de la poussière, à des échines ou à des insectes rampants. L'œuvre Reciprocity de Jean Marshall rassemble une sélection d'objets fonctionnels réalisés en hommage à celleux qui l'ont soutenue ; les objets retrouveront leur usage quotidien après la fermeture de l'exposition. Ses tondos perlés et feutrés représentent des plantes vibrantes et intègrent du cuir d'orignal tanné, une pratique qu'elle apprend depuis les sept dernières années. Enfin, la combinaison distinctive de Katherine Boyer de sangles suspendues, de planches de bois et d'images perlées de nuages et de ciel, capture des moments de présence dans des lieux qui la relient à sa famille, tout en évoquant les processus de construction d'univers queers et des infrastructures de soutien. Tout comme Marshall, elle inclut également des objets fonctionnels qui évoquent l'utilisateur·trice ou le·la porteur·euse. Bien que toutes ces œuvres soient intrinsèquement liées aux systèmes traditionnels de connaissances autochtones, elles sont également liées à des expériences quotidiennes et à des problématiques contemporaines. Comme l'ont décrit les commissaires de l'exposition révolutionnaire Perler, radicalement, « [les artistes du perlage ne sont pas dans les marges, ils sont profondément ancrés au centre, dans le quotidien, réagissant et recontextualisant la culture pop et les réalités actuelles... qu'il s'agisse d'un appel à l'action ou d'un rire de résistance] »(2).

La pratique lente et méticuleuse consistant à trier différentes tailles et couleurs, à enfiler soigneusement une perle sur un fil, à ajouter plusieurs fois des points pour créer une forme ou un motif, forment ensemble un vocabulaire de gestes spécifiques qui sont au cœur de chacune de ces œuvres, une ligne d'énergie qui traverse ces pratiques distinctes. Ces gestes sont également repris dans l'œuvre vidéo d'Allison, Our Hands, Our Body, Our Spirit, et dans les archives de plus en plus nombreuses de cartes de bingo usées par Williams, où le travail et le temps accumulés sont mis en évidence par des processus répétés de marquage ou de placement : un appel de bingo à la fois, une pierre à la fois, un  fil à la fois, une perle à la fois.

- Nicole Burisch

1. Franchesca Hebert-Spence et Carmen Robertson, “The Power of Gathering: Revisiting the Seeds of Ziigimineshin,” dans Bead Talk: Indigenous Knowledge and Aesthetics from the Flatlands, eds. Carmen Roberston, Judy Anderson et Katherine Boyer, Winnipeg: presse de l’Université de Manitoba, 2024, p.84-85.

2. Sherry Farrell Racette, Michelle LaVallee, Cathey Mattes, “Eat. Sleep. Bead. Repeat.,” dans le catalogue d’exposition de Perler, radicalement, Ottawa/Regina: Musée des beaux-arts du Canada et Galerie d’art MacKenzie, 2024, p. 30

Remerciements

L'exposition est rendue possible grâce au soutien de la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman et du Conseil des Arts du Canada.

© Université Concordia