Des données historiques sur le climat canadien sont maintenant à portée de clic
Une panoplie de nouveaux cyberoutils facilite désormais la consultation de données historiques sur le climat canadien. Mieux, ils offrent des renseignements tant sur votre ville natale que sur l’Arctique, et ce, de l’année de votre naissance – voire de quelque période du XIXe siècle – à aujourd’hui.
En collaboration avec Shakil Jiwa, étudiant au premier cycle, Ali Nazemi – professeur adjoint au Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’Université Concordia – a créé trois applications en ligne : le Canadian Climate Data Accessibility Portal (CCDAP; « portail d’accès aux données sur le climat canadien »), ainsi que les outils Past vs. Current Climate Comparison in Canada (PCCC; « comparaison entre les données d’hier et d’aujourd’hui sur le climat canadien ») et Evolution of Climate Observatories in Canada (ECO-CAN; « évolution des observatoires météorologiques canadiens »).
Grâce à ces applis, les internautes sont maintenant aptes à interroger – de diverses façons – toutes les banques de données des stations climatologiques que regroupe Environnement et Changement climatique Canada.
Ainsi, ils peuvent : analyser des cycles temporels (mensuels, quotidiens ou même horaires) de variables météorologiques (température, précipitations, humidité relative, vent, etc.); comparer des caractéristiques annuelles de données météorologiques; ou encore visualiser l’évolution de réseaux d’observation climatologique dont les données sont accessibles au public canadien.
Selon le Pr Nazemi, il s’agissait avant tout de mettre à la disposition des scientifiques des données météorologiques canadiennes difficiles d’accès jusque-là. Dans la foulée, ces derniers disposeraient d’un aperçu synoptique de la disponibilité temporelle et spatiale des observations climatologiques.
Avant, les chercheurs et les chercheuses pouvaient difficilement utiliser les données des stations climatologiques canadiennes – la plus ancienne fut créée à Toronto en 1840. À preuve, pour accéder via Internet aux données quotidiennes mais pluriannuelles d’une station, ils devaient télécharger un fichier pour chaque année sélectionnée.
Autre exemple : de 1871 à 1993, soit durant 122 ans, l’Université McGill a exploité une station climatologique à Montréal. Pour comparer les données annuelles sur cette période, un chercheur aurait dû télécharger 122 fichiers. De même, pour en analyser les renseignements horaires, il lui aurait fallu consulter 1464 fichiers.
« La situation était vraiment frustrante », affirme Ali Nazemi, qui a étudié en hydrologie et en génie hydroéconomique. « Cette lacune a nui à l’avancée de mes travaux comme des projets d’autres chercheurs. »
« Nous voulions donc améliorer l’accessibilité des données de sorte que la communauté scientifique puisse les exploiter plus facilement, poursuit-il. De toute évidence, nos efforts ont favorisé une compréhension plus fine de la variabilité et des changements climatiques et météorologiques au Canada, ainsi que de l’influence de ces aspects sur les activités socioéconomiques et les moyens de subsistance des gens d’ici. »
« Ces données sont essentielles à la planification de l’avenir »
Ayant désormais accès à l’ensemble des stations climatologiques canadiennes ouvertes au public, MM. Jiwa et Nazemi ont pu mettre au point une visualisation inédite de l’évolution du réseau climatique national.
« Pour ainsi dire, cette visualisation représente une carte temporelle, explique le Pr Nazemi. Tout un chacun peut y constater le nombre de stations exploitées au cours d’une année donnée ou dans un lieu précis. »
Du reste, cette fonctionnalité a appris à MM. Nazemi et Jiwa qu’il y a maintenant moins de stations climatologiques en exploitation au Canada et au Québec. En effet, après avoir atteint un maximum vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, leur nombre se compare aujourd’hui à celui des années 1960.
« Au Canada, les effets des changements climatiques se font sentir deux fois plus vite qu’ailleurs dans le monde, déclare Ali Nazemi. C’est donc d’autant plus inquiétant de constater que la quantité de données disponibles diminue.Pourtant, nous en avons vraiment besoin. Grâce à elles, nous obtenons des renseignements cruciaux sur le passé. Par ailleurs, cette information nous aide à mieux planifier l’avenir. »
Depuis sa collaboration avec le Pr Nazemi, Shakil Jiwa reconsidère le choix de carrière qu’il pourrait faire une fois diplômé.
« J’ai bien aimé participer à ce projet, souligne-t-il. D’une part, pour ses retombées potentielles; d’autre part, pour l’étendue de la discipline en tant que telle. Plus j’œuvre dans le domaine de la recherche, plus cette activité m’apparaît comme une option valable après l’obtention de mon diplôme. »
Pour Ali Nazemi, ce n’est là que le début : « Nous travaillons maintenant à concevoir des produits qui faciliteront l’accès aux données environnementales, et ce, non seulement pour les chercheurs, mais également pour les membres de la communauté élargie. »
Consultez le Canadian Climate Data Accessibility Portal.
Apprenez-en davantage sur le Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’Université Concordia.