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Une nouvelle étude montre que les œnologues diffèrent d’opinion selon la région où ils vivent

Chercheuse à Concordia, Bianca Grohmann lève le voile sur les « deux solitudes » qui règnent chez les sommeliers, négociants en vins et journalistes canadiens
8 janvier 2019
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Les goûts ne se discutent pas… sauf peut-être en matière d’œnologie. 

Chercheuse à l’Université Concordia, Bianca Grohmann a découvert que l’ancrage géographique constituait un facteur déterminant dans l’évaluation qualitative des vins – de même que de caractéristiques sensorielles comme l’équilibre ou l’acidité – par les œnologues canadiens. 

« À la lumière des résultats d’une étude comparative entre deux groupes d’œnologues provenant de zones géographiques bien distinctes, soit la vallée de l’Okanagan en Colombie-Britannique et Montréal au Québec, nous constatons l’existence d’une situation qu’on pourrait qualifier de “deux solitudes” », explique Bianca Grohmann, professeure de marketing à l’École de gestion John-Molson de Concordia et auteure de l’étude en collaboration avec Camilo Peña et Annamma Joy. 

« Cette réalité a des répercussions sur le grand public, poursuit la codirectrice du Centre d’études sensorielles. En effet, les consommateurs ne doivent pas croire que les œnologues s’expriment d’une seule et même voix. Ils sont non seulement différents, mais aussi influencés par la tradition et l’endroit où ils vivent. » 

« Notre analyse montre que la sapidité se définit et se perçoit diversement dans les deux régions étudiées, précise-t-elle. En matière de marketing, cette information peut favoriser la prise de décisions éclairées. » 

Les conclusions auxquelles sont parvenus la Pre Grohmann et ses collaborateurs ont récemment été publiées dans la revue Journal of Wine Research. Elles indiquent que, comparativement à leurs confrères de l’Okanagan, les œnologues montréalais ont décelé davantage l’acidité, l’amertume, les goûts de chêne, d’épices, de poivron vert et de végétaux, l’équilibre et les défauts aromatiques – notamment l’odeur de bouchon. 

Curieusement, les deux groupes ont perçu une dominante de baie dans des vins totalement différents. Par ailleurs, les spécialistes de la vallée de l’Okanagan ont accordé des notes plus élevées sur le plan qualitatif lorsqu’ils distinguaient des arômes plus épicés, tandis que les experts de Montréal ont privilégié l’équilibre du vin.

Bianca Grohmann, professeure de marketing à l’École de gestion John-Molson de Concordia.

Deux provinces, sept vins, vingt-deux spécialistes 

Au cours de deux séances de dégustation à l’aveugle de 60 minutes chacune, nos œnologues ont goûté sept vins rouges : un merlot, un pinot noir, un shiraz et quatre assemblages. Ils les ont évalués en fonction de sept caractéristiques aromatiques et de neuf éléments sapides.

« Les experts en vins de Colombie-Britannique sont attachés à un modèle de formation britannique, à un agrément délivré par le Wine and Spirit Education Trust, indique la Pre Grohmann. Leurs confrères québécois, eux, se réclament de la tradition sommelière et du journalisme œnologique français. À notre avis, les différences qu’affichent les membres des deux groupes sur le plan de leur formation et de leur milieu socioculturel représentent d’importants facteurs déterminants. » 

Lors des tests aveugles, les deux groupes sont tombés d’accord sur l’excellente qualité du 30 Mile 2014 – un shiraz du sud-est de l’Australie. Ils lui ont d’ailleurs décerné la note globale la plus élevée. 

Toutefois, la cuvée 2015 de l’Apothic Red – un vin californien – n’a pas fait l’unanimité. Les dégustateurs de l’Okanagan l’ont noté beaucoup plus favorablement sur le plan qualitatif. 

« Ce rouge est fort intéressant, car son élaboration vise à marier bon équilibre et bon goût, souligne Bianca Grohmann. Il ne prétend pas provenir d’un seul vignoble. Peut-être plus puristes, les œnologues montréalais se sont montrés moins indulgents à son égard. En revanche, ils ont manifesté une plus grande tolérance dans leur perception des défauts d’autres vins dégustés, notamment sur le plan de l’arôme. » 

À son avis, la divergence des opinions sur l’Apothic Red 2015 reflète les visions différentes qu’ont l’Ancien Monde et le Nouveau Monde de la tradition viticole. Elle s’expliquerait aussi par l’ancrage géographique et la formation œnologique. 

« La sensibilisation aux différences en matière de formation et d’évaluation sensorielle, ainsi qu’aux préférences qui en découlent chez les consommateurs, s’avère essentielle à la commercialisation des vins, notamment pour mieux cibler leur distribution et leur vente directe », conclut la Pre Grohmann.

La présente étude a reçu l’appui du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

 

Lisez le compte rendu intégral de l’étude : Wine quality and sensory assessments: do distinct local groups of wine experts differ?.

 

Contact

Patrick Lejtenyi
Conseiller Affaires publiques 
514 848-2424, poste 5068 
patrick.lejtenyi@concordia.ca
@ConcordiaUnews



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